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| Sujet: Lost on you ~ Karáh - Sam 11 Mar - 21:29 |
| La maison était propre et rangée et Freymar avait depuis longtemps troqué sa cote de maille contre des vêtements plus simples, destinés à l'intérieur et surtout au confort. Perdu dans ses pensées, il observait la lance en bois accrochée à un râtelier de sa propre fabrication, mais sans la voir. Sa science du maniement des armes n'allait certainement pas lui servir ce soir, à moins que la situation ne dégénère drastiquement. Ce soir, Freymar allait recevoir les réponses aux questions que son cœur se posait. Ces réponses viendraient directement des Dieux en personne et seront mises en mots grâce à la Völva royale qui avait accepté de servir d'intermédiaire pour lui.
Lui demander de venir n'avait pas été de tout repos pour son âme, ses rapports avec Karáh Sæther étant quelque peu tendu. Il lui avait fallu ravaler immensément de fierté pour aller lui parler, mais plus encore pour s'adresser à elle avec la déférence et le respect qui lui était dû. Il avait dû réussir malgré l'épreuve néanmoins, puisqu'elle avait accepté très professionnellement de lui accorder ce service.
Que de colère pourtant, bouillonnait entre eux ! Freymar se souvenait parfaitement des raisons responsables de cette inimité. La Völva avait été l'instrument de son déshonneur, de son humiliation même, non pas publique, mais privée, ce qui ne rendait pas la chose moins grave. Alors que leur union semblait bénie par les Dieux qu'elle affectionnait tant, Karáh avait osé le trahir avec un autre. Jamais Freymar n'avait pu se résoudre à le lui pardonner et la rancune qu'il avait tenace s'accrochait à ses chevilles comme chaîne qui l'empêchait de faire le moindre pas dans ce sens.
Néanmoins, Freymar s'inquiétait. Les choses étaient calmes en ce moment et il désespérait d'avoir un jour l'occasion d'accomplir un haut fait qui le rendrait célèbre parmi son peuple et les générations à venir. Il avait besoin de savoir ce que les dieux lui avaient réservé. Pour ça, il avait besoin de Karáh. Karáh qu'il devait donc inviter chez lui. Karáh à qui il devait offrir gîte et couvert en échange des réponses dont il avait besoin. Karáh qu'il évitait de manière systématique au palais lorsqu'il le pouvait.
Les prit agité, le garde royal se leva de la chaise sur laquelle il était assis et commença à parcourir la pièce de long en large, à grandes enjambées rageuses. Trop tard pour reculer ou annuler. Trop fier pour le faire de toute façon. Il allait devoir subir la confrontation et il allait devoir se montrer courtois de peur de récolter une malédiction. À peine cette pensée s'était-elle formulée que des coups furent frappés à la porte. Il passa sa main dans sa courte barbe, puis il se dépêcha d'aller ouvrir.
En découvrant la Völva sur le seuil, Freymar fut une fois de plus forcé de reconnaître que peu importe à quel point il pouvait éprouver de la colère pour cette femme, il ne cesserait jamais tout à fait d'être sous le charme qu'elle dégageait. Utilisait-elle des potions pour cela ? S'aidait-elle de sa magie ? Il n'en savait rien et ça n'était de toute façon pas le point de cette visite.
-Völva, salua-t-il d'un air neutre en s'écartant pour la laissant rentrer. Merci d'avoir accepter ma requête.
Il l'invita à entrer et ferma derrière lui, un peu nerveux à l'idée de ce que les Dieux pourraient lui annoncer au cours de la soirée, mais aussi à propos de la façon dont allait se passer les choses entre lui et la femme qui venait de pénétrer dans sa demeure pour la première fois depuis qu'ils s'était séparés, sept ans plus tôt. |
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - Sam 11 Mar - 22:50 |
| Le fils était en train de s’impatienter, la jeune mère n’avait qu’à tendre l’oreille pour distinguer le souffle rapide de sa progéniture, les coups de talons sur le sol, les mains grattant la table. Elle n’avait pas besoin de voir, la prunelle différente lorgnant deux tissus très différents. La coupe n’était pas la même, pas plus que la couleur. Différentes en tout point. L’une était sobre, de couleur écrue, quand l’autre était bleue, d’allure plus charmeuse. Et pour la première fois depuis des années, la jeune femme hésitait, partagée entre deux émotions fortes, causant des désagréments invisibles à son esprit. Il n’y avait jamais eu qu’une personne capable de lui inspirer un tout et son contraire, un seul homme qu’elle veillait à ne jamais croiser seule, qu’elle fuyait comme l’on détale devant le Mal. « Fënyr, ça suffit… » murmura t’elle, pesant le pour et le contre du port de l’une ou l’autre de ces robes. Assurément, la claire portait sur elle le côté professionnel de son statut. Mais l’autre… L’autre aurait bien plus de chance d’émouvoir la prunelle de celui qu’elle ne voulait pourtant plus voir. N’était-ce pas sottise que d’avoir accepté sa requête ? Elle aurait pu le renvoyer vers l’autre völva de Solstheim, lui signifier l’insolence de sa demande. Mais elle n’avait fait qu’acquiescer alors qu’il était venu frapper à sa porte pour réclamer son aide, pour connaître la parole des dieux, et les projets de ces derniers pour lui. Elle avait refermé la porte, incrédule, et l’était restée depuis.
Les pas franchirent l’entrée de sa chambre, trainants. « Tu m’avais promis… » Oui, elle avait promis à son fils de lui enseigner les rudiments du combat à l’épée. Elle lui avait promis de l’emmener ensuite dans une de ses escapades pour trouver des plantes et lui enseigner son savoir. Mais plus encore, elle avait promis de le protéger lui. « Nous irons… J’aurai juste un peu de retard… » Un silence. « Tu sais bien que je n’ai pas le droit de dire non lorsque l’on me demande d’honorer les dieux. » Et pourtant, comme elle aurait aimé dire non à cet instant. Tournant le visage vers son fils, son sang, sa chair, elle tressaillit, l’espace d’un instant, reconnaissant entre mille cette mine soucieuse, déterminée. N’était-il pas le portrait de Freymar à bien des égards ? Elle craignant chaque jour ce moment où le père qui s’ignorait, observerait de plus près le gamin à la chevelure de corbeau. Traits pour traits, son engeance. Elle n’avait pas eu le courage de venir frapper à sa porte, le ventre rond. Il ne l’aurait jamais cru, trop engoncé dans cette idée sordide qu’un autre était venu ravir son cœur. Elle avait démenti la rumeur, supplié, emporté. Rien n’avait fait. Le géant était trop fier pour y croire, elle n’avait plus jamais voulu le voir. « La bleue. C’est celle qui te va le mieux. » Torpeur écartée, ses prunelles bicolores passèrent de son fils à la robe. C’était exactement celle que Freymar aurait aimé la voir porter aussi. Acquiesçant d’un simple signe de tête, ses phalanges ne mirent pourtant pas bien longtemps pour trouver la tignasse de l’enfant, courant à travers celle-ci. « Va te préparer. Je veille sur grand-mère. » Chanceuse, elle l’était.
Quelques heures plus tard, parfumée par l’eau du bain, habillée en conséquence, elle était partie, ses outils pour le Seiðr. Elle avait revêtue son long manteau noir, et la capuche s’était vue rabattue sur sa longue chevelure d’ébène. Le pas était incertain lui semblait-il, et chaque avancée lui coûtait en courage. Il y avait trop longtemps qu’elle ne s’était pas retrouvée confrontée à l’homme qui lui avait volé son cœur pour mieux le piétiner. La porte de la demeure. Arrivée trop tôt, et aucun courage pour frapper sur la surface de bois. Que les dieux aient pitié d’elle, elle se trouvait trop lâche pour continuer, préférant reculer et rentrer. Un pas en arrière, une brise à contre-sens. Était-ce un signe d’encouragement ? Son poing se retrouva bientôt contre la porte, frappant plusieurs coups, le regard témoignant de l’horreur du geste. Il était trop tard désormais pour faire demi-tour, trop tard pour détourner le regard du visage qui était apparu.
Bien entendu le cœur fit une embardée, trop violente pour qu’il ne l’entende pas cogner contre la paroi de sa chair. Cet homme était à elle autrefois, et son âme considérait que cela serait toujours. Elle n’acquiesça que d’un simple signe de tête, sans se défaire de ce capuchon qui lui semblait-être la meilleure barrière contre le trouble la gagnant. Abaissant la tête, la Völva entra dans la demeure qui aurait put être la sienne. Certaines choses avaient changées de place, mais l’ambiance était toujours la même. C’était son havre de paix autrefois, lorsqu’elle se réfugiait dans les bras du géant. Aujourd’hui, une partie d’elle-même semblait ravie d’être rentrée « à la maison », l’autre ne faisait qu’angoisser à l’idée de demeurer une nuit complète ici. Maintenant, le rituel d’invitation de la völva allait se dérouler, la concernée se laissant guider jusqu’au siège du maître de maison, qu’il avait agrémenté de coussins à son intention. Désormais, elle était maitresse de ce lieu, prenant place avec toute la grâce qui lui avait été inculquée depuis son enfance, abaissant enfin le capuchon, détachant l’agrafe de son long manteau. L’heure des doléances pouvait commencer. « Qu’attends-tu de moi, Freymar Hrorek ? Qu’espères-tu obtenir des dieux ? » commença t’elle, la voix aussi douce que ferme, le regard vairon planté dans celui de l’homme pour qui la völva aurait donné sa vie.
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - Dim 12 Mar - 14:08 |
| Freymar ne la quitta pas des yeux lorsqu'elle s'avança sur le sol de sa maison, se dirigeant directement vers la table qu'il allait leur servir de support pour le rituel. Elle n'avait pas répondu verbalement à sa salutation et si ses joues s'empourprèrent légèrement à cause d'un tempérament trop fort, il resta coi et s'inquiéta de ce que cela signifierait pour la suite. Peut-être aurait-il du demander à l'autre Völva, une inconnue sans aucun passif avec lui et une femme qui ne risquait pas d'attirer sur lui l'opprobre des puissants. D'ailleurs, Freymar ne savait même plus pourquoi c'était vers elle qu'il s'était tourné directement. Le fait était que c'était le cas, désormais il allait devoir poursuivre jusqu'au bout.
La Völva s'assit la première, prenant la place qui revenait habituellement au maître de maison et retira enfin la capuche qui lui dissimulait encore le visage, braquant sur lui ce regard vairon si particulier qui, couplé à la robe qu'il découvrit sous sa cape, lui rendit les mains moites et le regard baladeur. Peut-être se souvenait-elle que le bleu était sa couleur préférée. Sans doute se rappelait-elle les compliments qu'il lui faisait quand elle se paraît d'accessoires de cette couleur, faisant ressortir et tranchant en même temps avec la couleur des yeux qui le fixaient désormais une intensité à nulle autre pareille.
Reprenant ses esprits, le garde royal s'installa en face d'elle, sur un siège toujours plus confortable que cette étrange situation qu'il avait lui-même provoquée. Choisissant ses mots avec soin pour répondre à la question qui lui était adressée, Freymar prit une grande inspiration avant de prendre à nouveau la parole. Le moment de vérité se rapprochait de plus en plus. Bientôt il allait découvrir si son chemin était tout tracé vers la gloire et le Valhalla, ou bien s'il devrait se rebeller contre les Dieux eux-mêmes pour s'emparer de ce qu'il désirait par la force.
-Völva, je souhaite que tu interroges les Dieux pour moi. J'ai besoin de savoir ce que me réserve l'avenir, si mon nom obtiendra la célébrité que j'ambitionne, ou si je sombrerais dans l'oubli après ma mort.
Cette dernière option, il ne saurait l'accepter. Freymar savait déjà qu'il se battrait jusqu'à sa mort pour se rapprocher de son objectif. Il deviendrait un monstre de fureur et de rage jusqu'à laisser son emprunte sur la terre même qu'ils foulaient. S'il avait réussi à en arriver à sa position malgré la compétition avec les autres guerriers de la Svart Brotherhood, il était capable de tout accomplir.
Karáh connaissait déjà ses ambitions et la demande qu'il venait de lui faire ne devait pas l'étonner. Elle savait également à quel point il pouvait devenir aveugle et sourd lorsqu'il fonçait tête baissée pour atteindre ses objectifs. Cependant aujourd'hui, le temps était à la réflexion, à l'analyse. D'abord il devait savoir sur quel chemin les Dieux l'avaient placé, ensuite il verrait si son but était de s'en échapper, ou bien de rester dessus par tous les moyens à sa disposition.
Il pencha sa tête sur le côté pour faire craquer sa nuque, signe évident de sa nervosité et attendit que la Völva fasse son office. Il ne l'avait pas invité pour le plaisir, malgré l'effet qu'elle pouvait encore produire sur lui. Surtout à cause de l'effet qu'elle produisait encore sur lui d'ailleurs. La colère et l'envie ne faisaient jamais bon ménage chez lui, car ces deux émotions étaient bien trop intenses pour cohabiter en lui, malgré la taille conséquente de son être.
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - Dim 12 Mar - 23:13 |
| Assise sur ce siège qui lui semblait aussi inconfortable que la situation, et ce, malgré les coussins placés savamment, Karáh avait porté le regard sur l’homme à la barbe trop courte selon certains critères vikings. Elle avait beau le croiser tous les jours, le fuir dans la même foulée, elle ne pouvait jamais s’empêcher de retracer les contours de son visage. N’en était-elle tombée amoureuse au premier regard ? Il avait prit de l’âge, certes, mais il lui semblait toujours revenir au premier jour de leur rencontre, lorsqu’elle n’était encore qu’innocence et naïveté. La déesse l’avait placée sur sa route, elle lui en serait à jamais reconnaissante, car sans cela, jamais son fils ne serait venu au monde. Mais elle ne savait qui blâmer pour son départ. Devait-elle blâmer un dieu en particulier, ou seulement l’homme pour d’être détourné d’elle ? Devait-elle prier pour son retour, ou conserver sa raison et ne rien imaginer dans ce sens ? La seconde supposition était certainement la plus raisonnable. Pour autant, et pour la première fois depuis des années, la Völva pouvait regarder de face l’homme qui avait trahie son cœur, et se délecter de ses traits, que ses songes retraceraient certainement pour elle dans ses rêves les plus secrets. À en juger par ce même regard qui lui était rendu, elle sut que sa tenue avait fait mouche. Vengeance intérieure esquissant un sourire tout aussi caché.
Quand enfin il vint s’asseoir face à elle, trop proche et pourtant trop loin, la créature retint un souffle. Tout en lui était sujet à ses fantasmes les plus secrets. Pourtant, la docile chercha à conserver son attitude neutre, chassant de sa mémoire les souvenirs les plus inavoués, et l’imagination trop fertile. Elle n’était pas là pour le plaisir, mais parce qu’il voulait des réponses, il voulait qu’elle effectue le rituel du Seiðr. Cela, elle pouvait le faire. On réclamait souvent sa présence pour qu’elle lise le destin façonné par les nornes. Patiente, elle se tut, conservant ses prunelles bicolores sur la fierté masculine, ses ongles frappant lentement contre le bras de son siège, l’ongle claquant lentement contre le bois savamment sculpté. Enfin la sentence, la demande, la requête. L’espoir d’une vie. Ce n’était pas tant une surprise pour la créature qui avait entendu tant de fois cet appel. Ce n’était pas même étonnant de la part du soldat. Fermant un instant ses paupières lourdes, la ténébreuse inspira une fois. Ce n’était pas cette nuit qu’elle interrogerait les cieux, toutefois, à faire souvent face à ce genre de demande, on apprend rapidement à faire la part des choses, à démêler le véritable désir de savoir au besoin d’être rassuré. Ouvrant de nouveau ses yeux différents, elle balaya un instant le toit, avant de regarder de nouveau le viking. « Souhaites-tu vraiment connaître ce que les dieux te réservent soldat ? » Une pause, tandis qu’elle se redresse, s’accoude et glisse son menton contre sa paume. « La célébrité va souvent de pair avec le malheur. Est-ce là ce que tu désires Freymar ? » Une nouvelle pause, à peine théâtrale, tandis que son autre main prend le relais de l’autre, l’oblige à changer de position. Et bientôt, de nouveau ce claquement d’ongles contre le bois. Elle réfléchit, la prophétesse royale. « Des héros meurent tous les jours, et les seuls à les pleurer sont les épouses et les enfants, tandis que le peuple chante leurs louanges pour quelques mois seulement. Tu ne possèdes pas les premiers Hrorek, mensonge, penses-tu être digne du second ? »
Il y avait bien trop de vikings espérant être à la hauteur des dieux, aspirant à gagner une place de choix à la table de ces derniers. Tous ambitieux, mais pas assez pour voir au delà du raid, et de la glorieuse mort au combat. Mais hélas pour elle, elle ne connaissait que trop bien la tête de mule qui lui faisait face, et qui, elle le savait fort bien, ferait tout son possible pour échapper à une morne destinée. Sans réflexion et en quête d’une célébrité peut-être malavisée, il pourrait tout aussi bien trépasser dans la première taverne, une hache plantée dans le thorax. Passant finalement les phalanges sur son visage, elle s’inclina face à la demande, ne pouvant de toute évidence s’y soustraire. Si c’était ce qu’il voulait, alors elle obtiendrait pour lui le message des dieux, que la réponse lui plaise ou non. « Soit… Demain, deux heures après le chant du coq, je danserai le Seiðr pour obtenir les réponses aux questions que tu te poses. Après quoi, tu honoreras les dieux comme tu l’entends. »
Elle s’était prononcée, désormais, et jusqu’au lendemain, elle ferait partie intégrante de cette demeure, ignorant encore si elle devait s’en réjouir ou non. Car maintenant qu’elle avait accepté, l’homme s’était levé, prêt à lui offrir le couvert, moment tant redouté qu’elle porta son regard ailleurs que sur les deux assiettes qui lui étaient portées. Se souviendrait-il de son dégoût pour ce cœur cuisiné en ragoût ? Elle lui en avait bien souvent parlé, ne pouvant pourtant se soustraire à cette obligation. Une offrande pour la völva et la déesse lui ayant conféré son savoir. Mais par Freya, qu’elle détestait cela ! Prenant pourtant son courage à deux mains, elle extirpa de sa petite pochette la cuillère de cuivre et le couteau épointé, préférant régaler son palais du porridge au lait de chèvre. Cela encore, elle pouvait le supporter, raffolant même de ce plat, mais le ragoût… Il suffisait de voir ce regard presque suppliant pour comprendre que déguster ce repas était un sacrifice en soi. Remerciant pourtant son hôte, elle attendit patiemment que celui-ci prenne aussi place pour manger, quelque chose sans doute de bien plus appétissant, son propre repas étant spécifique à sa condition d’instrument des dieux.
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - Lun 13 Mar - 22:36 |
| Posait-elle vraiment la question ? Ou bien n'était-ce que pure formalité ? Les ongles claquaient contre le bois de son siège habituel, mais rien de dérangeant. Simplement de quoi fait augmenter son impatience naturelle lorsque certains sujets étaient abordés. La détermination de Freymar était sans faille, c'était d'ailleurs la seule raison pour laquelle Karáh se retrouvait autorisée, même invitée dans son humble demeure. Il ne brisait cette règle tacite de silence imposé entre eux depuis leur séparation que pour cette réponse, n'attendait rien de plus, rien de moins de la Völva. Il hocha la tête pour toute réponse, conscient que ses yeux ne le quittaient pas pour le moment, tout comme il ne détournait pas les siens de son regard si particulier.
Cependant, il s'empourpra légèrement à la suite de son discours, non pas gêné, mais piqué au vif par la remarque. Un homme n'avait pas besoin d'une femme pour s'illustrer, il n'avait pas besoin d'enfants pour que son nom perdure, il avait simplement besoin de se trouver au bon endroit, au bon moment et surtout, de faire les bons choix. De plus, ça n'était pas comme si elle se trouvait bien placée pour prononcer ce genre de parole. Comment osait-elle prétendre qu'il ne serait pas digne de la gloire à laquelle il aspirait ? Comment osait-elle lui rappeler son statut marital quand elle-même avait détruit l'opportunité qu'ils avaient eu de construire quelque chose ensemble ? Il se forçait à ne pas répondre, à ne pas s'emporter sur la messagère des Dieux qu'elle représentait aujourd'hui sous son toi, mais la colère brillait dans son regard comme un feu dévorant une forêt de pin, frappé par les éclairs de Thor.
-Ça n'est pas à moi de répondre à cette question, et sa voit vibrait d'une fureur mal contenue, mais aux Dieux.
Ensuite, qu'il soit digne ou pas, il poursuivrait la gloire qu'il pensait lui revenir de droit. Après tout, la différence entre être destiné à quelque chose et l'accomplir par soi-même ne représentait qu'une dose d'effort en plus. Une considérable dose, un monumental effort, mais pour un résultat qui en vaudrait la peine lorsqu'il serait parmi des plus grands, au Valhalla. Peu importe qu'on ne le chante que quelques mois, tant que son nom était toujours invoqué quand sont cités les héros les plus glorieux. Qu'importe si les voix s'éteignent, tant que les paroles restent quelque part. C'était une forme d'immortalité que de laisser ainsi une marque indélébile sur l'écorce terrestre et dans l'âme des gens.
Aux derniers mots de la Völva, Freymar se leva et fit une nouvelle fois craquer sa nuque, un tic fort peu discret qu'il avait développé au cours de ces dernières années. La sensation tout autant que le bruit de ces os qui claquaient ensemble avait quelque chose d'apaisant. Il prit les aliments destinés à son invitée et les lui présenta avec les couverts appropriés. Il savait qu'elle détestait ça, mais ce soir ça n'avait pas d'importance, car ce soir elle devait se préparer pour le lendemain. Il reprit ensuite place en face d'elle avec sa propre assiette, l'humeur sombre, mais content d'échapper à ce que Karáh avait dans son assiette. Il n'avait pas chercher à la narguer en dégustant des mets de choix devant elle et se contentait d'une assiette de légumes typique.
C'est alors que tout l'inconfort de la situation le heurta de plein fouet. Avec une autre Völva qu'elle, Freymar aurait pu librement lier la conversation. Avec une autre Völva, le silence n'aurait pas été gêné, ni tendu. Il n'y aurait pas eu ce voile de rancœur encore suspendu devant ses yeux à chaque fois qu'il posait les yeux sur elle. Il n'avait pas envie de faire l'effort de lui parler. Il n'avait pas envie de lui demander de ses nouvelles, de s'inquiéter de sa vie. Cependant, Freymar craignait que la rudesse qu'il pourrait mettre dans sa voix soit moins grave que d'ignorer tout simplement Karáh ce soir.
-J'ai cru comprendre que tu étais très demandée au palais ces derniers temps, lança-t-il en s'éclaircissant la voix.
Il ne put ensuite que maudire son incapacité à s'exprimer aussi glorieusement que ne le ferait son souverain chez qui la royauté ne faisait aucun doute dès qu'il ouvrait la bouche. À vrai dire, il était persuadé que nombre de ses amis et camarades auraient pu se débrouiller bien mieux que lui ce soir, dans les mêmes conditions. Il n'était même pas sûr que le sujet évoqué soit pertinent, il avait simplement remarqué que les tendances et les conversations se tournaient vers elle ses derniers temps. Elle n'était sans doute même pas autorisée à en parler. S'étouffer avec des légumes bouillis semblait soudain être un sort enviable, il prit pourtant le parti de rester dignement en vie pour souffrir cette malheureuse conversation. |
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - Mar 14 Mar - 18:56 |
| Elle savait, la vile ténébreuse, qu’elle avait piqué le soldat au vif. Il lui suffisait de voir cette légère rougeur commencer à s’installer sous les poils de sa barbe, de visualiser sa posture, et de tenir sans faille ce regard au bord de la fureur. Mais elle savait aussi comment gérer certaines colères de son ancien amant, cessant de marteler le bois de la chaise pour lever la paume en signe de paix. Plus un ordre de calme qu’une véritable demande de quiétude. Un jour, peut-être règleraient-ils leurs problèmes, en oubliant leur statut respectif, un homme et une femme, s’emportant l’un contre l’autre. À la lame et au bouclier s’il le fallait. Il savait après tout, qu’elle aurait pu prétendre au titre de Skjaldmö si les circonstances s’étaient montrées différentes. Mais ce soir, elle n’était rien de moins que la Völva à laquelle il avait voulu faire appel. À lui d’assumer les conséquences de la tension régnant dans sa demeure. Aussi, amusée de sa réponse tout autant que son attitude, elle prit plaisir à rétorquer : « Si les dieux t’ont pourvu d’une langue, c’est pour que tu puisses t’exprimer. Tes paroles peuvent influencer ton destin, souviens-t’en. » Susurra t’elle, s’étirant finalement sur cette chaise confortable. Elle ne souhaitait pas déclencher plus d’animosité, néanmoins, il fallait faire entendre au mortel qu’il possédait le pouvoir de se faire entendre des dieux, qu’il lui appartenait aussi de pouvoir changer les décisions ancrées. Mais déjà, elle reprenait place, ses paumes placées sur les accoudoirs, attendant quelques instants avant d’affirmer sa décision. De toute manière, quels que soient les mots qui franchiraient ses lèvres au lendemain, la tension existant entre eux ne pourrait jamais être pire que celle qui tournoyait autour d’eux sans répit.
Fermant les yeux sous le craquement des os ; son qu’elle n’appréciait pas particulièrement ; la créature attendit patiemment ce repas qu’elle n'estimait pas non plus. À première vue, tout semblait parfaitement bien cuit, sait-on jamais avec les hommes, et le goût du porridge de céréales était tout bonnement divin. Mais ce ragout… Elle se laissa aller à manger les quelques légumes, délaissant dans un premier temps ce cœur lui filant la nausée, et finalement, planta le couteau pour un premier morceau. Naturellement, le premier réflexe de rejet se fit discret, tandis qu’elle avalait, sa main attrapant le verre pour une gorgée destinée à faire passer le goût immonde de l’organe autrefois battant. Elle en était à la seconde gorgée, lorsqu’il se décida à lui parler de nouveau. Elle prit son temps pour reposer le récipient, avant de reprendre une nouvelle cuillérée de porridge. Ce n’était pas tant qu’elle ne souhaitait pas lui répondre, hélas, elle ignorait si cela en valait vraiment la peine. Inspirant finalement, cherchant à reprendre courage pour la prochaine bouchée de viande, elle conserva sa cuillère de cuivre en suspend. « Rien d’inhabituel. Toutefois, la grande fête pour les quinze ans de règne de notre Konungr suscite des interrogations. J’essaie d’y répondre au mieux. Son organisateur souhaitait agrémenter la soirée de la présence d’un spriggan. J’ai avisé le roi de la colère des dieux s’il accédait à cette folie. » Une pause, tandis qu’elle se force à avaler la viande. « Si tu es de garde ce soir-là, je ne saurai que trop te conseiller de garder l’œil toujours tourné vers le roi. Il y a quelque chose dans l’ombre, mais les dieux ne veulent pas me montrer de quoi il s’agit. Peut-être est-ce sans importance… » Mais elle n’y croyait pas.
Haussant finalement les épaules, la völva continua son repas, l’estomac pourtant noué. Le silence était trop pesant. Aussi reposa t’elle ses couverts sur la table, portant de nouveau son regard différent vers l’homme dont la simple vue suffisant à alerter son cœur. « Je n’ai pas l’intention de te maudire Freymar. Jeter l’opprobre sur ta maison ne m’apporterait que du malheur. Tu peux parler sans crainte, tant que tu n’insultes pas ce que je suis. » Autrement dit, la voix des nornes. Elle n’y pouvait rien, elle n’avait pas demandé, aurait préféré que sa sœur ainée reste en vie pour cela. Mais les dieux ne voulait pas d’elle pour rapporter leurs mots.
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - Mar 14 Mar - 21:49 |
| Toujours dans la provocation malgré son invitation au calme, la Völva s'amusait, se jouant de lui. Freymar quant à lui devait se retenir de jeter son verre à travers la pièce. Elle ne faisait que le chercher, presque depuis les premiers mots qu'elle lui adressa ce soir et le colosse ne savait combien de temps encore il allait pouvoir souffrir sous l'atteinte portée à sa fierté, qu'elle soit ou pas là en tant que messagère des Dieux. Bah ! Qu'elle s'étouffe avec son repas, il lui souhaitait désormais qu'il soit aussi mauvais qu'elle pouvait l'être avec lui !
Il du admettre qu'une certaine satisfaction s'empara de lui lorsqu'elle en prit la première bouchée, reposant rapidement son couvert pour faire passer le goût avec de l'eau. C'était dans ce genre de cas que Freymar n'avait pas honte de sa mesquinerie, elle méritait chaque haut le cœur qui la prenait en cet instant. C'est légèrement calmé par cette revanche indirect qu'il pu accueillir une réponse au début de conversation qu'il avait tenté de lancer. Les Dieux se faisaient visiblement surtout consulter pour des bagatelles en rapport avec le festin qui se préparait en ce moment même. Il prit note de sa remarque, conscient qu'il y avait là quelque chose d'alarmant quant à la sécurité de son monarque et hocha la tête pour signifier qu'il prenait au sérieux ses paroles. À savoir à présent s'il serait de service ou pas pour le festin, mais ça, seule la chance en déciderait le moment venu.
L'idée que le roi puisse risquer sa vie le soir de son anniversaire de règne avait quelque chose de tristement ironique, un peu comme un poisson jaillissant hors de l'eau, mais qui se trouve pris entre les mâchoires d'un ours, au plus haut de son saut. Il se montrerait donc particulièrement prudent pendant cette soirée, qu'il soit ou non de garde. Voilà une grande occasion de faire la fête gâchée par des signes qui ne trompaient pas le garde royal : les Dieux désapprouvaient le roi et commençaient à vouloir le montrer aux mortels qu'ils étaient.
Le repas se poursuivit encore un moment jusqu'à ce que Karáh reprenne la parole, interprétant sans doute mal l'air sombre que Freymar portait en guise d'expression. Il leva les yeux vers elle, d'abord étonné qu'elle puisse penser ça, puis fronçant les sourcils, incertain de ce qu'il devait ressentir au sujet de cette affirmation. Incertain de ce qu'il devait ressentir alors que son nom avait franchi les lèvres de celle qui comptait le plus pour lui, bien des années auparavant.
-Je n'ai jamais cru que tu allais me maudire, Karáh, et sa voix buta sur son nom malgré la froideur de son ton.
Pourquoi aurait-il pensé une chose pareille ? Pourquoi estimerait-elle qu'il méritait une malédiction de toute façon, alors qu'il n'était pas celui qui avait trahi l'autre ? Si quelqu'un ici méritait une quelconque punition, ça n'était certainement pas le guerrier qu'il était, mais bien l'infâme qui se trouvait en ce moment même en face de lui à le narguer sans interruption, parée comme elle l'était d'une robe qu'il n'aurait pas hésité à lui enlever quelques années plus tôt, qu'il n'aurait sans doute pas hésiter à enlever ce soir aussi si les conditions avaient été différentes, si sa colère et sa rancune ne se retrouvaient pas amplifier par cette terrible tentation qu'elle représentait toujours à ses yeux.
-J'ai toujours supposé que tu n'étais pas assez cruelle pour me maudire en plus de m'avoir trahi. Je respecte la Völva que tu es, c'est à la femme que j'en veux, lâcha-t-il finalement entre ses dents serrées.
Voilà, le sujet qu'il avait souhaité éviter à tout prix ce soir venait d'être lancé. Il n'avait pas pu s'en empêcher à présent qu'elle avait orienté, sans doute sans le vouloir, la conversation dans ce sens. Cependant il était compliquer de retenir certaines accusations qui le pesaient encore après tout ce temps. Cette histoire qu'il se traînait encore comme une lourde cicatrice sur le cœur ne cessait de le hanter, il sentait que jamais il ne pourrait totalement oublier ce mal qui lui avait été fait. |
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - Mer 15 Mar - 15:21 |
| Enfant capricieuse, chacun savait combien la völva pouvait se montrer impitoyablement taquine. Jamais foncièrement mauvaise, mais énonçant toujours des vérités par le biais de la boutade. Qu’un mortel s’offusque ne lui faisait manifestement ni chaud, ni froid, toutefois, elle gagnait en satisfaction dès lors que la victime prenait en considération les propos tenus et arrangeait de lui-même l’élément perturbateur. Le roi lui-même avait été l’objet de ces conseils habilement glissés, sans que jamais pourtant, il ne daigne changer certaines choses. Sa folie dépensière semblait même s’être aggravée ces dernières années, provoquant un amusement malsain chez certain, un malaise chez d’autres. Mais en cet instant, c’était à son ancien amant et partenaire qu’elle évoquait son point de vue. Connaissant par ailleurs son horrible caractère, elle ne fut pas même étonnée de voir briller l’étincelle de fureur dans son regard. Si celui-ci pouvait tuer, sans doute la völva serait-elle morte depuis longtemps, ou au moins une centaine de fois. De toute manière, il tint pour revanche acquise, le dégoût du repas qu’il lui avait préparé. Elle doutait même qu’il y ait vraiment mit du cœur, néanmoins, ce n’était pas sa cuisine qu’elle dédaignait avec force. Survivrait-elle encore des années ainsi ? Il le fallait… jusqu’à ce qu’elle mette une fille au monde pour lui transmettre son savoir et refiler le ragoût infâme à cette dernière. Il ne lui semblait pas avoir connaissance d’une seule völva aimant ce plat d’autre part.
Finalement, le silence insistant puis rompu toutes les cinq « véritables » minutes, la créature porta toute son attention sur l’homme en face d’elle. De leurs moments de complicité d’antan à cette table, il ne restait définitivement plus rien. Rien d’autre que cette rancœur, ce malaise, cette lame apposée à la gorge. Le ton ne représentait rien d’autre que le froid, l’hiver de leur relation. Tout semblait enterré, définitivement mort aux yeux de chacun. Pourtant, elle pouvait sentir son propre cœur brûler un peu plus depuis qu’ils étaient seuls. Un feu ardent, ne demandant qu’à être plus vif, ou totalement éteint. Le tout ou son contraire. Bien sûr, elle craignait qu’il ne capte tout cela, plus encore, qu’il la rejette encore une fois, plus durement que la première, quand elle était pourtant innocente de ces accusations. S’il voulait la quitter alors, il n’était pas utile de l’affubler d’une histoire dérisoire.
Pourtant, il continuait encore et toujours à persister dans ce mensonge éhonté, cette histoire montée de toute pièce par son esprit mesquin. Assurément, sa remarque vint la piquer au vif, colorant ses joues d’un début de rougeur, bientôt remplacé par une pâleur fantomatique. Bien sûr qu’elle l’avait trahie, une fois seulement, et en réponse à ce qu’il lui avait fait. Elle n’avait rien fait d’autre que lui cacher sa paternité, par vengeance ou par lâcheté, seuls les dieux et elle pouvaient répondre à cette interrogation. Récitant mentalement toutes les runes connues, la jeune femme laissa sa peau reprendre sa contenance habituelle, tandis que l’une de ses phalanges tournait autour du verre à moitié plein. Le silence, une fois encore, jusqu’à ce qu’elle cesse de jouer, n’assassine l’homme de ses prunelles amoureuses. « Sept ans écoulés, et tu persistes dans cette version de l’histoire, sans jamais m’autoriser à plaidoyer. Un jour peut-être daigneras-tu entendre la mienne, sans m’interrompre ni même rester assujetti à cette fureur qui finira par te dévorer le cœur. » En parlant de cœur, voilà un morceau qu’elle mâche, sans jamais quitter l’amant du regard. La nausée semble avoir disparue, remplacée par cette colère sourde, jusqu’à ce qu’elle acquiesce d’un signe de tête. « Mais soit. Je peux reconnaître t’avoir trahi une seule fois sur ces sept années écoulées, puisque tu souhaites me voir détentrice de ce qui semble être ton malheur. » Il n’est jamais bon de vivre dans le mensonge, et les dieux lui en étaient témoins, elle venait d’énoncer une semi-vérité. C’était tout ce qu’elle pouvait faire sans trahir son propre secret. « À moins que tu n’ais d’autres accusations à me mettre sur le dos ? »
AF JÁRNI OG ÍS. copyright 2016. |
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - Mer 15 Mar - 16:23 |
| En face de lui, la Völva sembla enfin perdre cette superbe avec laquelle elle le traitait depuis qu'elle avait franchi le pas de sa porte. Ses mots frappèrent enfin juste, preuve de plus de l'indiscutable culpabilité de celle qu'il avait un jour désiré épouser. Son visage vira au rouge, puis au blanc, avant qu'elle ne réussisse à reprendre contenance. Freymar s'en délecta, car bien qu'elle exerçait un meilleur contrôle sur elle-même qu'il n'en aurait jamais sur lui, au moins il n'était plus le seul à avoir dansé avec la fureur ce soir.
D'ailleurs, bien que son visage ai retrouvé un couleur normale, son regard se faisait toujours aussi violent que le sien, comme si leurs yeux se livraient la bataille que leur corps se refusaient à déclencher. Répandre le sang d'une prophétesse n'était certainement pas une bonne idée pour conserver les faveurs des Dieux. S'il avait voulu la tuer pour ce qu'elle lui avait fait, il aurait du le faire il y avait des années, lorsque l'insulte avait été lancée. La colère de Freymar commença néanmoins à se métamorphoser en triomphe lorsque l'infidèle avoua enfin l'avoir trahi au moins une fois. Une fois plus que suffisante pour jeter sur elle l’opprobre du garde.
-Une seule, n'est-ce pas déjà suffisant ? Je me suis arraché à toi avant que tu n'aies eu l'occasion de m'en faire plus encore !
Arraché était le mot. Elle lui avait arraché le cœur, le laissant plus blessé sans doute qu'il ne l'avait été par des armes physique, plus profondément que n'importe quelle épée, que n'importe quelle lance pourrait aller s'enfoncer en lui. Il avait cru que Karáh et lui n'étaient que les deux moitiés d'un même tout à une époque, et il ne pouvait mesurer à quel point il fut dur pour lui d'essayer de faire un tout d'une moitié seulement lorsqu'il eu la conviction qu'elle n'était pas celle qu'il pensait qu'elle était.
Comment dans ces conditions pouvait-elle s'imaginer que sa fureur s'estomperait avec le temps ? Freymar n'était pas de ceux dont la rancune se transformait en glace. Freymar n'oubliait pas et ne pardonnait pas. La violence de ses émotions pouvait rester en lui, instables, jusqu'à ce que les conditions soient réunies pour exploser à nouveau, comme ce soir par exemple. Cependant, le garde était fier de lui. Il n'avait pas encore balancé son verre à travers la pièce. Ni ses couverts. Ni son assiette. Ni la table, d'ailleurs. Un exploit en soit.
-Mais s'en est assez. Je n'ai pas envie de continuer sur ce sujet, j'ai entendu ce que je voulais entendre.
Une confirmation. L’aveu de la trahison. Il avait donc eu raison pendant toutes ces années, de se garder à bonne distance de la traîtresse qu'elle était. Il termina son bol de légumes en jetant quelques œillades assassines à Karáh puis se redressa sur sa chaise, croisant les bras dans une pose défensive et incapable de trouver quoi que ce soit de plus à dire. Il lui semblait que n'importe quelle tentative de sa part de lier une nouvelle fois la conversation sonnerait terriblement faux et il n'avait de toute façon pas envie d'échanger des banalités avec elle après tout ça. Finalement, il annonça :
-Ce soir tu dormiras dans mon lit. Le tapis m'ira très bien.
En temps normal, il n'aurait même pas eu besoin de préciser qu'elle occuperait son lit, mais après les rudes paroles qu'ils venaient de s'échanger, il préférait qu'elle soit certaine qu'il ne déshonorerait pas son rôle de messagère des Dieux ce soir. Comme il l'avait dit, il respectait la Völva qu'elle était et c'est seulement en la voyant ainsi qu'il arrivait à contenir l'amertume qu'il pouvait ressentir à son égard. |
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - Mer 15 Mar - 17:46 |
| Conservant son port de tête altier, la völva contenait sa colère grandissante. Cet homme, ce rustre, ce fieffé manipulateur ne comprenait décidément que ce qu’il souhaitait entendre, incapable de lire les messages cachés, incapable de percer le secret des mots. Comment en aurait-il put être autrement ? On ne pouvait décemment pas posséder une montagne de muscle et un cerveau tout aussi adéquat ! Était-elle donc aveugle lorsqu’elle était tombée sous son charme ? A cet instant présent, elle se posait véritablement la question, partagée entre l’agacement et le désespoir. « Par la grande Freya ! N’écoutes-tu donc jamais lorsque l’on te parle, ou est-ce Loki qui te fait percevoir d’autres mots lorsque je prononce les miens ? » S’emporta t’elle finalement, repoussant du bout des doigts son repas complet. Elle n’avait plus faim, coupé par cette colère grandissante. Qu’importe ce qu’il pourrait penser de ce geste de dédain, il n’était écrit nul part qu’une völva devait terminer le plat qu’on lui présentait pour ces occasions, elle ne l’avait jamais fait que par pure politesse. « Je ne saurai que trop te conseiller de repasser mes mots dans ton esprit lorsque tu auras retrouvé ton calme, si tant est que ce soit possible. » Gronda-t’elle finalement, reposant son dos contre le dossier de son siège, cherchant visiblement à reprendre son calme. En une autre occasion, elle n’aurait pas hésité à prendre le premier bouclier à portée de main pour en asséner de coups le garde. Demain peut-être, si sa fureur ne se calmait pas, et après lui avoir délivré le message des nornes. Pas avant.
Mais le calme, ne pouvait être trouvé, pas plus que la fureur apaisée. « C’est TOI qui est parti Freymar, pas moi. TOI et TOI seul, sous le couvert d’une histoire aussi absurde que ce mensonge que tu fais grandir dans ton esprit jour après jour ! Si tu voulais me quitter, il était inutile de me briser le cœur avec une facétie digne de Loki ! » Sa voix hélas, s’était brisée, un instant, avant qu’elle n’inspire de nouveau, détournant le visage pour regarder au travers de la petite lucarne. Il lui fallait retrouver son calme, auquel cas, elle ne pourrait être sereine pour le lendemain. Par Freya… N’était-ce pas une erreur que d’avoir accepté sa requête ? D’autres années paisibles auraient put s’écouler sans troubler plus qu’en cet instant son âme. Elle aurait pu détester le soldat pour lui faire éprouver cet éventail d’émotions néfastes. Hélas, elle était aussi éprise qu’au premier jour de leur rencontre… À croire que l’emprise du temps était négligeable pour le cœur. « Ce que tu veux entendre, ça c’est certain. » railla t’elle à mi-mots, sans jamais plus le regarder, sans jamais plus toucher son repas.
L’ordre fut sonné, et le rituel pour son personnage, de nouveau reprit. « Parfait. » gronda t’elle de nouveau, avant de se lever et d’attraper son manteau, se dirigeant vers la porte. Il lui fallait sortir, apaiser la chaleur de son émoi par une brise bienvenue. Il lui fallait contempler les étoiles et prendre une décision définitive. Il fallait tant de choses pour un cœur brisé, qu’elle ne savait pas même par où commencer. Quelques pas, pas plus, mais assez éloignés de la maison, tandis que déjà, elle passait ses mains sur son visage, cachant son courroux du regard des dieux. Ils n’avaient pas besoin d’assister à cela. Des minutes écoulées, une respiration contrôlée. Une décision incertaine. Définitivement incertaine. Elle aurait pu passer une nuit complète à réfléchir dehors, à s’interroger… Peut-être faudrait-il un jour qu’elle interroge les nornes pour elle-même, mais elle ne tenait pas à connaître son destin, ne l’avait jamais vraiment désiré. Elle n’était qu’un instrument… Et avoir un semblant de vie, ce n’était déjà pas si mal après tout. Aussi reprit-elle le chemin inverse, regagnant la demeure délaissée, pénétrant de nouveau ce lieu en qualité de prophétesse. Elle n’avait rien emmené, d’autres se chargeraient de lui porter le nécessaire pour se préparer au petit matin. Aussi détacha t’elle son manteau avant de le laisser sur sa chaise, se dirigeant sans un regard pour le maitre de maison vers le dit lit, leur lit… Son lit. Qui d’autre était passé dans ces draps ? Qui lui avait volé sa place momentanément ? Qui l’avait remplacé ? Elle pouvait se souvenir de chaque moment passé dans ce lit, et plus encore le premier. Elle se souvenait de ces instants de fureur lorsqu’il venait, et de cette passion qu’elle lui rendait à cet égard. Il n’y avait pas un moment où son cœur ne s’était pas emballé sous ses assauts, sous ses baisers. Pas un instant où elle n’avait pas été heureuse de s’endormir dans ses bras, plutôt que dans un lit inconnu. Il aurait dû comprendre cela.
Fut-ce par vengeance qu’elle se déshabilla entièrement, quand le rôle ne l’exigeait pas, dévoilant ses courbes nues au regard qu’elle savait affamé ? Il fallait être aveugle pour ne pas l’avoir remarqué, et, à l’heure d’aujourd’hui, elle ne l’était pas. Elle marqua quelques secondes, avant de finalement prendre place, marquer son territoire de sa propre fragrance, ce mélange d’huiles parfumées qu’elle employait déjà lorsqu’ils se côtoyaient. La revanche était douce, mais terrible, et le prix à payer pour cela, elle était prête à s’en acquitter.
AF JÁRNI OG ÍS. copyright 2016. |
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - Mer 15 Mar - 20:43 |
| Cette fois-ci c'était fini, le peu de calme et de contrôle qui restait encore à Freymar s'envola comme de la fumée livrée au vent. Elle ne l'écoutait donc pas parler elle non plus ? À quel moment avaient-ils cessés de se comprendre ? De s'écouter ? Parlaient-ils seulement la même langue ? Les Dieux les auraient-ils maudits, jaloux de leur amour d’antan, les condamnant à ne plus jamais s'entendre ? Frey se leva, renversant sa chaise dans le même mouvement tandis qu'une veine palpitait à son cou et sur son front.
-C'est exactement ce que j'ai dit ! Rugit-il. JE suis parti car je ne supportais plus ta vue, car je suis celui qui a subi l'injure, je suis celui qui a été trahi ! Et tu n'as pas à m'en vouloir pour ça que je suis dans mon droit !
Sa voix était si sonore qu'elle faisait trembler les murs, ou bien était-ce lui-même qui tremblait de rage, le visage rougit et déformé par la fureur ? Il ne la quitta pas des yeux lorsqu'elle se leva de table pour s'emparer de son manteau et sortir, mais il ne chercha pas à l'en empêcher. Il avait dit qu'il ne voulait plus en parler et elle avait décidé de quitter les lieux. Reviendrait-elle ? Freymar n'en avait aucune idée au moment où la porte se referma et sa première action fut de renverser la table dans un nouveau rugissement incontrôlé avant de faire quelques pas en arrière, haletant sous le coup des émotions bien trop fortes qui lui déchiraient les entrailles et lui faisaient tourner la tête. Karáh fut-elle encore là qu'il l'aurait sans doute agressée physiquement.
Cependant elle ne l'était pas et Freymar n'avait plus aucun exutoire à la violence qui possédait ses membres à présent que l'infâme avait déserté cette maison. Il ne pu donc que résister à l'envie de tout démolir dans sa demeure, sachant mieux que quiconque que chaque objet dérangé ne retrouverait pas sa place tout seul et que tout ce qui pouvait être brisé ne saurait être remplacé. À la place, il se força à verrouiller la porte menant à ce puis visiblement sans fond qui contenait toute la fureur de ses sentiments et prit de longues et grandes inspirations avant de commencer à ramasser la table, sa chaise et tout ce qu'il avait fait voler en même temps que le mobilier.
Son esprit n'était pourtant pas à cette tâche. Alors qu'il conservait ses dents serrées comme si elles constituaient le dernier rempart contre l'explosion qui menaçait toujours de survenir dans son corps, toutes ses pensées étaient tournées vers la jeune femme qui avait franchi sa porte. Non, pas une femme. Cette créature n'en avait que l'apparence, mais en vérité elle n'était qu'un poison habilement dissimulé sous la lascivité faite femme qu'elle affichait aux yeux de tous. Gare à celui qui tomberait dans son piège cependant ! Car c'est à une mort lente et douloureuse de l'âme et du cœur que la victime s'exposait. Lui-même ne se remettrait sans doute jamais après tout ce temps passé à s'exposer, à nu, à cette sorcière.
Une fois la pièce nettoyée, Freymar s'assit à nouveau en poussant un soupir qui lui sembla aussi long que les sept années passées à éviter méthodiquement de croiser le chemin de la Völva. Il s'en voulait d'avoir cédé à la tentation d'être aller quérir son aide, mais il lui en voulait également de l'avoir poussé à bout et encore plus de faire brûler en lui une flamme qu'il pensait avoir étouffé depuis longtemps.
Il resta ainsi de longues minutes, ruminant de sombres pensées et c'est dans cette position que le retrouva Karáh lorsqu'elle franchit une nouvelle fois le pas de sa porte. Une partie de lui en fut soulagée, il n'était pas sûr qu'elle reviendrait. Il se leva plus calmement que la dernière fois, bien décidé à conserver sa contenance le plus longtemps possible, lorsque sans un mot elle se dévêtit devant lui, complètement, sans aucune pudeur, le laissant stupide à se repaître de sa vue sans pouvoir y toucher.
Puis, reprenant ses esprits et rougissant une nouvelle fois de colère face à cette ultime provocation qu'il savait calculée à l'avance, le garde répondit par un coup égal porté à cette femme qui l'avait autrefois désiré avec la même passion qu'il l'avait lui-même désiré. Il retira ses vêtements, lui faisant face pour qu'elle n'en loupe pas une miette, droit et fier de sa masculinité, puis attrapa une couverture de fourrure dont il se drapa avant de se coucher sur le tapis, songeant avec ironie que le sol ne serait pas la seule chose à être dure ce soir. |
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - Mer 15 Mar - 21:55 |
| Y avait-il seulement quelque chose à ajouter ? Pas le moindre mot. Cet homme ne voulait rien entendre, ce n’était pas la völva, trop proche de cet homme, qui lui ferait entendre raison. Elle aurait pu continuer à se faire entendre, à hausser la voix autant que lui, à jeter des objets à travers la bicoque, mais quel aurait été le résultat final si ce n’était le saccage pur et simple d’une endroit dans lequel elle n’était plus la bienvenue ? Elle eut toutefois le réflexe de sursauter lorsque la voix s’éleva plus que jamais, la laissant affronter une colère qui lui était inconnue, mais pour laquelle elle se voyait plus raisonnable à battre en retraite, pour cette fois tout du moins. Le combat, de toute évidence, était perdu d’avance : elle ne possédait pas la force physique pour tenir tête au garde royal, elle ne l’aurait jamais autrement que par la ruse dans un combat. Mais plus encore, elle sentait cette lassitude la gagner, petit à petit. Il n’y avait rien de plus qu’elle ne puisse tenter ce soir. Pourtant, n’était-ce pas déjà une avancée en soi que de remettre ce sujet sur la table et de s’emporter ? Les mots finiraient par gagner l’esprit de chacun, obligerait à tourner et retourner les mots, encore et encore, jusqu’à y trouver un sens. Mais pour cela, il fallait du calme, éteindre cette fureur qui les avait gagnée tous deux. Elle tressaillit une nouvelle fois, lorsqu’au dehors, elle entendit un fracas, signe de l’emportement du mâle dominant. Il était plus sage de ne pas rentrer maintenant, d’attendre que les étoiles continuent de se pointer dans le ciel.
Il se leva lorsqu’elle rentra, mais elle n’attendait pas de lui des excuses, ou des mots simples. L’ambiance était toujours électrique. Elle le dévisagea avant de lui offrir la dernière provocation, lui faisant face. Elle lui avait toujours appartenu, c’était ainsi. Mais puisqu’il ne voulait plus d’elle, la femme ne pouvait que se venger, affronter sa colère et marquer son territoire, hanter ses rêves lorsqu’il percevrait les fragrances déposées sur les draps. La jalousie est le poison des femmes, dard mesquin empoisonnant l’esprit. Il était à elle, autrefois, toujours. Et elle eut cette lueur d’espoir dans le cœur, lorsqu’il dévora ce qu’elle lui offrait de son regard sombre. Elle eut cet espoir infime de le voir tuer cette distance qui les séparait pour que de nouveau, ils se complètent, mais il n’en fit rien, tâchant d’en faire de même, lui rappelant avec ce même mesquin ce qu’elle avait perdu. Et Odin, père de toute chose, savait pertinemment qu’elle ne retrouverait pas pareil homme dans son lit. Pis encore, il s’éloigna, la laissant entrer seule dans ce lit, quand des années plus tôt, il n’aurait pas hésité une seconde à la rejoindre. Elle aurait éclaté de rire, assurément, avant de le dévorer. Mais cette nuit, elle se contenta de se coucher dans ce lit froid, attrapant l’ancêtre de l’oreiller pour le jeter sur l’homme qui s’était déjà roulé sur le tapis. Il avait beau dormir au sol, il ne méritait pas d’être traité tel un chien… Bien qu’elle n’allait pas se risquer à approcher dans les minutes ayant suivi cet affrontement visuel. Au lieu de cela, elle ferma les yeux, guettant l’appel du sommeil…
… se réveillant brutalement, suffocant sous l’écho d’une peur tangible, portant les phalanges à sa gorge en feu. La prunelle effrayée, l’iris dévorant la couleur, le cœur cherchant à fuir ce corps maudit. Chaleur désertant pour laisser place au froid, les ongles s’enfonçant dans l’oreiller, à la recherche de la réalité. Elle n’avait pas fait tant de bruit, à peine un souffle plus prononcé qu’un autre, une recherche d’air. Bien sûr, le regard affolé s’était tourné vers la place qu’occupait autrefois l’amant, guidé certainement par ce parfum avec lequel elle était s’était endormie. Elle s’était perdu dans l’écho du passé, portant une main à son ventre, persuadée d’avoir entrevu un avenir néfaste. Elle était persuadée d’avoir vu sept années de sa vie se dérouler dans un rêve, trop réel. Elle était convaincue qu’à ses côtés se tiendrait l’homme que jamais elle ne trahirait, qu’elle pourrait retrouver la chaleur de ses bras pour effacer les restes de ce cauchemar… Mais la place était vacante, froide. Elle n’avait pas envie de tourner le regard vers le dernier endroit où il était supposé être. Et pourtant, sa silhouette endormie s’y trouvait. La réalité n’était qu’un enfer de plus.
Se redressant finalement, elle s’entoura du tissu constituant le drap, robe improvisée pour le temps de marche court. Juste assez pour atteindre une coupe d’eau et l’avaler d’une traite, rafraichissant la gorge en feu, avant de se tourner vers la silhouette allongée. Dormait-il encore, lui qui possédait un sommeil léger ? Il lui semblait que oui, ses pieds nus se dirigeant vers lui, se dirigeant vers les restes d’un feu se mourant lentement. Tant qu’il dormait, elle pouvait se repaître de son visage, de sa silhouette attrayante. N’était-ce pas suffisant ? Pas assez, il fallait qu’elle touche son visage, que du bout des doigts, elle retrace les contours qu’elle pouvait caresser avant que tout ne s’évapore. C’était léger, ne désirant pas le réveiller, ne désirant pas expliquer sa présence auprès de lui. Elle avait besoin de chaleur avant toute chose, s’asseyant finalement en face de ce feu dans lequel elle plongea une bûchette, juste de quoi raviver, voler de la chaleur et repartir.
AF JÁRNI OG ÍS. copyright 2016. |
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - Jeu 16 Mar - 20:30 |
| Freymar n'avait jamais été un grand dormeur naturel. Ses nuits, il les faisait, mais à condition qu'aucun son inhabituel ne vienne inquiéter sa torpeur. Le moindre grincement, le premier murmure, un simple son mat sur le sol qui n'aurait pas du se trouver là le réveillait immédiatement. N'était-il pas réveillé systématiquement dès que la pluie frappait le toit de sa modeste demeure ? Ces nuits là, il lui fallait habitué son oreille au son apaisant des gouttes s'écrasant au dessus de sa tête pour pouvoir trouver à nouveau l'étreinte d'un sommeil réparateur.
Ce soir là ne faisant pas exception à la règle, Freymar mit un moment avant de trouver le sommeil, allongé sur le tapis avec l'image de Karáh nue dansant sous ses paupières. Il réussit à s'assoupir en priant pour qu'elle quitte son esprit une fois que sa conscience aurait cédé la place au sommeil, ce qui, pour une raison qui lui échappait, ne se produisit absolument pas. Les songes de Freymar furent entièrement dédiés à la Völva, mélange de souvenirs et de fantasme, d'intervention divine et finalement le réveil alors que les normes approchaient leurs mains de son visage.
La réalité ne fut pas foncièrement différente du rêve pour cette dernière partie, puisqu'il sentit la caresse aérienne d'une main sur sa joue lorsqu'il reprit possession de ses sens. Freymar ne réagit pourtant pas, le contact ayant été trop bref pour le pousser à faire quoi que ce soit le temps qu'il évalue la situation. Il finit par conclure qu'aucune menace directe ne pesait sur sa vie assez rapidement, ouvrant à demi un œil fatigué pour apercevoir celle qui habitait autrefois ici, enroulée dans une couverture, retournant s'allonger après avoir remis dans le feu de quoi l'alimenter un peu. Il la suivit du regard sans bouger, essayant de se faire discret, échouant sans doute, puis il se retourna à son tour.
Qu'il serait tentant de se lever pour rejoindre la femme étendue dans lit ! Était-ce la fatigue qui le poussait à avoir ce genre de pensée ? L'épuisement semblait le faire hésiter, occultant momentanément la rancune qu'il éprouvait à son égard. Il se rappelait parfaitement des soirs où il se glissait sous les peaux avec elle, ou ils partageaient des nuits de passion et de chaleur. Il se souvenait sans mal de la sensation de plénitude qu'il ressentait lorsqu'il s'abandonnait en elle, lorsqu'ils ne pouvaient plus différencier leurs deux corps tant ils étaient enlacés. Il y aspirait de tout son cœur, pourtant il ne fit pas un geste pour la rejoindre. Pas après la façon dont le repas c'était terminé. Pas après tout ce qui s'était dit et tout ce qui s'était tu. Sa fierté l'en empêchait.
Lorsqu'il se réveilla enfin une nouvelle fois, le soleil se levait et il était toujours aussi nu étendu sur le sol. L'idée lui paru un instant puérile avant qu'il ne se souvienne qu'elle était totalement justifiée. Les mâchoires encore verrouillées par le sommeil, il resta un instant étendu sur le dos, observant le plafond comme si celui-ci détenait les desseins des Dieux en personne. Il finit cependant par se lever, conscient que les heures qui allaient suivre lui apporteraient les réponses qu'il se posait sur son avenir. À condition que la Völva ne se décide à remplir son office sans le pénaliser pour les rudes mots qu'ils s'étaient échangés la veille.
Il s'habilla, puis laissa à la Völva suffisamment d'intimité pour qu'elle se réveille seule au rythme qui lui convenait. Le rituel qui allait se dérouler aujourd'hui échappait de loin à sa portée et il avait déjà largement rempli son office en ce qui concernait sa participation : offrir gîte et couvert à la prophétesse. Il n'avait plus qu'à attendre que les choses se passent désormais, conscient que ce qui allait lui arriver changerait forcément la façon qu'il avait d'appréhender son avenir.
Pourtant, il était loin de ressentir de la peur pour ce qui l'attendait. Nerveux, il l'était, mais il avait façonné seul la voie qu'il empruntait depuis son enfance et ne comptait pas perdre sa détermination parce que la Völva lui aurait annoncé que les divins avaient d'autres plans plus modestes pour sa personne. |
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - Jeu 16 Mar - 21:56 |
| Combien de temps resta t’elle près de ce feu, réchauffant sa peau par le feu et la proximité de l’homme auprès duquel elle aurait apprécié se coucher contre, retrouvant la saveur de sa peau, sa musculature protectrice ? Il aurait été pourtant aisé de le faire, de repousser les frontières de leur colère mutuelle juste le temps d’une nuit. Si son propre désir avait pu se manifester physiquement, il aurait vu ce besoin partagé, et elle n’aurait pas hésité à se mettre une fois de plus en danger pour lui. Hélas, le soupir fut intérieur, elle se languissait de cette audace, jouant de raison, restant sourde aux battements de son propre cœur et au besoin de son bas-ventre. Pis encore, elle se redressa une fois l’épiderme chauffé, retournant dans sous les fourrures du lit, reprenant sa place légitime sur le matelas autrefois partagé. Les paupières closes, la respiration agitée. Seuls les dieux pouvaient savoir que son âme pleurait, bien plus que ce que la mortelle aurait pu montrer. Le reste de sa nuit fut calme, loin de l’effroi ressenti, loin du message que les dieux pouvaient lui faire passer. Une nuit presque paisible, dans le cocon des souvenirs.
Bien sûr, le chant des oiseaux fut le signe avant-coureur du réveil à venir, la völva préférant pourtant paresser quelques instants de plus, recouvrant sa chevelure ténébreuse du drap protégeant son corps toujours dévoilé. Hélas, son ouïe ne captait que trop les pépiements, tandis que sous ses paupières closes, elle pouvait percevoir les premiers rayons de soleil. Il était désormais trop tard pour retourner dans le giron du sommeil, ouvrant finalement ses prunelles différentes sur le monde. Pourtant, elle ne daigna pas bouger du lit, fixant le plafond avec un désintérêt total, mais les pensées occupées par la journée à venir. D’ici quelques instants, ses compagnes viendraient l’aider à se préparer, l’habiller, la coiffer, car tel était le plan initial, celui pour lequel elle était venue. Bien entendu, elle entendit plus qu’elle ne vit, le viking présent dans la maison. Elle aurait dû être réveillée avant lui. Autrefois, elle se serait levée avant lui, aurait attisé de nouveau le feu pour lui préparer un petit-déjeuner digne de ce nom. Elle y aurait mit du cœur à l’ouvrage. Peut-être même l’aurait-elle de nouveau rejoint sous les draps pour une autre sorte de repas. Une paume sur le front, puis sur les yeux. Il fallait cesser de penser à ces choses-là, où jamais elle ne pourrait quitter son emprise.
Finalement, trois coups furent portés à la porte, signe qu’il était temps pour elle de se lever, déguerpissant des draps comme si un ours y avait élu domicile, repassant la robe bleue qu’elle avait laissé au sol. Il n’était pas utile que ses compagnes se fassent des idées sur ce qui ne s’était pas passé. À peu près présentable, elle entreprit de refaire le lit, comme elle le faisait elle, avant de se tourner, la mine neutre sur les jeunes femmes aux mains pleines. La plus avisée eut naturellement un sourire entendu, mais ne prit pas la peine de mettre des mots sur ses pensées, tandis que déjà, les autres, s’affairaient autour de la völva, exhortant au mâle de quitter la demeure, sans autre forme de concession.
On la fit déshabiller, on passa une éponge douce pour la laver, rituel auquel elle ne pouvait participer malgré son entêtement propre à faire elle-même. De toute manière, ses pensées étaient ailleurs, aussi fut elle aussi docile qu’au possible. On lui fit passer la tenue dans laquelle elle allait danser pour les dieux, une robe immaculée avec quelques fils dorés pour orner l’ensemble. Pas tout à fait blanche, pas tout à fait d’une autre couleur, écrue certainement, fendue à partir des cuisses pour lui permettre de bouger les jambes comme elle le souhaiterait. On tira sa longue chevelure d’ébène pour les tresser, pour créer une couronne dans laquelle quelques fleurs étaient piquées, couronne improvisée, mais savamment coiffée, honneur envers Freya, digne pour les dieux, sobre pour les nornes. On lui laissa toutefois le soin de parer son visage comme elle le voulait cette fois, laissant ses phalanges glisser la peinture rouge (ou du sang), en travers de ses lèvres et de ses paupières. Quand enfin elle fut prête, elle suivit ses prêtresses au dehors, là où son ancien amant l’attendait certainement, prêt à recevoir le destin que les dieux lui réservaient.
Les autres femmes se mirent en cercle autour de la plateforme, laissant le centre pour la créature dont la concentration était entièrement focalisée sur ce qu’elle devait entreprendre. Calme et docile, elle ne porta plus son regard sur l’amant, méditant pour effacer toute pensée néfaste de son esprit, elle ne pouvait se laisser distraire. Inspirant doucement, son ouïe se focalisa sur les premières notes chantées par les femmes. Elle ne danserait que lorsqu’elle-même serait prête. Des secondes s’écoulèrent, puis des minutes, avant qu’elle ne se laisse gagner par la magie des mots, guette la transe, son bras gauche s’élevant doucement dans la grâce d’une danse qui lui était connue depuis son enfance. Chaque geste était aussi contrôlé que lascif, ses paupières, totalement closes. Chaque mouvement était en honneur d’un dieu, lui rendant hommage, la laissant s’agenouiller spirituellement devant eux pour recueillir leur bénédiction. Elle connaissait le visage de chacun d’eux, sans jamais les regarder en face. Son esprit cheminait avec sagesse à travers les différents halls, jusqu’à ce qu’elle se retrouve face au Passé, au Présent et au Futur, les trois nornes fileuses, dont les visages ne se tournaient jamais vers elle. Elle pouvait entendre l’écho de leur murmure, lui révéler ce qu’elle avait besoin d’entendre, de voir. Elles étaient partageuses ces divinités, révélant bien plus qu’elles n’auraient dû, chacune y allant de son commérage, jusqu’à ce que, au sol, la créature n’hoquette, ne laisse échapper un gémissement et un sanglot. Ce n’était jamais arrivé, pas à elle tout du moins. Pourtant, elle tint bon, redressa le buste alors qu’elle était de nouveau agenouillée au sol, jouant de souplesse, achevant les derniers pas de sa danse pour remercier ses guides. Il fallut d’autres longues minutes pour qu’elle ne daigne quitter sa transe, reprenne un souffle régulier, un rythme cardiaque normal. La vue brouillée, elle se laissa aller sur ses talons, flageollante. « Parle prophétesse, nous t’écouterons. » murmurèrent ensembles les mortelles assignées à l’accompagner. Elle cligna des yeux une fois, puis deux, portant ses prunelles sur celui qui voulait plus que tout entendre. « Es-tu prêt à entendre ce que les dieux ont prévu pour toi Freymar Hrorek ? » glissa t’elle d’une voix rauque.
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - Sam 18 Mar - 12:17 |
| Le temps passait lentement pour Freymar qui sentait grandir en lui une impatience de plus en plus importante. Il fit craquer sa nuque à plusieurs reprises, tâchant de chasser la nervosité qu'il accumulait depuis hier et qui ne s'était certainement pas envolée après leur débat houleux de la nuit d'avant, puis trois coups furent frappés à la porte. Se levant d'un bond, il se dépêcha d'aller ouvrir la porte derrière laquelle il découvrit les femmes qui assisteraient Karáh pendant le rituel. Il ne fallut pas plus de temps pour que le guerrier soit chassé de sa maison, emportant simplement avec lui de quoi se couvrir et son couteau favori, qu'il conservait toujours sur lui.
Dehors, la froideur des derniers jours de l'hiver le cueillit rudement, couplé qu'elle l'était avec la fraîcheur de la nuit toujours présente dans l'air. S'enroulant correctement dans sa cape et regrettant de ne pas pouvoir se laisser les cheveux et la barbe pousser suffisamment pour que son crâne soit mieux couvert contre le rude climat de la Norvège. À défaut, il releva la capuche de sa cape et alla s'asseoir à même le sol à côté de la maison, ramassant un morceau de bois visiblement inutilisable à cause d'une exposition au gel, puis commençant à le tailler en pointe.
L'exercice était simple et monotone, le rythme était régulier et il se forçait à le conserver pour palier à son manque de calme intérieur. Essayer de rester calé sur un rythme bien précis qui ne correspondait pas aux pulsations de son âme affolée avait quelque chose d'apaisant, comme si ses émotions essayaient elles aussi de se calquer au tempo de l'activité qu'il faisait. Il se posait toujours autant de questions sur ce qui allait suivre, sur ce qui s'était passé, suivant malgré tout les conseils de Karáh en repensant à ce qu'elle avait dit hier soir, repassant toute leur conversation dans son esprit.
Fronçant les sourcils, il essayaient de comprendre le détail qui lui aurait échappé, la chose que Karáh avait essayé de lui dire sans qu'il ne la saisisse. Il en vint simplement à trouver qu'elle se contredisait, le traitant de menteur, puis lui confirmant qu'elle l'avait effectivement trahi. Alors quoi ? Même sans aucune preuve, Freymar avait fini par se convaincre que Karáh l'avait trahi avec un autre homme, au point qu'il aurait été prêt à jurer devant les Dieux en personne que c'était là la vérité, qu'il n'y avait aucun doute sur la culpabilité de Karáh, bien qu'elle lui ai depuis le début juré le contraire. Bien entendu, il avait toujours refusé de la croire, sa colère se faisant juge et bourreau alors que la situation aurait sans doute exigé d'examiner un peu plus les arguments des uns et des autres.
Revenir sur cet événement, s'imaginer qu'il puisse avoir eu tort, l'idée même de devoir s'excuser pour le mal qui avait été fait, tout ceci était en parfait désaccord avec tout ce que Freymar était et à la simple évocation de cette idée tout son esprit ruait comme un cheval fou pour s'en débarrasser. Descendre un peu de cette marche de fierté sur laquelle il se trouvait, admettre que pendant tout ce temps, il était en tort, Freymar n'était pas prêt pour ça. Cependant, même en admettant que ça soit le cas, si hypothétiquement il se trouvait que Karáh avait raison, qu'elle ne l'avait jamais trompé, qu'elle avait été jeté par l'homme qu'elle aimait sans aucune véritable raison, alors quelle était cette deuxième trahison dont elle parlait ? Pour le savoir, il allait falloir demander à Karáh, mais pour demander à Karáh, il faudrait déjà admettre qu'il était dans le faux depuis presque dix ans.
De frustration, il jeta le bâton au loin et planta son couteau dans le sol d'un geste rageur. Cette situation ne lui convenait pas. Cette maudite Völva s'amusait à tarauder son esprit, à le troubler pour se venger de ce qu'il lui avait fait. Heureusement, c'est à ce moment là que la prophétesse sortit enfin de sa demeure, accompagnée par ses officieuses. Ensemble, elles se dirigèrent vers une plateforme érigée pour l'occasion tandis que le garde ramassait son couteau et se levait, le regard fixé sur Karáh.
Il l'avait déjà vu dans cette tenue, il avait déjà pu assister à ce genre de rite, mais l'effet restait toujours le même, poignant, sauvage, sensuel et mystique au point de faire dresser tous les poils de la nuque de l'homme. Les Dieux étaient sans doute déjà à l'écoute. Les femmes entonnèrent leur chant, mais la Völva attendit avant de les accompagner par sa danse. De longues minutes s'écoulèrent ainsi, puis enfin Karáh s'élança pour accomplir le rituel qui lui avait été demandé. Freymar n'en perdit pas une miette, les bras croisés, ne se troublant que lorsque la belle laissa échapper un sanglot, sur le sol, avant de reprendre là où elle s'était interrompue. L'appréhension monta encore d'un cran en lui alors que le rite touchait visiblement à sa fin et lorsque la prophétesse quitta enfin sa transe pour lui demander si le guerrier était prêt à entendre la parole des Dieux, c'est dans un souffle qu'il répondit un simple :
-Oui ! |
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - Sam 18 Mar - 13:59 |
| Il ne fallut pas bien longtemps avant que l’une des femmes présentes ne brise le cercle afin de déposer sur les épaules de la prophétesse, le fameux manteau noir avec lequel elle était arrivée. Jouant de ses doigts pour mieux se couvrir, la völva se réinstalla à genoux, tant que son âge le lui permettait encore,, couvrant ses pieds nus avec le reste de la longue cape noire. Il ne faisait pas bien chaud, et peut-être aurait-il mieux fallut retourner à l’intérieur afin de profiter de l’air chaud et du feu de cheminée. Oui, cela aurait été logique et indispensable, cependant, la jeune femme n’avait pas daigné marquer un geste pour retourner à l’intérieur de la maison qu’elle connaissait par cœur, préférant s’en tenir éloignée jusqu’à ce que, peut-être, l’homme la réinvite un jour pour une toute autre occasion, ou au pire, de nouveau dans ce cadre strictement professionnel. Expirant longuement, une légère brume vint franchir ses lèvres. Oui, il était prêt à entendre ce qu’elle avait à lui révéler, brûlant d’envie, impatient. Loin de vouloir marquer un suspens insoutenable, la prophétesse conserva un instant le silence, sa langue tournant plusieurs fois afin de ne révéler que l’essentiel. Les Nornes, moqueuses, lui avaient montré bien trop de choses. Soupirant finalement, elle soutint le regard de l’ancien amant, plissant un instant le sien avant de se racler la gorge.
« Ton désir a été entendu Freymar Hrorek, mais les dieux ne te faciliteront pas la tâche. Ton chemin se divise, encore et toujours, vers le tout et le néant. À chaque tournant sur ta route, tu devras choisir avec sagesse, chaque geste que tu exécuteras pourra engendrer un bien ou un mal, il te revient de décider des conséquences de tes actes. » Une pause, tandis qu’elle inspire de nouveau, laisse l’air froid pénétrer ses poumons. « Tu peux choisir d’être le héros d’un peuple, ou tu peux être celui d’une unique personne qui n’attend plus que toi. Mais voici ma mise en garde : pour l’un ou l’autre, de ta vie tu paieras, lié à jamais. Choisis avec sagesse Freymar, car le retour en arrière ne peut-être envisagé. » Une nouvelle pause, tandis qu’elle frissonne, resserre de nouveau la cape sur elle, jusqu’à finalement remonter la capuche sur sa chevelure de jais. « Tu rencontreras des obstacles, quels que soit le chemin que tu choisiras, et ils seront de taille, pas toujours de la manière dont tu pourrais le penser. Pour certains, il te faudra combattre par l’épée, pour d’autres, ton esprit devra être affuté. » La force ne ferait pas tout, et Thor savait pertinemment combien le garde en avait à revendre.
Finalement, la prophétesse se redressa, désertant la plateforme qui lui avait été dédiée, parant ses pieds nus de bottines chaudes. Elle en avait terminé ici, il n’y avait plus rien à dire, plus rien à révéler. Ou tout du moins, rien d’autre qui ne soit de l’ordre des dieux. S’approchant finalement de l’homme qui aurait certainement plus de questions que de réponses, elle tendit sa main, tremblante, dernier acte avant de s’en aller. « Y’a t’il autre chose que tu veuilles Freymar ? » murmura t’elle à son intention, tandis que les dociles s’en allaient, les mains aussi pleines qu’à leur arrivée.
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - Dim 19 Mar - 17:47 |
| La Völva retrouva sa cape au même instant où Freymar retrouvait son impatience coutumière. Les Dieux avaient répondu, il en était sûr, mais qu'avaient-ils dit ? Son chemin serait-il semé d’embûches ? Serait-ce une voie tracée directement vers la gloire ? Elle ne le laissa pas dans le suspense durer plus longtemps et lui avoua enfin l'avis des divins sur son sort, le laissant songeur un instant.
Selon elle, les Dieux se trouveraient sur sa route si c'était là celle qu'il souhaitait emprunter. Des épreuves l'attendaient, non pas insurmontables, mais des épreuves tout de même. Il sera contraint de choisir ses mots, choisir ses actes, penser à toutes les circonstances qu'ils engendreront s'il ne souhaitait pas dévier de son but. À la fin, il aurait l'occasion d'être le héro du peuple ou d'une personne en particulier, ce qui lui fit froncer les sourcils. Pourquoi voudrait-il se contenter d'une seule personne ? Pourquoi les rayons de sa réussite n'illumineraient-ils pas l'ensemble de la Norvège ?
Freymar s'attendait plus ou moins à toutes les paroles qu'elle lui prononça, sauf celle-ci, mais il hocha la tête d'un air entendu. Son but pouvait être atteint et c'était tout ce qu'il souhaitait entendre. Il n'avait besoin de rien d'autre pour réussir. Fort de cette nouvelle assurance, il leva le menton avec une certaine morgue et un sourire s'étira sur ses lèvres. Peut importe les épreuves qu'il lui faudrait surmonter, il les attendait de pied ferme. Il irait lui-même les chercher s'il le fallait, avide de les affronter, de faire ses preuves, de se lancer dans cette quête de gloire qu'il recherchait depuis toujours.
La Völva s'approcha alors de lui, tendant une main tremblante dont il se saisit sans hésiter, mais avec une certaine délicatesse. Ses yeux se plantèrent dans ceux de Karáh alors que la question restait en suspens entre eux. Y avait-il autre chose qu'il désire venant d'elle ? Les questions qu'il s'était posées juste avant qu'elle ne questionne les Dieux lui revinrent, ébranlant son assurance, déstabilisant un instant l'homme qui pu une nouvelle fois évaluer tout ce qu'il avait manquer sur un possible malentendu. Sa bouche s'ouvrit, souhaitant lui poser la question qui remettrait en cause les sept années qu'ils avaient passé l'un sans l'autre, mais la peur retint ses paroles dans sa gorge et il à la place, il répondit :
-Non. Merci d'avoir accepté d'interroger les Dieux pour moi.
Comment se résoudre à poser cette question ? Comment se résoudre à entendre la question ? À se retrouver responsable de cette déchirure survenue entre eux ? À ses années passées à ressasser une rancune aussi violente à l'encontre d'une femme qui n'avait en fin de compte jamais fauté ? Qui avait été jeté à la rue à cause d'une intuition qui finalement s'avérait être fausse ? Freymar se pencha de tout son haut et lécha la paume de la Völva, mais il ne lâcha pas sa main, l'empêchant de partir.
-À vrai dire, si. Tu dis que tu n'as fauté qu'une seule fois en sept ans contre moi, mais que ça n'est pas pour la raison que je pense. Dans ce cas, quelle est cette raison ?
Tout en posant la question, Freymar sentit son cœur s'accélérer. Il savait à quoi mènerait la réponse qu'elle lui donnerait. Si cette faute n'avait effectivement rien à voir avec ce qu'il soupçonnait à la base, il devrait faire taire cette fierté qui l'empêchait de de s'excuser, d'admettre qu'il avait eu tort, qu'il avait accusé sans savoir, jugé sans preuve et condamné sans raison. Il espérait presque qu'elle lui réponde qu'elle avait tout inventé, qu'elle avait effectivement succombé aux avances d'un quelconque chien Norvégien et qu'il pouvait continuer à nourrir cette rancune si forte qu'il avait construit sur une base de sable... |
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - Lun 20 Mar - 10:16 |
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| Sujet: Re: Lost on you ~ Karáh - |
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