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 days of future past (markvart)
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Sujet: days of future past (markvart)   days of future past (markvart) Empty- Mer 8 Mar - 1:27


days of future past

Markvart & Verdandi

« Selon ta volonté, Odinn, père des dieux, je vais raconter les anciens récits des hommes, les plus anciens que je me rappelle. » C’était toujours avec cette formule qu’elle commençait son récit, depuis plusieurs années déjà. Des conteurs antiques auraient appelé ça une captatio benevolentiæ, elle considérait que c’était simplement rendre à Odin et aux autres dieux ce qui était à eux. Elle était assise en tailleur sur un coussin en cuir devant un feu, à Solstheim, et les flammes vacillaient au gré du vent qui soufflait par moments. La conteuse qui avait choisi un nouveau nom en quittant Skogen avait fait du chemin pour arriver jusqu’à la capitale, première étape d’un voyage qui ne s’arrêterait qu’avec sa mort. Autour d’elle, plusieurs personnes, certaines assises, d’autres debout, bras croisés, jonglant d’une jambe à l’autre dans une position peu confortable, mais qu’ils oubliaient grâce au pouvoir des mots.

La Rouge avait pris l’habitude de se poser au sein de la ville basse. L’atmosphère y était peut-être plus aisée à respirer, parmi les gens du peuple qui ne lui posaient que des questions qu’elle pouvait détourner aussitôt, en enchaînant avec une autre histoire. Le jour, elle déambulait, écoutait les habitants lui retracer leur existence qui leur paraissait si morne, échangeait ces bribes de vie contre des récits de voyage personnels et des souvenirs de Skogen -si lointaine, si mystérieuse. Mais lorsque la nuit tombait, on savait où la trouver, un emplacement où elle reviendrait à chaque passage dans la capitale, d’ailleurs. Progressivement, son auditoire avait augmenté, et elle devait trouver des mythes à enjoliver, et à apprendre par cœur, au risque de lasser le public.
Oh, fort heureusement, ils avaient trouvé leurs récits préférés, et certains voulant encore rester un peu à se laisser bercer par sa voix réclamaient ce qui deviendrait des classiques par la suite. Yggdrasil venait d’y passer, et ses filles les Nornes d’apparaître (des rires avaient accueilli la mention de Verdandi tandis qu’un sourire complice était passé sur le visage de la récitante), qu’on lui demandait la vie de Baldr le Bien-Aimé de tous.

Une gorgée de björr plus tard, la conteuse s’humectait les lèvres et reprenait le fil de son récit, enchaînant naturellement les épisodes comme si cela avait été prévu depuis la nuit des temps.  « Les trois filles d’Yggdrasil ont fixé les vies des hommes, le destin des mortels… Et n’ont hélas rien pu faire pour contrer celui qui avait été tracé pour Baldr. » Murmures d’approbation. Elle poursuivit sans attendre plus. « Fils d’Odinn et de Frigg, époux de Nanna, père de Forseti, Baldr le Bon vivait dans une contrée d’où le mal était banni. Une nuit, il se mit à faire des rêves sinistres sur sa propre mort. Loin d’être habituelle, la répétition d’un tel phénomène effraya ses semblables et son père se rendit en Niflheim pour consulter une défunte prophétesse. » Un temps. Ils connaissaient déjà tous le récit pour la plupart. « La sentence sans appel mortifia le père et la mère du Lumineux, mais Frigg la tendre ne voulut pas rendre les armes aussitôt. Elle partit alors faire jurer à tous les éléments, minéraux, végétaux, animaux de la création que jamais ils ne feraient de mal à Baldr. » Cette histoire l’avait toujours fascinée : l’amour inconditionnel d’une mère qui avait fait tout ce qu’elle pouvait pour son fils, mais avait négligé une fine branche de gui, trop jeune et trop frêle pour qu’elle puisse la craindre responsable de malice future ; la jalousie maladive d’un frère mal-aimé ; la confiance aveugle d’un autre… Tandis qu’elle poursuivait son récit, elle scrutait les visages de ses ouailles, captivés par le récit, certains endormis. Elle ravivait le feu en remuant les braises à l’aide d’un bâton, éclairant son visage de lueurs rougeâtres. « La lance de gui arma le bras de Höd, le dieu aveugle, et le malheureux Loki guida ce bras qui tuerait leur frère. » La lance qui part, le bois qui frappe le corps de Baldr, pourtant invulnérable aux coups et aux autres projectiles faits de matériaux qui avaient juré de ne jamais blesser le fils d’Odin et Frigg.
Le frappe et le tue.

Un frisson dans l’assistance à cette mention, des yeux brillants tandis que l’originaire de Skogen contait la descente d’Hermod en Helheim pour prier Hel de leur restituer Baldr contre une rançon, puis les funérailles, où Nanna, la femme de Baldr, mourut de chagrin et finit sur le même bûcher funéraire que son époux. « Hel proposa un marché : que tous pleurent Baldr et il serait libre de retrouver Asgard. Qu’un seul objet refuse de verser une larme, et il resterait à jamais dans son royaume. » Tous connaissaient l’histoire, mais tous attendaient une fin heureuse peut-être. Une brise s’était levée et soufflait vers l’intérieur des terres, couchant les flammes les plus hautes et donnant un air sinistre à la mine grave de la voyageuse. « Des messages furent envoyés aux quatre coins de l’univers, dans les neuf royaumes, demandant à chaque chose de pleurer le Lumineux. Tous le firent… sauf une géante nommée Thokk, condamnant Baldr à poursuivre son existence en Hel jusqu’au Crépuscule du monde. » Le Ragnarök, ce moment qu’elle préférait raconter depuis toujours, mais qu’elle espérait sincèrement ne jamais connaître. « L’on dit, l’on murmure, que Thokk n’était que le fourbe dieu de la discorde, Loki, encore une fois grimé pour nuire. Le châtiment ne tarda pas à le frapper, tandis qu’il s’était réfugié sur une montagne. Enchaîné dans une grotte, brûlé par le venin d’un serpent le surplombant, il resterait ainsi avec pour toute compagnie son épouse dévouée, et ce jusqu’aux trois hivers successifs sans soleil. » Le Ragnarök, encore une fois. Bizarrement, ce récit la fascinait mais glaçait ses concitoyens en un sens. Elle ramassa une poignée de terre sèche et la versa sur le feu, l’éteignant ainsi et signifiant que l’heure n’était plus aux mythes pour la nuit. Et tandis qu’elle fourrait le coussin en cuir défraîchi dans son sac en toile de jute, les convives prirent congé, certains la saluant, d’autres soutenant un camarade assoupi… Et une silhouette restant en arrière, attirant le regard et l’attention de la jeune femme, alors qu'il n'y avait plus que la lune qui les éclairait. Lâchant le sac qui glissa au sol, la voyageuse restait prudente, prête à dégainer sa lame si l’homme s’approchait trop pour qu’elle soit à l’aise. « Oui ? »
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Sujet: Re: days of future past (markvart)   days of future past (markvart) Empty- Jeu 9 Mar - 20:57

— days of future past —

778, le quinze d’Haustmánuðr

R
eposant sur l’horizon plat, des gueules cyclopéennes pourfendent l’embrun en vociférant leurs cris silencieux. Ces cabèches de dragons ont si bien été doguées par les vagues extrinsèques que leur bois a coffré le pigment des abysses dans chacune de ses cannelures. Ébaubi par la vision, un olifant brame subitement son chant qui, sitôt claironné, attroupe sur la jetée des dizaines de musards à l’ébullition gagnée. Chalands, artisans, marchands, larrons et aigrefins, barbons, jeunes, femmes et hommes, tous cabrent leurs mirettes vers la flottille de langskip battant les flots quiets du port de Solstheim. À la tête de l’escadron, la voile aux couleurs des Lund bombe sa toile avec orgueil. Ils sont rentrés !, clame untel, égayé face au mirage, bientôt suivi par d’autres hourvaris émouvant la masse plébéienne qui se réjouit de conserve. Des momichons à peine plus hauts qu’un gabion pointent sur les monstres marins des doigts inquiets, tandis que leur bobine trahit l’enchantement qu’ont les enfants du peuple norrois dès lors qu’à leur nase souffle le parfum des victoires guerrières. L’un d’eux grimpe sur les épaules d’un oncle et étouffe un piaillement que ses lippes relaxent. C’est le prince ! À bord du léviathan faséyé, la silhouette du Successeur, d’ores et déjà édifiée pour et par les batailles, fait front à sa citadelle ; le crépuscule la noie dans un ciel flamboyant et triomphal, comme si l’astre épris jetait ses rais dans l’espoir de l’étreindre une dernière fois avant que Sköll et Hati n’hâtent ses adieux. Les babines hirsutes de Markvart claquent un sourire oblique, pas moins adulateur que ne peut l’être le soleil à l’endroit de la capitale. Enfin.

L’audience avec son père le roi a relayé sans grande promptitude le bain de cohue. Les réunions affétées dans la salle du trône ne sont pas de ces plaisirs dont il pourrait targuer sa précellence, contrairement au baptême des sens dans lequel le plonge la populace à chacun de ses retours – ce peuple aimé avec autant de tendresse qu’il ne chérit la chair de sa chair a de tous temps remporté la fièvre de ses passions que le palais laisse, lui, indifférente. Nordahl a fait montre d’une gravité tout à fait singulière en entendant les récits de l’Infant, un flegme tout juste ébréché lorsque dans le dos du belliciste se sont mis à défiler les abondantes prises matérielles et humaines brigandées par l’escadre. Un mal ronge le monarque, la déliquescence d’un esprit jadis vif et prisable qui aujourd’hui exhale l’amertume des souffrances. Plus rien ne complait l’aigreur du souffreteux quidam, surtout pas l’empyreume des gloires martiales rapportées jusqu’à ses pieds que la vétusté rend gourds. Aucun guerroyeur ne devrait jamais vieillir. L’opprobre du déclin défigure le masque prodigieux et non moins friable de sa dignité. C’est sans un mot qu’ils se sont donc quittés, puisqu’aucun verbe n’existera jamais pour panser l’affront dont se sent victime l’âme élégiaque des vieillards. Au sortir de la salle, une créature courtaude galope dans la gallérie pour rejoindre ses pas immenses avant d’achopper son gabarit d’avorton contre jambe gauche. Pareil heurt fait sourciller le colosse qui incline son faciès hispide et pouacre. « Ah ! Mon fils ! » Tout de go empoigné par le col de ses nippes et hissé dans les airs, Detelf enroule ses menottes contre le poignet puissant du paternel qui l’examine à hauteur d’yeux tandis que ballotent les petons dans le vide. « As-tu grandi, mh ? » L’enfançon est pris d’une panique candide qui le fait acquiescer avec véhémence. « Tu n’es pas bien épais, pour un prétendu gaillard. Je te hisse avec autant d’aisance que je ne soulève ta sœur ! » La progéniture froisse de la truffe en soutenant mordicus l’acier du fauve. « Elle est aussi petite et moche que Ratatosk ! 'pis elle bave, et elle crie, alors que moi ! J’ai poussé ! Et j’aide maman ! Oncle Bertil, il m’a offert une épée pour que je les protège en ton absence ! Bon, elle est en bois… mais… » Le poitrail ronfle un rire franc. « Par les génitoires de Surt, ton verbiage ferait blêmir d’envie ce bon vieux Bragi ! » Et de reposer la garçon tout juste âgé de trois hivers avant de lui écheveler sa tignasse mordorée. « Et où est-elle donc, ta mère ? J’ai fort à lui dire. » À lui faire, semblent à contrario gouailler les orbes de l’époux dans lesquels passe l’érotisme claquedent du mâle. Le rejeton va pour rétorquer mais une carrure est vomie par les ombres de la galerie, pognes croisées sous une toge oblongue qui donne à l’olibrius un air spectral. « Altesse… » Le susnommé reconnaît sans peine son sycophante. « Gustaf. » Sa dextre appuie sur l’occiput du gamin et le repousse avec cette tendreté rude typique chez le pater. « La diseuse. Elle est en ville. » La course de Detelf résonne sous voussures comme le prince branle du chef. « Bien. »

* * *


La sorgue s’est écroulée sur les rutilants pavements et ne perdure plus de la nitescence ignée que les feux essaimés dans les venelles de la ville. La Bondi, quant à elle, vient d’éteindre le brasier de ses fables et de sa fournaise en congédiant son parterre d’idolâtres. En retrait, épaule croulée contre la poutre d’une mansarde, Markvart épie la sylphide que l’écarlate drape dans son entièreté. On croirait voir une chimère amnistiée par le Helheim. Elle ne tarde pas à le repérer comme souhaité, dardant sur lui une circonspection des plus légitimes. Un faquin qui vous lorgne de la sorte, mussé sous capuche, ne doit point être quelque enchanteresse vision pour une femme de cet acabit. Tant mieux. Il la veut en émois pour mieux prospecter sa valeur. « Tu as un talent inné pour conter les tragédies. » Le labre élime une risette discrète. « Mais à force de narrer le Ragnarök, tu vas finir par l’invoquer. » Ses bras, nonchalamment croisés, se meuvent en ébranlant les épaules massives de l’inconnu ; à sa taille, un poignard de facture modeste brille sous les étoiles. « Et j’aimerais mieux profiter encore un peu du festin qu’est la vie, si ça ne te fait rien ! » Notifiant les œillades lancées à sa lame, il s’en désarme et la jette non loin des brandons ignescents. « Paix, l’amie. Je ne suis venu te causer aucun malheur. Figure-toi que ma sœur compte parmi tes plus fervents louangeurs, à l’en croire, Odin en personne soufflerait à ton oreille les secrets du monde. Fabulerait-elle ? » Sera-t-elle capable de le percer, ce secret-ci, qu’en face d’elle se tient, et si les dieux le veulent, le futur Konungr de Norvège ?


Dernière édition par Markvart Lund le Mar 14 Mar - 18:14, édité 1 fois
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Sujet: Re: days of future past (markvart)   days of future past (markvart) Empty- Ven 10 Mar - 2:09


days of future past

Markvart & Verdandi
La silhouette encapuchonnée dérobe son visage aux orbes de la conteuse qui le scrute et tente d’en déceler sinon l’identité, du moins l’allégeance. Méfiante à l’égard des hommes, quoiqu’ayant appris à manier une courte lame, elle craint encore, malheureusement et ce malgré la décision de justice, qu’un camarade de celui qui a péri par son coutelas ne vienne lui chercher querelle. On ne sait jamais dans ce monde. La vieille Völva de Skogen lui a assuré qu’il n’en serait rien, mais quelque part, une portion de son âme en éveil lui susurre qu’à chaque coin de ruelle, à chaque nouvelle escale, il peut y avoir une menace. C’est peut-être pour cela encore qu’elle regarde à chaque instant où elle se pense seule, par dessus son épaule, craignant d’être suivie par quiconque. Il n’y a peut-être encore paradoxalement que dans les bois où elle se sent pleinement en sécurité, sous la protection directe des Ases qui veillent sur les forêts.
Pour l’heure pourtant, c’est à Solstheim qu’elle est, prise au piège presque, par un inconnu qui n’a pas la courtoisie de se présenter, mais laisse sourdre menaces à peine voilées sous de fausses flatteries. Les pupilles s’étrécissent alors que la Rouge fronce les sourcils et repère (tandis qu’il décroise les bras) l’éclat d’une lame qui ne lui inspire rien de bon. Le type est bien plus costaud qu’elle, et elle ne sait s’il est soldat ou mercenaire -ou peut-être bien bûcheron pour ce qu’elle en sait. Quoiqu’il a le verbe plutôt bien maîtrisé, et la voix empreinte d’une autorité naturelle. Soldat, ou officier. Ou bien chef d’une bande de gros bras. On revient toujours à l’hésitation fondamentale : ami ou ennemi ?

L’énigme se délie lentement mais rien n’indique encore à la conteuse l’origine du potentiel malfrat. Elle reste là, les braises recouvertes de terre entre eux, la lame du mâle lancée non loin. Le visage fermé, elle esquisse un coup d’œil à son propre côté droit, comme pour se rassurer par une œillade que son arme est bien là. C’est qu’elle s’est presque habituée au poids de la lame sur sa hanche qu’elle ne la sent pratiquement plus, depuis le jour où Leif a mis un poinçon dans sa paume et qu’Esben lui a appris à frapper d’estoc. Son trouble est plus grand qu’elle ne voudrait le laisser paraître et son inconfort se lit probablement sinon sur son visage caché aux rayons de lune, au moins dans son attitude et ses infimes gestes qui se retiennent. Le voilà qui semble vouloir la rassurer sur ses intentions : « Paix, l’amie. Je ne suis venu te causer aucun malheur. Figure-toi que ma sœur compte parmi tes plus fervents louangeurs, à l’en croire, Odin en personne soufflerait à ton oreille les secrets du monde. Fabulerait-elle ? » Un instant décontenancée, Verdandi reste bouche légèrement entrouverte, comme pour parler, mais sans savoir quoi dire. Celle qui se joue des mots lorsque vient le moment de raconter les exploits des Ases et des Héros, se trouve muette face à un compliment pareil.
Oui, c’est bien à elle qu’on s’adresse.
Se reprenant, elle retrouve ses esprits et sa voix. « Ma foi, je crois que ça n’est pas à moi d’en juger, mais aux Ases eux-mêmes. » Sous-entendu, s’ils appréciaient moyen, ils se seraient débarrassés de moi et m’auraient probablement précipitée en Helheim en deux secondes. « Ou bien peut-être à toi, puisqu’il me semble que tu étais dans l’assistance avant de m’aborder ? » Passant la cape sur son dos, elle quitte la posture défensive qu’elle avait progressivement adoptée et elle s’approche, lentement, croisant bientôt les bras tout en restant à une distance raisonnable. C’est qu’avec cette maudite capuche et un éclairage lunaire quasi vertical, elle ne peut distinguer des traits de son interlocuteur que le bas du visage barbu. Le seul indice qu’il a daigné lui donner est cette mention d’une sœur, or Verdandi a plusieurs gamines dans son assistance, qui varient au gré des journées, et ont grandi depuis son premier passage déjà.

Qu’importe la sœur, tant qu’elle ne distingue aucun visage, elle n’arrivera probablement pas à faire le lien. Alors, tout en foulant d’un pied chaussé la terre meuble qu’elle repousse encore un peu vers l’ancien feu, elle essaie de mettre bout à bout ce qu’elle a déjà comme éléments, qu’ils viennent de l’homme, comme d’ailleurs, le regard faisant l’aller-retour du rusé au sol. Et s’interrogeant sur la raison qui pousse l’homme à ne venir la jauger que maintenant, elle envisage un retour récent en ville, alors qu’elle doit être elle-même revenue à Solstheim depuis un mois environ. Qui es-tu ?, semblent demander les prunelles azuréennes dardées sur l’anonyme. Encore bercée par la vie de Baldr, elle songe à Loki, grimé pour ses mauvais coups et se fige un instant. « Odin ne me murmure peut-être pas les secrets du monde, comme Hugin et Munin le font pour lui, mais les hommes et les femmes que je croise parlent assez pour me tenir informée. » Assez en tout cas pour qu’elle sache qu’un navire est entré au port plus tôt dans la journée, et pour supposer que l’inconnu faisait partie de l’équipage, poussé par le vent gonflant des voiles aux armes de la famille régnante. Un soldat, ou un marin. Avec une sœur faisant partie de ses ouailles quasi-quotidiennes. Un port charismatique, quoiqu’une tête couverte et dissimulée. Si elle additionne tout…
« Par les couilles d’Odin. » Un juron lui échappe, murmuré tout bas, alors que la conteuse comprend face à qui elle se trouve, dévisageant le non-nommé. Le corps de la Rouge se raidit, se tenant plus droite, comme au garde-à-vous (imitant en cela une posture qu’elle n’a jamais vraiment eu à adopter). Elle ne s’incline pas non plus : s’il est ici dissimulé, un mouvement pareil pourrait le dévoiler, ce qu’elle ne pense pas être en droit de faire. À peine si elle sait désormais comment s’adresser à lui. Un pas en arrière, toujours tendue. « Pourquoi venir ici ? Je doute que de simples légendes justifient une telle descente en ces lieux. » Oh, elle se méfie de nouveau, oui. Mais elle sait à quoi s'en tenir désormais : point de mercenaire face à elle, sinon un patriote entièrement dévoué au royaume qui sera prochainement le sien propre.
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Sujet: Re: days of future past (markvart)   days of future past (markvart) Empty- Sam 11 Mar - 0:58

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778, le quinze d’Haustmánuðr

P
reuve lui est bientôt faite que son interlocutrice ne manque d’aucune acuité. Ça se formule au jargon des rotures fangeuses en démolissant le quant-à-soi de la rubescente madone, arrachant à la mâchoire seigneuriale une risette qui se serait très certainement esclaffée, si le décorum de la discrétion n’avait pas godaillé de dégoût face à cette simple idée. La Conteuse ne manque pas d’authenticité, exilant loin la cautèle circonvenue des bonisseurs lambinant à la cour et dont l’héritier tient en horreur les simagrées. Spontanée, mais subtile. En dehors de la roideur engourdissant subito les vals du corps féminin, aucun égard révérencieux ne lui est décoché respectant de fait l’anonymat de son irruption en la basse-ville – à moins que la vénusté ne soit d’un sans-gêne cavalier, hypothèse à ne pas écarter. « Ne suis-je pas ici chez moi ? N’ai-je pas le droit d’aller où bon me semble dans la matrice de mon destin ? » Une roguerie fort peu sérieuse, si l’on en croit l’amusement gondolant une fois de plus sa sienne commissure, lors même qu’il quitte l’épaulement de fortune pour amorcer quelques pas autour de la Rouge. « Des prétextes bien plus banals que ta rencontre m’ont déjà conduit dans la ventraille de Solstheim, ne t'imagine pas que l’on se réfugie tous dans les hauteurs impériales du palace. De qui crois-tu que Moira tient sa bougeotte ? » Le nom de la puînée roule affectueusement contre le palais de son frère. Ce myocarde-là bat plus que de raison pour l’étincelante enfant que le prince irait, à l’égal d’Hermod, chercher jusqu’aux enfers si le fatum s’osait à la lui ravir. Il s’immobilise, jetant sur les faîtages alentours que la lune berce un regard absorbé. « Hugin et Munin ne te marmottent peut-être pas leurs croassements, mais les midgardiens, eux, doivent si bien bavasser à tes esgourdes que le royaume n’a plus pour toi aucun secret. » Et d’ajouter, vrillant vers la sylphide son faciès et sourcillant. « En tout cas t’en occulte-t-il moins qu’il ne peut en soustraire à la première canaille foulant son terroir. » Ne l’a-t-elle pas avoué d’elle-même ? C’est un fait. Elle est informée. Et le plus beau dans tout cela, c’est qu’elle n’a même pas conscience du trône d’escient sur lequel elle siège en reine ; on le lui aurait soufflé, sinon, on lui aurait dit de prendre garde à le rougeoyante épieuse venue du nord. Car c’est bien de cette contrée-ci que la diseuse vient, n’en déplaise à son identité fallacieuse. Quelques foulées quiètes le rapprochent de sa dague qu’il récupère et rengaine maintenant que les présentations sont, plus ou moins dignement, faites. « Marchons. » La prééminence naturelle du Lund ronronne dans son poitrail sans grand étalage de force, exhortant sans contraindre véritablement la Bondi à le suivre dans les venelles dédaléennes.  

En cheminant, un silence pacifiste s’est installé pour laisser à la prétendue Manirodinn le soin de s’acclimater au huis-clos saugrenu – ou pour la faire mariner encore un peu, nul ne saurait dire. Sentant que le labre charnu s’élonge pour articuler quelque chose, il la coupe avec une scrupuleuse aisance. « Silja, c’est bien ça ? » C’est bien ça, gueulent les ridules étourdies que les ténèbres s’efforcent malhabilement de lui musser. Il ne lui laisse aucun répit et, d’estoc, son verbe frappe. « Je te préfère Verdandi. Tu conviendras que pour une anecdotière, le symbolisme est plus juste. » Et si d’aveugle l’on baptisa autrefois sa personne, il ne fait aucun doute que de surdité les démiurges l’épargnèrent. Fort heureusement pour elle, oui, oui, certes, mais avant tout ; fort heureusement pour lui. Il n’aurait eu que faire d’une espionne sourde, à moins de la rendre imperméable au regard d’autrui pour la glisser dans l’ombre de ses ennemis – et amis, nul n’étant épargné sur l’échiquier de sa politique. « Tous ne sont pas de cet avis. Les frères de Thorolf Sigvaldson, par exemple, tueraient pour que tu n’aies au grand jamais troqué ton patronyme pour cette oriflamme de liberté. » Engagés dans l’étroitesse d’une artère obombrée, il fait halte et dévoile placidement son portrait jusqu’ici celé. Mis à nus, ses traits fermes et pugnaces ébruitent la menace sous-jacente sans faire montre toutefois d’une inimité quelconque. Sa carrure a d’ailleurs pris une distance pour le moins probe, signifiant par là même une décence accordée à la femme jadis abusée. Il n’est clairement pas là pour se jouer du drame l’ayant accablée. Juste pour en user à son avantage. « L’opinion que ces enquilleurs de chèvres entretiennent à ton endroit m’est pour l’instant égal. Ça ne me ferait ni chaud ni froid, qu’ils te retrouvent un jour et te fassent part de leur très vif sentiment. Par contre, » sans ciller, les orbes lagunaires de Markvart sondent leurs homonymes, « je risque d’être extrêmement regardant sur leur cas, si jamais toi et moi nouons une quelconque sympathie. De préférence informative. »


Dernière édition par Markvart Lund le Mar 14 Mar - 18:17, édité 2 fois
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Sujet: Re: days of future past (markvart)   days of future past (markvart) Empty- Sam 11 Mar - 22:45


days of future past

Markvart & Verdandi
L’héritier ne semble pas se froisser de l’absence de révérence ou de marque de soumission quelconque. En même temps, ça prouve que ce qu’elle a compris pour une volonté de discrétion est bien ce qu’elle a interprété. Elle hoche la tête, l’air entendu, tandis qu’il la détrompe sur le potentiel caractère exceptionnel de sa descente dans la ville basse. Le nom de la sœur reste en suspens un temps, dans l’air, comme si le temps s’était arrêté, et elle comprend ce que l’enfant n’avait voulu lui révéler : sa haute naissance, et l’interdit probable qu’elle bravait pour venir l’écouter. L’information se range dans un coin de son esprit, pour ressortir plus tard, en d’autres heures. Pour l’instant, les tenants et les aboutissants de l’affaire se mettent en place, progressivement, tandis qu’il laisse entendre que ce n’est pas ce qu’elle récite qui l’intéresse, mais plutôt ce qu’elle a le bonheur d’engranger dans sa mémoire comme informations actuelles. Emboîtant le pas au futur monarque, elle le suit par les ruelles de la capitale ainsi qu’il l’y invite, ramassant son baluchon et le coinçant sous son bras, emportant par la même toute trace de son passage en ces lieux.
Le temps qu’elle s’habitue à cet entre-deux pour le moins imprévisible et inhabituel, la conteuse a eu la possibilité de chercher à savoir ce qui pouvait réellement provoquer un intérêt chez le jeune homme quelques pas devant elle. Des informations, ça, elle l’a bien compris. Mais alors qu’elle va pour relancer le dialogue et s’enquérir de la nature des informations, il l’interrompt d’une bien cavalière manière, qui lui coupe et la chique, et le souffle. Qu’est-ce que—, pense-t-elle alors que son corps entier la trahit à ce nom effacé, disparu, renié. Pas le temps d’éructer une dénégation défensive, il a déjà fermé le verrou qui retient la chaîne. Forcée au silence, elle a cessé d’avancer avec nonchalance et poursuit sa route dans les pas du Storbondi, les lèvres pincées, le regard glacé planté sur le dos du prince. Elle se méfie, elle ne joue pas, elle ne joue plus, et elle pose chacun de ses pas avec prudence, comme sur un nid de vipères. Le labyrinthe se referme autour d’elle, et avec lui, les chimères d’une menace qu’elle pensait avoir mis derrière elle.

Le nom honni couplé à un certain verbe lui glacent le sang, tandis que la jeune femme se fait une raison en silence. Si on la cherche, de toute façon, on peut retrouver sa trace en suivant son nom de famille, mais encore faut-il avoir du temps à perdre. Elle sait bien qu’un prénom n’est qu’un maigre rempart contre les assauts annoncés des familiers de l’occis. Elle aurait tout changé si elle avait réellement voulu ne plus être rattrapable. Mais la loi est de son côté, la loi, les Ases, les dires de la völva. Un lögsögumad confirmerait tout cela et rendrait illégale la vengeance secondaire, si elle venait à se perpétrer. Mais ça n’empêchera probablement pas des haineux de poursuivre cette quête. C’est la conclusion qu’elle fait tandis que le futur Konungr l’entraîne dans une allée qui se resserre en entonnoir et s’arrête pour lui faire face.
Sur le visage de la rousse (de la rouge), la peur ne s’est pas permis de tracer des ridules. Elle reste stoïque, l’œil dur, la mâchoire crispée. Elle n’est pas partie pour échapper à ces hommes de peu de foi, mais pour échapper à ce stigmate surtout. Arrêter de n’être que celle qui a été violée et qui s’est vengée. Raconter d’autres histoires, pour qu’on cesse de lui parler de la sienne propre. Retourner le sablier et étendre le temps, étendre sa vie, à d’autres ères, d’autres contrées, d’autres mondes. En vain, apparemment, puisque les informateurs princiers ont su retrouver sa trace et remonter le fleuve de son existence. Sans s’en rendre compte, elle respire mieux avec l’écart instauré par le presque monarque : elle prend ça, à l’instant, pour une manœuvre nobiliaire, et moins pour une marque d’attention, trop méfiante pour l’heure, trop prudente, prête à lâcher son baluchon et mettre les voiles la lame à la main s’il le faut. Coup d’œil par dessus son épaule, aucun faquin ou garde harnaché ne vient clore l’allée et lui bloquer l’issue. Elle revient à son interlocuteur qui précise ses intentions et dévoile à la fois son vrai visage et ses attentes spécifiques. « L’opinion que ces enquilleurs de chèvres entretiennent à ton endroit m’est pour l’instant égal. Ça ne me ferait ni chaud ni froid, qu’ils te retrouvent un jour et te fassent part de leur très vif sentiment. Par contre, » le bleu de la mer contre le bleu du fleuve glacé, la mâchoire qui se serre inconsciemment, tandis qu’elle reste immobile « je risque d’être extrêmement regardant sur leur cas, si jamais toi et moi nouons une quelconque sympathie. De préférence informative. »

Elle cille. Une fois. Deux fois. Le fixe toujours intensément, droit dans les yeux, comme pour sonder son âme et son cœur. Doit-être prêter foi à de telles paroles ? Peut-elle seulement y croire ? Elle évalue ses chances d’y passer dans les deux cas, qui sont soudainement bien moins grandes s’il lui accorde effectivement protection. Mais hors de question de sceller l’affaire sans y réfléchir et sans avoir des satanées garanties. Elle n’est plus de celles qui sont entraînées contre leur gré dans une histoire dont elles ne voulaient pas faire partie, plus jamais, s’est-elle jurée et a-t-elle aussi juré à Freyja tandis qu’elle usait de sa lame pour trancher les attributs masculins du corps éventré, ensanglanté et lardé de coups de poignard. Elle choisit ses mots soigneusement : « Sauf respect, qu’est-ce qui me prouve que je ne vais pas me faire doubler ? » Ni tu, ni vous. Elle n’ose manquer ni de déférence, ni de discrétion. « La promesse est belle, mais il me faudrait encore les savoir tous morts pour y croire. » Elle n’y va pas de main morte, il faut le reconnaître, et n’a pas froid aux yeux pour exiger pareille garantie. Oh, elle pourrait paraître présomptueuse, mais elle se considère réaliste. Tant qu’ils respirent, la menace persiste. Trop de légendes laissent la part belle aux promesses, mais révèlent les failles en dedans.

« De surcroît, toute flattée que je suis, j’ai du mal à croire que mes observations soient aussi utiles que cela. » Était-ce un stratagème pour la confondre, simplement ? L’entendre se compromettre ? A-t-elle mis le pied sur une vipère qui l’a mordue en retour ? Verdandi poursuit, histoire de conclure : « Et je sais me défendre, maintenant. » Le sous-entendu renvoyant à un avant, et un après, est évident. Un autre pourrait s’entendre, involontaire, comme une menace sur le prochaine suzerain de Norvège. Elle en prend conscience et ouvre la bouche pour parler, cherche ses mots pour se justifier, histoire de ne pas être accusée de lèse-majesté. « Non je… » Hm. Elle s’interrompt, avant une nouvelle tentative pour renouer le dialogue qu’elle a volontairement fermé un peu brutalement, se résignant finalement à emprunter une voie diplomatique en urgence pour effacer l’éventuel affront involontaire. « Quel genre d’informations faudrait-il rapporter ? » Il se peut que ça ne diffère pas tant que ça de ses observations générales, et que ça ne lui cause que peu d’embarras à récolter. Et, après tout, ça ne lui coûtera probablement pas grand chose, et même si la protection est factice, elle n’a pas grand chose à perdre, si ? Outre sa liberté d’aller et venir à sa guise, potentiellement.
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Sujet: Re: days of future past (markvart)   days of future past (markvart) Empty- Mar 14 Mar - 18:06

— days of future past —

778, le quinze d’Haustmánuðr

C
’est un fait indéniable, lardez quelque animal blessé et il feulera tous crocs saillis. Ne faisant guère exception à la règle, la Conteuse s’encape d’une défiance enhardie qui la fait rognonner et lancer à la sorgue alcyonienne des eustaches de colère. Tout de flegme gréé, l’Altesse évadée mire l’ardeur ébouillanter le faciès féminin en ne ratant aucune syllabe formulée par les lippes pincées. Ce ton que lui crépite la pulpe erratique n’est en rien comparable à celui obséquieux formulé lorsque, sur son insigne passage, les échines s’inclinent. Dire que l’irrévérence de la sylphide est en cela mal dictée qu’elle en oublie sa place serait un doux euphémisme ; pour peu, et elle fâcherait l’héritier de la sacrosainte couronne. Certes. Rien ne gage que la parole du prince vaut, en ce terreau vermineux où les solennités n’ont point leur place, son pesant de droiture. Rien, non plus, ne gage que cet homme, supposé un jour succéder à Nordahl Lund, ait reçu de son lignage quelque noble probité – et ce ne sont certainement pas les balades et contes narrant ses fraîches prouesses qui lui prêteraient une indubitable gracieuseté. La vineuse madone franchit cependant une lisière par-delà laquelle peu s’aventurent, contraignant le masque impérieux à goûter de ces mutités qu’ont les roches assassines ayant décimé des cortèges de nomades sur la Mount Bertha. Il se tait donc, le Storboendr, laissant à la logorrhée de l’autre le soin de sourdre sans qu’il ne lui objecte, par exemple, n’avoir aucun intérêt à occire les frères Sigvaldson. Ce serait s’amputer de la seule clef de voûte corroborant sa mainmise sur elle. Pas de péril, pas de protection. Pas de protection, pas d’arrhes. Une véracité qu’il se garde pour l’heure de rappeler à la Diseuse et qu’il préfère tasser dans le bissac de ses atouts, car voilà qu’en plus d’arguer vertement, elle le menace maintenant. Hargneuse, la typesse. Et en même temps qui l’en blâmerait, cette fleur rubiconde abîmée par la vie, de ne laisser aucun être qui soit la brimer davantage ? L’épouvante savamment camouflée dans le céruléen des mirettes enfiellées trahit les craquelures ondulant dans le myocarde de la martyre, et tempère chez lui la morgue souveraine gîtant sous poitrail.

Lorsque, finalement, elle s’enquiert de la nature qu’aurait sa mission, le fauve rétorque placidement. « Tout ce que tu jugerais utile de me livrer. » La souplesse du labeur devrait réfréner l’acariâtreté de l’épieuse en herbe. Nul besoin de l’effaroucher lorsque l’évidence ronronne en pareil aphorisme. Néanmoins et pour qu’elle ait un layon de desseins sur lequel cheminer, il ajoute. « Me rapporter ce que le bon peuple piaule et que les rumeurs courantes me relatent déjà n’est pas ce que j’appelle être utile, par exemple. » Les poils cuprifères dansottent dans la pénombre comme s’ébranle doucement le portrait. « En revanche, si tu parvenais à moissonner les secrets distendant les consciences et que tu venais m’en révéler la teneur, là, je ne pourrais que saluer ton efficience. Cela vaut également pour les cachoteries me concernant, j’aimerais mieux être parmi les premiers à savoir quelles brèches devoir condamner, de préférence si ces dites brèches ont un nom. » Sur le pavage tangent, quelques pas lourdauds brisent l’occulte conciliabule et obligent le satrape à rabattre l’étoffe sur son chef. Un coup d’œil est glissé vers les hères qui s’éloignent en poursuivant leur flânerie, puis aux orbes de revenir sonder la figure ivoirine. « Il se peut que tu aies à jouer les rodomonts. Ou à essaimer des clabaudages et calomnies sur les sujets ou cibles que je t’indiquerais. Ça n’est pas bien différent des mythes et légendes que tu récites déjà et tu n’aurais à souffrir d’aucunes représailles, toi qui pérégrines sans cesse et fuis l’amarrage. Qui irait reprocher à une inoffensive voyageuse les échos qu’elle charroie avec elle ? » Ce ne sont pas ses espions qui pourraient se vanter d’avoir la crédibilité suffisante pour suggestionner la plèbe, du moins pas aussi adroitement que ne pourrait s’y employer la jeune Bondi au coin de ses feux révérés. Il voit en elle le poison pouvant être distillé dans l’ove des cabales, un noyau pandémique lâché au nez et à la barbe des ennemis de la monarchie – ou des siens propres. Une aubaine qu’il ne veut pas perdre aux bras d’émules potentiels et qu’il est prêt à museler pour ce faire. « Je te laisse le temps d’y réfléchir, si tu le souhaites. Mais, entre nous soit dit, il serait dommage de faire une croix sur notre partenariat. Je n’aurais aucun plaisir à envoyer, dès l’aube, un émissaire informer les Sigvaldson de ta présence ici ou dans chacun de tes points de chute repérés par mes hommes. Non plus à leur offrir cette égide de patronyme derrière laquelle tu te réfugies. » Voilà qui est limpide. Si elle craignait se faire doubler, elle peut dorénavant redouter le pire.
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Sujet: Re: days of future past (markvart)   days of future past (markvart) Empty- Mer 15 Mar - 18:12


days of future past

Markvart & Verdandi
Les Ases lui veulent du bien, songe-t-elle alors que le futur monarque enchaîne sur ses devoirs à venir, comme si elle n’avait pas été à la limite de la décence. Oui, elle a feulé, elle a montré les crocs, elle a oublié sa place et celle de son interlocuteur un moment, mais elle est revenue à elle au moment opportun, avant de franchir un point de non-retour. Et tandis qu’il parle et formule les attentes qu’il aurait à son égard, elle reste muette et enregistre les mots prononcés en hochant la tête par moments. Il veut qu’elle devienne délatrice, ses yeux et ses oreilles, mais aussi la bouche qui pourra diffuser progressivement un venin insidieux et insoupçonné parmi ses ouailles. Quoi de mieux, après tout, qu’avoir recours à une bonimenteuse pour colporter partout des récits galvaudés et biaisés sur d’éventuels ennemis ? Jeune encore, mais déjà méfiante à l’égard du monde, l’originaire de Skogen voit se dessiner un futur fait de toiles d’araignée invisibles, de faux-semblants, de roueries, d’habileté et parfois peut-être d’amusement. L’héritier ne semble envisager qu’elle cesse ses activités itinérantes, même mieux encore, il les loue et les encourage à être poursuivies, puisqu’elles donneront une grande ampleur aux mouvements provoqués progressivement par la récitante.
La morale lui interdirait-elle un tel destin ? À Silja, probablement. Une brave jeune fille, éduquée dans le respect et la bonté, ayant appris à connaître ses compatriotes de Skogen, à ne se méfier pas vraiment -pas assez. Sigvaldson a veillé à mettre un terme à pareil comportement. De lumineuse, la rouquine est devenue sombre, d’ouverte - renfermée, de généreuse - égoïste. Elle ne doit rien à personne, considère-t-elle, à part le respect à certaines personnes hiérarchiquement plus hautes qu’elle dans la société, et la gratitude et l’amour fraternel à ses proches qu’elle ne revoit plus très souvent. Les Dieux ne semblent guère prendre ombrage à ce revirement de caractère. Elle réfléchit à la proposition, mais c’est peut-être plus au sujet de ses propres capacités à réaliser ce tour de force, qu’à celui de considérations morales… Mais le temps du silence est probablement passé, puisque le Lund rubicond reprend alors qu’elle est restée muette à ses précisions, pour faire rejaillir cette menace qu’une sotte même n’aurait pas pu oublier. Au tour de la conteuse d’être vexée par la verbalisation aussi agressive d’un pareil châtiment. Elle est bien consciente qu’elle est pieds et poings liés par cette promesse d’expédition en Hel qui plane au dessus de sa tête. Il serait « dommage » de faire une croix sur le partenariat qu’il propose. Dommage. Dommage pour lui, mortel pour elle, plutôt, non ? Certes, l’émissaire mettrait deux bons jours à cheval pour relier la capitale à ce village perdu au nord de la région. Seulement deux jours, qui pourraient lui permettre de disparaître sans demander son reste.

Oui mais.
Il en va de la tranquillité d’esprit de Verdandi, qui a moins quitté Skogen pour fuir ces imbéciles de Sigvaldson, incapables de rentrer dans leur crâne une bonne fois pour toute que leur frère était mort parce qu’il le méritait, que pour laisser l’intégralité de cette affaire derrière elle et reprendre à zéro une vie où on ne la regarderait pas pour ce qu’elle avait subi, mais pour ce qu’elle racontait. La Rouge hésite, à l’instant, entre d’une part envoyer à Jormungand le Storbondi, lui et sa maudite idée d’essayer de lui forcer la main, et d’autre part céder et plaider allégeance puisqu’après tout, ce qu’il lui propose entre parfaitement dans ses cordes et serait bien loin de la scandaliser, elle qui raconte des histoires pour vivre et voyage pour en récolter de nouvelles. Elle voudrait gronder qu’ils peuvent bien venir, qu’elle aura toujours et la loi, et les Ases avec elle. Mais ça ne serait que répondre de façon agressive une nouvelle fois au souvenir, et elle sait qu’il vaut mieux ne pas réitérer l’expérience : la patience pourrait s’en amenuiser. Clamer qu’elle n’a pas peur d’eux, pas vraiment en tout cas, ne serait pas un mensonge, mais ne serait pas la vérité exacte non plus. Alors elle ploie, sinon l’échine, au moins le verbe : « La réflexion est toute faite, le partenariat semble bien plus prometteur et durable que toute autre option. » Oh, elle ne s’en réjouit pas totalement non plus, consciente d’avoir été prise au piège. Son ton est plus doux que les minutes précédentes, elle se résigne à cet arrangement : en d’autres circonstances, elle aurait peut-être apprécié pareille proposition, mais on lui met un couteau sous la gorge et on l’enjoigne à signer avec son sang, alors forcément, c’est tout de suite moins alléchant, comme proposition. « Nul besoin d’envoyer un héraut chez ces charmants personnages. », poursuit-elle. La confiance ira dans les deux sens, mais la menace n’est pas ce qu’elle préfère. Elle voudrait lui demander qui lui a filé le train et qui a fouillé dans son passé ainsi, ne serait-ce que pour savoir. Certes, elle n’a pas caché grand chose, mais pour avoir ce genre d’information, il y a eu enquête, et ça lui déplaît. Et pourtant, elle ne peut défaire ce qui a été fait. Qu’importe.

« Puisse Vár sourire sur ce pacte. », ajoute-t-elle tout en tendant la main ouverte vers son futur commanditaire, s’engageant par ces paroles rituelles à respecter son engagement et ne jamais le rompre, au risque d’être punie par la déesse des mariages, des pactes et des contrats entre êtres libres.
Ce faisant, la servante de Saga va s’en remettre à prier un peu Loki, le père des mille ruses, afin que l’entreprise fonctionne. Oh, ça ne sera pas très dur, pour sûr. Tendre l’oreille n’est pas particulièrement compliqué, et quoi de tel qu’une conteuse pour échanger des histoires ? « J’imagine qu’il va falloir que je fasse mes preuves, peut-être ? » Les rumeurs des rues sont celles qui remontent les plus rapidement au palais, elle a pu le constater, parfois avec la gronde populaire, mais ce que pensent réellement les hommes et femmes libres reste parfois scellé derrière leurs lèvres, elle ne serait pas étonnée d’avoir à prouver sa valeur, même si le simple fait qu’il ait fait enquêter sur elle l’atteste, dans un sens.
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Sujet: Re: days of future past (markvart)   days of future past (markvart) Empty- Dim 26 Mar - 1:02

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778, le quinze d’Haustmánuðr

U
ne babine flanche et découvre l'émail vaurien du prince. Cette réponse lui plaît. En même temps, quel olibrius intelligemment pourvu aurait renié le pacte crénelé par le verbe roublard dans lequel ce squale ondule ? Le traquenard était trop grossier et ostensible pour laisser à la diseuse ce luxe ricaneur qui est, face à un Lund, celui de l'indifférence. Affaire nûment conclue, donc, pétrie par la poigne des deux partis sur lesquels Vár bigle à s'en déjeter la prunelle. C'est qu'elle doit grincer de la mandibule, la déité, pour être de telle sorte invoquée ; dans ce climat d'escobarderie pissant à la raie de ses plus emphatiques principes. Voici qu'on la contraint à filocher une innocente rendue uniquement coupable du crime qu'est la vengeance, pauvrette d'agnelle lynchée par la justice rustaude des sacrosaints phallus. Son employeur, tout sourire, roidit davantage son rictus. « Et que ce varar nous soit pareillement favorable. » Autrement sifflé, et en langage de salaud, est conseillé à la typesse de ne point le décevoir, moins encore de l'entôler. L'autre pogne rejoint celles saisies, aplatie sur leur cime pour en patronner l'alliance — et gerber de sa superbe, entérinant par son poids et force le laïus semé sur labre. Markvart a toujours eu un mal fou à pensionner quidam de sa confiance. Persuadé à l'aube de sa naissance que le plein arpion d'Odin l'avait propulsé dans les mauvaises grâces des Nornes, il s'est accroché à la vie comme un crève-la-faim éperonne autrui pour lui mendier une oeillade. Seul et unique mioche de la fratrie régalienne à ne pas avoir gueulé sa venue dans le Palais Solaire, déboulant comme ça, dans la fange et l'inconfort d'un champ de bataille, son premier parfum inhalé a été celui de la mort rôdaillant dans la hargne morfale, le tout macérant en ce régime d'urgence triviale que l'on nomme survie. À trois piges, le pater grimpait sur trône et binait déjà ses épaules maigrelettes du faix qu'est la succession, gravant sur son faciès de poupon l'honneur fatal et nidoreux de l'apogée. Il a vite saisi que son parcours ici-bas serait une guerre, et qu'on attendrait de lui être un mythe ou un mort — certainement pas un hère tout de chairs, de faiblesses et de vertiges façonné. Les uns allaient le tuer à la tâche, et les autres, inexorablement, ourdir pour que son sépulcre ne le maraude prestement. C'est une pensée qui ne peut décidément mener qu'à la claustration de soi, à l'agnosticisme des autres car les autres sont, de fait, une menace constante. Une fosse denticulée.

Verdandi Manirodinn n'est pas une exception. D'elle, il ne croira que ce qu'il verra, et surtout entendra. D'aucuns usent de leurs ustensiles pour essarter leur champ, pêcher leurs prises, élever leur bétail, tramer leurs tissus, forger le métal, lorsque lui élit pour tout fourniment épieurs et autres sycophantes bouillonnant sa marmitée de secrets. La conteuse n'est nulle autre chose qu'un outil pour ce manoeuvrier affamé de contrôle — prolongation inexorable du pouvoir. Il délie sa carne de celle féminine, puis médite longuement sur l'interrogation posée à brûle-pourpoint. Elle s'est déjà illustrée au jeu des énigmes en le reconnaissant sans peine, et ses oiseaux de malheur lui ont piaillé tout ce qu'il avait besoin de savoir à son endroit mais, par jeu plus que par nécessité, une besogne lui vient à l'esprit. « Eh bien figure-toi que mon frère, Bertil Lund, s'est entiché d'une fille de chef de clan dont il refuse de me livrer le nom. » Vague mensonge. Elle est bien une progéniture à l'insigne lignage, mais guère plus qu'une thraell saxonne. Il se garde bien de le lui préciser. « Crois-bien que les turlupinades sentimentales de mon cadet ont à peu près autant d'importance à mes yeux qu'un draugr n'en a aux mirettes d'une valkyrie. Mais je crains que l'idiot n'engrosse la gamine, ce qui ne ferait pas décolérer notre père le roi même si le trépas venait à le faucher. Découvre de quelle mignonne il s'agit, et lorsque ce sera fait, porte l'information à l'aubergiste du Spriggan Raboteux. » À voir, donc, si elle découvre la véritable identité de l'esclave. « Tu as trois jours pour mener ton enquête. C'est assez, au-delà, les tendrons auront eu le temps de s'encanailler comme de parfaits gorets. » Ce disant, il réprime un rire, car pour lui son puîné n'est encore que ce mouflard piaillard qu'il avait jadis tant coutume d'emmouscailler et d'apeurer à la moindre occasion donnée. Et dire que le fripon dégoise maintenant un phonème de rogomme et que sa queue est en feu ! Le temps passe décidément trop vite. Sa cabèche encapée oscille brièvement, mettant là un terme à leur conciliabule. « Que les dieux te gardent, Tisseuse. Et qu'ils somment aux vents de toujours te ramener auprès de moi. » Il esquisse un départ. Se ravise. « Enfin. Si Halvor, du Spriggan Raboteux, m'assure ton efficience. » Les commissures flambent d'une lueur madrée, et la silhouette rejoint les bras immensurables de la sorgue.

THE END.
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