QUELLE EST TA POSITION PAR RAPPORT À TON CHEF DE KYN ET AU JARL ? ≈ Le godi de Solstheim n’est autre que lui-même et le moins que l’on puisse dire, c’est que Markvart entretient une relation tumultueuse avec cet office. Sa vie durant, tous ses efforts ont été tournés vers l’accomplissement de ses desseins et il s’est évertué à se hisser jusqu’à la cime de la société, à grand renfort de sacrifices, de rouerie et d’influence. Néanmoins, une fois ce vœu exaucé, tout a foutu le camp. Il s’est laissé entraîner par la facilité, dilapidant son or en de nombreuses et fastueuses célébrations, reléguant ses responsabilités. Or, depuis que la prophétie est tombée tel un couperet, le Lund réalise que ce rang qu’il a si ardemment désiré pourrait causer sa perte, ce qui le comble d’effroi et ne fait qu’empirer cette spirale stupreuse.
Quant au Jarl, il le trouve fort jeune et fort inexpérimenté pour ce rôle si capital mais il respecte toutefois la parole des dieux et attend de voir les premiers actes de l’homme avant de le juger.


  EN QUOI FAIS-TU HONNEUR AUX DIEUX EN ÉTANT VIKING ? AS-TU EU À FAIRE DES SACRIFICES EN LEUR NOM ? ≈ Dévot et hautement superstitieux, il est tout naturel que Markvart offre maints sacrifices à ses dieux. Jadis, il ne manquait jamais de s’attirer la bonne faveur des déités avant de partir au combat ou en raid. À l’heure actuelle, il les révère lors de blots, lorsqu’il festoie. Il prie pour l’opulence, la pérennité de son influence et le salut des siens.

  QUELS MURMURES SE TISSENT SUR TON PASSAGE ? ≈ Il aurait tourné couard et faible ; le guerrier furieux et mortifère ne serait plus, aurait laissé place à un vieil homme fat et oisif, seulement obnubilé par des plaisirs éphémères et effrayé par des ombres sur les murs, fuyant les responsabilités comme un rat fuirait un chat.

Sa femme, Vala, lui aurait collé des cornes ; on l’a souvent vue, sous le couvert de la nuit, errer bien loin du lit seigneurial, le teint rosi pour une passion nouvelle et adultère.

Il aurait tout bonnement délaissé la couche de ses deux épouses, au fil des ans, éternel insatisfait, habité d’une soif insatiable, un dogue qui pourchasse un gibier fugace. On dit aussi qu’il aurait, maintenant, jeté son dévolu sur la petite esclave qui égaie la halle, plus jeune encore que sa propre fille.

  QUEL DESTIN PENSES-TU QUE LES DIEUX ONT CHOISI POUR TOI ? QUELLE EST TA PLUS GRANDE CRAINTE QUANT À TON AVENIR ? ≈ Depuis l’aube de ses jours, Markvart a été persuadé que son avenir serait glorieux et couronné de succès ; en ça il ne s’est pas trompé. Il a été un guerrier émérite et craint, un conseiller militaire incontournable et, épaulé de sa femme, a hissé les Lund à la dignité de godi. Ambitieux, il rêve de plus encore mais est troublé depuis bien des lunes par une prophétie faite à son encontre : fraîchement arrivé à l’acmé du succès, il sera terrassé par l’un des membres de sa famille. Cet sombre augure a fait bourgeonner en lui la paranoïa, il se méfie de tout un chacun.


  CE QUE TA NORNE POURRAIT TE RÉSERVER, OU LES DIEUX DÉCIDER ≈ La prophétie concrétisée; il est du domaine du possible que la völva ait vu avec sagacité les événements à venir. Markvart pourrait véritablement succomber à la lame de son frère ou de son fils.
La prophétie déjouée; les visions sont des éléments instables, abscons, leur sens est parfois caché. Il est possible que Markvart mène une longue et paisible existence, n'expiant son ultime soupir que dans l'hiver de ses jours, dans un foyer où, pourquoi non, la paix serait revenue.
La prophétie auto-réalisatrice. Transporté par de vives émotions, le Lund se démène avec l'énergie du désespoir contre ce qui semble inéluctable. Il est possible que, dans un accès de frénésie ou de paranoïa, il s'attire les foudres d'une tierce personne, extérieure à son sang, qui se chargerait elle-même de faucher le godi. Ce dernier serait alors, en un sens, le propre architecte de sa déchéance.

01 L’éducation que reçoit Markvart est rude, martiale, un apprentissage qui lui forge le caractère, le prépare aux vicissitudes de la vie et qui lui fait comprendre sa qualité d’aîné. Toutefois, au lieu de le rendre protecteur et attentionné envers ses cadets, cet enseignement le rend distant, creuse le fossé entre lui et ses frères et sœur, le farcit de morgue et le pousse à voir son propre avancement plus que toute autre chose. 02 Il se marie jeune, seize ans à peine, à la belle Vala qu’il a choisi entre toutes : elle est splendide, éveillée, ambitieuse et l’héritière présomptive du fils du godi de Skogen. Leur union balbutie allègrement, ils sont attirés l’un par l’autre, si bien par l’enveloppe physique que par l’essence, une relation fusionnelle qui promet monts et merveilles à ce couple qui convoite tant. Leur zèle est vite récompensé, le galbe de Vala s’arrondit ; moins d’un an après leur mariage, les dieux les bénissent d’un fils vigoureux, Ólaf, l’héritier qui fait rougir le pater de fierté. 03 Épaulé par son épouse, fort de son adresse au combat et de son génie tactique, on reconnaît bien vite les mérites de Markvart et le Jarl de son époque l’enrôle dans sa garde personnelle, honneur dont il se paonne fort et qui fait brûler haut les feux de son ambition. Il en est persuadé : les dieux lui réservent tant et plus. 04 Ses desseins se concrétisent quelques années plus tard : le Jarl le nomme conseiller militaire, pour le conseiller. Les autres meneurs lui décerneront le même office. Un rôle dans lequel il s’épanouit, comme s’il a été forgé pour cet emploi : on remarque son ardeur frénétique au combat, son esprit fertile donne naissance à de retorse stratégies qui portent le fruit ; le butin des raids s’engraisse considérablement, la position des Lund, déjà enviable, se fortifie encore. 05 Toutefois, un nuage noir vient assombrir le charmant tableau : le père de Vala décède dans la force de l’âge et le grand-père de celle-ci la retire de la succession, préférant l’oncle de la belle. Cette déchéance enrage le Lund ; tous ses espoirs volent en éclats et sa plus chère ambition lui est impitoyablement arrachée. Il a des mots rudes, alors, qu’il jette au visage de son épouse, dévoilant la vérité sur la raison de leur union, des mots implacables, nés des vapeurs de l’alcool et des démons de sa fureur, qu’il regrette presque aussitôt mais les dommages sont faits ; il a jeté l’hiver sur son mariage et les pieux qu’il a plantés dans le cœur de Vala ne peuvent être oubliés. 06 Une fois que l’on a goûté au nectar, il est ardu d’en oublier la saveur ; Markvart se jette à corps perdu dans ses responsabilités, consumé par son ambition, désirant s’élever par d’autres moyens que par la parentèle de sa femme ; il délaisse peu à peu la couche de son épouse et l’éducation de ses enfants, qu’il a pourtant aimés tendrement ; mais n’est-ce pas, en un sens, aussi pour eux qu’il le fait ? Qu’il s’acharne ? Il ne peut simplement pas s’entraver de choses aussi triviales que la formation de ses rejetons, qu’il délègue à l’épouse meurtrie. 07 Lorsque Vala frôle l’adultère et qu’une algarade fameuse remet les pendules à l’heure, les Lund décident de donner une ultime chance à leur couple, réconciliation éphémère qui donne naissance à une seconde petite fille, Sjoen, mais même ce charmant mouflet ne parvient pas à reforger ce qui a été brisé à maintes reprises. 08 Quatre ans plus tard, toutefois, les efforts pharaoniques de Markvart sont couronnés : dans de sibyllines circonstances, il est nommé Godi de Solstheim, détrônant la précédente famille. Consécration qui fait jaser, comme bien on peut penser, mais le Lund y est imperméable : enfin, il s’est saisi de ce qui lui revenait de droit, il a assuré sa suprématie et a hissé sa famille sur le trône. 09 Son exaltation tourne très vite en cendres : une prophétie lui apprend qu’il sera jeté à bas par un membre mâle de sa famille. Il se sent trahi, affolé ; son propre sang, ourdissant sa démise, afin de s’accaparer l’influence dont il a été l’architecte. Ses soupçons se tournent immédiatement vers son frère, Vikart, qu’il nomme à la tête de la Svart Brotherhood, afin de l’éloigner le plus possible et de lui donner un os à ronger. 10 Le Lund sombre peu à peu dans la paranoïa, flairant l’odeur du traître sur tout un chacun, se méfiant du plus infime serviteur. Dans sa frénésie, il dilapide sa fortune en de creuses célébrations, louant ainsi l’amour du peuple, comme si cette armure de parchemin pourrait le prémunir contre la lame fraternelle. Il érige des murs tout autour de lui, noyant ses démons dans l’alcool, rêvant avec nostalgie à ses combats d’antan, lorsque tout était plus simple et que l’ennemi ne se cachait pas ses intentions sous de froids sourires.