— a window to the past —

« Les Ases contre les Vanes ! » clame une petite rouquine aux cheveux autrefois soigneusement tressés, hissée en haut d’un grand rocher, pointant vers les cieux clairs une épée en bois. Les mèches s’échappent de partout et la voilà qui saute de l’énorme caillou pour foncer vers un autre groupe, entraînant à sa suite d’autres enfants décidés à en découdre. Avant de s’arrêter net et de héler son ainée assise au bord du lac autour duquel les enfants de Skogen ont l’habitude de jouer : « Silja tu viens ? On a besoin de toi ! - Et tu es dans quel camp, Arnisa ? - Les Vanes… mais tu vas voir, cette fois, on va gagner ! », enchaîne Arnisa très vite pour s’efforcer de convaincre Silja à lutter à ses côtés. La guerrière rousse a l’air déterminée à renverser le destin, âgée de neuf ans et déjà pleine de vie et d’envie à l’égard de son avenir. Sa grande sœur (11 ans, bientôt 12) ricane et finit par se lever et s’attacher les cheveux en une grossière tresse rapidement faite, qu’elle noue avec un ruban sorti de sa poche. « Très bien, petite sœur. Si tu le dis, allons coller une dérouillée aux Ases. En avant ! » Et la voilà qui emboîte le pas à la gamine, armée d’une branche un peu épaisse, pour rejoindre le combat enfantin qui s’est déclenché. Les deux camps s’affrontent, la quinzaine de gamins de Skogen ayant entre 5 et 13 ans, rejouant une des vieilles batailles des Dieux, qui a normalement vu la défaite des Vanes et leur soumission et alliance aux Ases.
Détaillant les visages aux joues rouges des enfants du village, Silja reconnait certains de ses camarades, notamment un des fils Ærnvåg, à qui elle devrait être mariée lorsqu’ils auront atteint l’âge. Mais pour l’heure, ils sont dans des camps opposés, et les Manirodinn s’entretiennent avec leurs alliés Vanes pour préparer un plan de combat. Du haut de ses neuf ans, Arnisa s’improvise porte-parole, pour s’avancer ensuite dans le no man’s land, pour déclarer que les vainqueurs décideront du sort des Neuf Mondes -et pourront choisir du prochain jeu. Et le combat s’engage.


Échevelés et crottés, les enfants se sont tous débarrassés de leurs vêtements après le jeu et ont sauté dans le lac assez chaud pour ce début de Sumar. Nageant un peu vers Styrr, dont elle ne sait pas vraiment si elle doit le considérer comme son fiancé ou pas, Silja arrive à sa hauteur et, battant des pieds, parvient à maintenir sa tête au dessus de l’eau. « À un moment, faudra quand même que vous nous laissiez gagner la bataille, hein. Sinon, Arnisa va finir par croire qu’elle est maudite, et ça va être compliqué de l’en dissuader. »