« Mon frère, notre temps est révolu. Les dieux grondent. Les entends crier du haut des cieux, je voit le mépris dans leurs yeux. Ils nous dédaignent, maudissent notre faiblesse. Les nôtres nous croient fort, supérieur de par notre mode de vie, le fait que nous avons réussis à survivre jusqu'ici sur ces terres maudites, mais ils se trompent, et nous sommes témoins de notre propre extinction. Pendant nous nous complaisons dans notre suffisance, les chrétiens gagnent en force, propageant leur religion du désert, brandissant à leur côtés la croix de leur idole cannibale.

Ces gens veulent prendre nos terres, nos femmes, nos filles. Ils veulent que nos fils se battent pour eux. Ils n'ont qu'un seul Dieu, faible, miséricordieux. Mais ils ont de l'or, et nos dieux si nombreux soient-ils ne peuvent suffirent à satisfaire le cœur des hommes cupides.
Un jour mon frère, il te faudra quitter nos terres, car ils viendront, et nous demanderons de renoncer à tout ce qui nous unis pour une poignées de pièce d'or et la promesse d'un royaume de paix dans le ciel.

Je leur crache dessus.

Ce jour là tu devras partir et te trouver un autre endroit pour vivre, car si tu refuse de te soumettre, il te tuerons de la pire des manière, car ils sont sanguinaires et n'ont de pitié que pour eux-mêmes, et la lame de leurs épées baignent dans le sang des nôtres.
Soit prêt mon frère, car ce jours viendra plus vite que tu ne le pense. ».



C'était une sorcière, du moins ce que les gens d'ici appelaient une sorcière.

Harald n'était pas son fils, mais pour lui, elle avait été comme une mère. Et elle était morte.

Sa vraie mère était morte en couche.
A sa mort son père avait quitté leur terre natale, pensant refaire sa vie ailleurs. Il mourut d'une mauvaise fièvre, trois ans plus tard.
Son grand frère, un bon garçon fort et capable, c'était alors chargé entièrement de son éducation, lui apprenant tout ce dont un homme de ce temps devait savoir.

Puis il se fit tuer par un ours.

Désormais, la seule personne à s'occuper du garçon était la sorcière, et bien qu'il fût en âge de se débrouiller seul, une présence chaleureuse dans une vie, pour panser ses blessures, ou partager sa nourriture n'était jamais de refus.
Ce fut elle qui lui enseigna la spiritualité des hommes du nord, et parfois même lui demandait de l'assister lors de ses rituels, et bien qu'il ne soit pas doté de la même perception du monde qu'elle, elle lui apprit même certaines choses qu'elle aurait pourtant refusée à n'importe qui d'autres , hommes ou femmes.

Nul ne savait pourquoi la Volvä en particulier s'était montrée aussi aimante avec lui. On disait qu'elle était la sœur de sa défunte mère, chose plausible au final.

Mais pour lui, elle avait été bien plus qu'une simple parente.

Et elle était morte.

Son corps fut porté par les hommes du village sur un brancard en bois. Quatre hommes, dont lui, sont chargés la transporter loin du village. Ils ne sont pas là par respect pour elle, simplement parce que lui leur a demandé leur aide. Quand Harald à enfin choisit un lieu, dans la forêt, ou déposer le corps, ils posent solennellement le brancard et s'en vont. Il n'a cure de leur insolence. De son couteau, il casse quelques branches et recouvre le corps de la vieille avec grand soin, avant de graver sur le tronc de l'arbre au pied duquel elle repose, la rune de la paix.

Il sent le vent sur son visage, s’enivre du chant des rivières non-loin et des sifflements des oiseaux.
Quand le frottement des branches des arbres se font entendre, c'est pour prier à ses côtés.

Puis il tourne ses pas et s'en va.


« Ils viendront et nous demanderons de renoncer à tout ce qui nous unis ».

Marchant dans les rues, complètement ivre, Harald se remémorait les derniers mots de son frère.
Trois ans étaient passés depuis ce jours. Il avait raison : la nouvelle religion avait corrompus tout les esprits faibles du village, avide d'or et aspirant à une vie tranquille. Dans le fond qui pouvait leur en vouloir ? Mais l'hypocrisie dont ils faisaient preuve lui donnait la nausée : s'il existait un paradis pour les gens biens, eux n'y seraient certainement pas les bienvenus.

Et une fois de plus il venait de le leur cracher en pleine figure.

A 23 ans, Harald était le cris d'alarme face à l'abandon des valeurs, le porte de parole de Dieux indifférents à sa cause.
C'était la haine de comptoir, celui que personne n'aime et qui n'aime personne.
Sa santé était un désastre général Le soir il rentrait rarement sans ses 5 grammes (et en dormait toujours très bien). Ses journées, s'il n'était pas occupé seul à ruminer l'on ne sait quoi dans son coin, il les passait à boire, manger et emmerder le monde.

Le jours annoncé par son frère était venu depuis longtemps, il le savait, néanmoins quelque chose ici le retenait, le forçait à rester.
Foutue nostalgie ? Sûrement. Mais rester parmi eux causerait sa perte, à moins qu'il n'accepte de se convertir à leur culte cannibale.
Très peu pour lui.
Mais d'abord, il devait se reposer : il ne lui servirait à rien de partir maintenant :dans l'état ou il se trouve il aurait tôt fait de s'écrouler de fatigue, ivre mort, et il peinait déjà à marcher droit des les ruelles du village.
Demain il prendra ses affaires et partira à la recherche d'un endroit plus vivable.

C'est là que trois ombres apparurent. Trois hommes, armés de bâton. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre ce qui lui arrivait : c'était la gueulante de trop, et cette fois il allait devoir le payer de sa figure.
Accoudé à un mur, il leur fit signe de la main.

-Venez !

Le premier coup, il l’interceptât de son avant-bras avant de répliquer d'un coup de poing au plexus avant que le deuxième homme ne vienne le frapper en pleine arcade, brouillant temporairement sa vision.
Il lève son bras en guise de réflexe et intercepte le coup suivant avant de asséner un revers du point dans les parties.
Le troisième s'occupe de le maintenir à terre de le frappant dans le côtes.

Ni plus ni moins, Harald sort son couteau et le plante dans le jarret, puis lui ouvre le ventre, puis la gorge. Il ramasse sa massue et frappe le deuxième, recroquevillé suite au choc dans ses partir, en plein visage, lui déboîtant la mâchoire.

Le dernier tente de s'enfuir. Harald le plaque au sol, plante son couteau dans sa main et l’assomme d'un joli coup de bâton avant de retirer la lame plantée dans sa main et de contempler la scène.

Un mort. Un à moitié. Le dernier était juste assommé, mais sa blessure ne tarderait ps à le mettre dans un état critique. Si les autres villageois tombaient là-dessus, il était bon pour perdre la tête.
Finalement il n'aura pas le temps d'attendre demain. Ni plus, ni moins, il partit d'un pas rapide en direction de sa maison, rassemblât ses affaires des affaires de premières nécessitées (ainsi que deux bouteilles d'hydromel), son arc et son épée avant d'enfourcher son cheval le plus rapide, libérant le reste de ses bêtes dans la nature.

Partant au galops, il fit une ultime halte pour jeter un dernier regard sur le village qui l'avait vu naître, et qu'il avait vu lentement dépérir à cause de la file qui avait touché ses occupants.

Tas de fumier.

Il crache par terre une dernière fois et talonne son cheval, quittant cette vie dans l'espoir d'une nouvelle, bien meilleure.



Trop voyager devient ennuyeux : c'était la leçon qu'il avait retiré de ces années sur les routes.

15 ans étaient passés depuis sa fuite. Il était parvenu à leur échapper et à ne plus jamais recroiser leur route. Quand à son village natal, il avait appris que celui-ci avait finit par se faire raser par des chefs de guerre en manque de terre.
Une bonne nouvelle.
Durant 15 ans il avait exploré le pays de long en large, s'éloignant parfois hors des frontières. Bien des mésaventures lui était arrivées, mais à chaque fois il s'en était sorti (non sans une certaine chance).

Maintes fois il envisageât de s'installer quelques part (une montagne isolée, une petite plage, un village simple et sans prétention) mais il y avait toujours quelque chose pour l'empêcher de vivre en paix et le forcer à quitter les lieux, des histoires parfoit incroyables qui lui étaient arrivés et qui n'arrivent pas chez certains en une vie entière.

Une fois il eu l'idée d'investir une petite île, vierge de toute présence humaine, jusqu'à ce qu'un groupe de pirates (un seigneur bannis et ses quelques fidèles) vinrent troubler sa quiétude. D'autres fois c'avait étédces créatures bien plus effroyables (et bien plus dangereuses).


Il se nichât alors dans une grotte qu'il avait aménagé come il pouvait, et y restât trois mois, jusqu'à ce qu'en rêve la Sorcière qui l'avait vint lui rendre visite pour lui rappeler d'où il venait, li rappeler sa terre natale, là ou il était née et là ou devrait mourir. Il ignore pourquoi elle vint le trouver maintenant, mais le lendemain il décidât de prendre la route vers son futur chez lui.

Le voici à, présent, accompagné d'une chèvre et d'un âne.

Non loin d'eux, un village que l'on dit paisible, perdu en forêt. Là-bas se trouve sa nouvelle maison, la dernière qu'il aura avant de quitter ce monde, celle que son père avait quitté à la mort de sa mère, peut avant sa naissance. Il tire en avant sur les rênes de son âne et sur la corde de sa chèvre, ceux-ci le suivent.

-On est bientôt arrivé.