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 (Viðolfr) ﺃﺩﻣﻨﺖ ﺍﺣﺰﺍﻧﻲ
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Sujet: (Viðolfr) ﺃﺩﻣﻨﺖ ﺍﺣﺰﺍﻧﻲ   (Viðolfr) ﺃﺩﻣﻨﺖ ﺍﺣﺰﺍﻧﻲ Empty- Mar 9 Mai - 0:42

Le palpitant aborde une danse plus mouvementé qu'autrefois. Sahar garde les lèvres scellées et le regard un peu plus bas, depuis que ses maigres jambes ont foulé le sol de la demeure, la vraie, des Leiknir. L'esclave ne sait pas à quoi s'attendre, qu'importe les nuits qui se sont écoulées, qu'importe le calme étrange qui semble régner dans la demeure. Il y a les voix ; les voix animées, les hurlements d'une soeur envers ses frères, les cris autoritaires d'une mère, les sourires malins, discrets, du père. Les caprices d'une adolescente qui lui rappellent presque ô combien naïve elle pouvait elle-même l'être, à son âge. Sahar ose les dévisager, parfois ; elle lève les yeux une seconde, peut-être un peu plus, pour lorgner sur ceux tandis qu'ils mangent, une cruche à la main pour les abreuver. Elle n'ose pas encore totalement, malgré sa curiosité, malgré les questions. L'arabe est incapable de les retenir ; elles restent l'écho de son innocence, de l'enfant. Elle ne peut perdre cette part d'elle-même.
Elle ne fait rien, pour le moment.
Elle se tait, sourit, obéit, baisse la tête et courbe son dos autant qu'elle le peut.
Et surtout, elle garde la mâchoire serrée, peut-être un peu trop fort, par la colère qui danse et tournoie dans ses veines. Elle voit, dans l'oeil du père ; l'ombre d'une satisfaction depuis qu'il a cueilli certaines de ses larmes.
Et elle le déteste, pour cela.
Plus qu'autrefois.
Moins que sa propre personne.

La voix de la mère résonne dans la demeure, coupant le fil craquelé de ses pensées. La belle sent sa tête s'enfoncer entre ses épaules, tandis qu'elle serre ses fins doigts les uns contre les autres, lèvres pincées, corps tremblant, soumise. Elle ne comprend pas encore les mots, pas tous du moins, et la voix de Siv lui est encore étrangère, sa parole trop vive, trop rapide, comme si pour la femme, même le temps n'était pas vif.
Bien qu'elle ne comprend pas ce qu'elle dit, elle hoche de la tête et répond.
- Oui Madame.
Des paroles fusent encore, avant que le silence tombe. Sahar lève les yeux, croise le regard d'une autre esclave ; celle-ci lui sourit, certainement aimable, tandis que le visage de la métisse reste froid, vide. Elle la suit pourtant lorsqu'elle lui adresse un mouvement de main vers une des chambres. Quelques mots s'évadent de ses lèvres, Sahar reste stoïque, ne comprenant pas, et se prend de nouveau un sourire doux. L'instant suivant, elle se retrouve avec quelques vêtements - sales, certains humides par le froid et peut-être autre chose - entre les mains. L'autre femme disparaît, allant s'occuper de ses propres tâches, la laissant seule.
Lentement, au travers du silence - et de l'écho lointain des voix, toujours présentes - le corps se détend. Sahar ose lever un peu plus les yeux, dévisage la pièce pour la première fois.
Aussitôt, une grimace déforme ses traits ; le nez se plisse et les lèvres se pincent de mépris, les yeux posés sur les tissus - trop nombreux - égarés contre le sol.
La belle ferme les yeux une seconde, inspire un moment - cherche des forces, peut-être bien, se dit qu'elle s'est occupée de gamins, qu'elle peut bien ramasser les saletés d'un adolescent, Thorleik ?, - avant de poser ses frêles genoux au sol.
Elle pince ses lèvres lorsqu'un parchemin se froisse sous son poids ; l'étrangère y appuie un peu plus son corps, le dévisage longuement tandis qu'il se plie, hésite une seconde à le déchirer, avant de se décaler, s'éloigner.
Elle inspire encore longuement avant de se mettre au travail ; si elle commence d'abord à empiler les vêtements dans ses bras, il lui faut peu de temps avant de se rendre compte qu'ils sont trop nombreux. Alors, elle les met dans le coin de la pièce, proche de la porte, et essaie tant bien que mal, tandis qu'elle se déplace au travers des divers écrits, de ne toucher à rien. Et ce, qu'importe si l'envie est forte.
Elle aimerait tout casser.
Déchirer le moindre de ces parchemins.
La belle reste sage, pourtant ; elle expire lentement et se met à humer, pour calmer la tempête qui ne prend aucun recul, dans ses veines. Elle hume d'un ton doux, et laisse des paroles s'évader de ses lèvres, légères, basses, tandis que, un genou poser sur le lit, elle s'empare des caleçons perdus dans les draps.
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Sujet: Re: (Viðolfr) ﺃﺩﻣﻨﺖ ﺍﺣﺰﺍﻧﻲ   (Viðolfr) ﺃﺩﻣﻨﺖ ﺍﺣﺰﺍﻧﻲ Empty- Mar 9 Mai - 18:32

i got addicted to my sorrows


26 mars 795

L’air a changé. Sous le toit de la demeure Leiknir résonnent désormais les échos d’un passé refoulé, un futur auquel on ne croyait plus et un autre, peut-être, qu’on craignait seulement d’envisager. Le quotidien s’est coloré de la chaleur grave de la voix d’un père étranger, à laquelle répondent les toux, de moins en moins froidement maîtrisées, d’une mère fatiguée ; au milieu, les piaillements chamarrés d’une oisillonne de sœur prête à prendre son envol, les ricanements d’un frère qui dresse un menton commençant à s’ombrager ; sur le côté, reste Viðolfr, et ses nuits plus blanches que jamais. Quand son père a franchi la porte, la maison s’est retournée et si tout un chacun semble avoir les pieds solidement arrimés au sol, Viðolfr, lui, s’est retrouvé projeté, brinquebalant, contre le plafond, et n’ose goutte relever sa piteuse frimousse vers ses supérieurs. À ces derniers, alors, il n’impose sa vue que si nécessité administrative se présente ; maints repas ont été négligés, maints contes de vie châtelaine manqués au coin du feu au profit d’un travail urgent à boucler, d’une nuit de repos bien méritée — pourtant, dans l’arrière-boutique, au lieu de griffonner, une ombre fait les cent-pas le jour et, la nuit, quand tout le monde devrait dormir, la même louvoie jusqu’au garde-manger.

La veille, il y a eu tempête ; aujourd’hui, Viðolfr dissimule un nouveau pansement pourtant, la course du soleil n’est pas de moitié entamée que, se brossant machinalement le flanc, il grimace en sentant du bout des doigts suinter de la poisse à travers le lin blanc de sa chemise. Il peste sur les bijoux clinquants qu’il termine de ranger à une main, le coup d’œil farouche par-dessus l’épaule, et se gratte les boucles encore glacées de sel à leur racine en s’élaborant un prétexte préventif qui le mène, une dizaine de minute plus tard, au palier du deuxième étage. Il n’a croisé personne mais, silencieusement, les lèvres psalmodient l’apologie qui pourrait encore lui être exigée au retour. Pour l’instant, la porte de sa chambre étant à bout de bras, il est sauf. Erreur : de l’entrebâillure inaccoutumée filtrent les bruissements furtifs de pieds sur le plancher, d’étoffes froissées, d’un souffle même, celui d’un étranger. Aussitôt Viðolfr se gonfle et s’empourpre : quelle créature malavisée a bien pu oser pénétrer ainsi inopinément dans ses sacro-saintes pénates ? Mère et père, de par leur désintérêt, sont instinctivement écartés ; restent une sœur et un frère d’humeur fouineuse, ou un esclave trop zélé pour son propre bien — peu importe ! La tempête qui bourdonne aux tympans du Leiknir va s’engouffrer par la porte et tout pulvériser sur son passage. Juste le temps de prendre son élan. Et il va leur dire ; oh comme il va tonner et comme ils vont entendre, les tolérés comme les étrangers, cette foudre leur claquer les doigts qu’ils ont cru pouvoir laisser traîner comme ça !
Pourtant soudain, le poing se dénoue, et le bras qui s’était dressé retombe, ballant, tandis que les iris se noient dans l’émoi qu’une douce mélodie vient de raviver au sein du cœur d’enfant qui vacille et trépide au bord des lèvres et, déjà, elles se fendent, amorçant le nom d’un secret que Viðolfr ne s’avouait plus contempler :
« Zahi… »
L’espoir se meurt à l’instar de l’enfant dès lors que ce dernier a poussé la porte et posé ses billes brillantes sur l’étrangère ; à nouveau, les doigts se serrent, et les ongles s’enfoncent dans la chair de la paume mais les pupilles, en chas, restent singulièrement braquées sur l’intruse dont le silence rogne un peu plus à chaque seconde la certitude logée en Viðolfr, qui capitule. Les paupières closes, il cherche, dans une inspiration tremblante, et retrouve les vers inachevés, qu’il complète, d’un souffle au bord des lèvres un peu maladroites, car elles ont eu plus d’une demie vie pour oublier les délicates modulations du chant exotique que, pour la première fois, Viðolfr babille à un auditoire, plutôt que de lancer une bouteille à la mer.
L’écho de la voix de Zahira frémit une dernière fois en lui, puis, Viðolfr rouvre les yeux ; ils veulent fuir, aussitôt, la réalité se burinant plus cruellement encore sur sa rétine et pourtant c’est la curiosité, avide, qui surpasse la crainte.
« Ces mots… » s’aventure-t-il dans un chuchotement de cette langue à la contrée inconnue, l’articulation confuse, difficile, lui arrachant un grognement de frustration. « Où les… avoir-tu… entendus ? »


Dernière édition par Viðolfr Leiknir le Mer 10 Mai - 15:54, édité 1 fois
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Sujet: Re: (Viðolfr) ﺃﺩﻣﻨﺖ ﺍﺣﺰﺍﻧﻲ   (Viðolfr) ﺃﺩﻣﻨﺖ ﺍﺣﺰﺍﻧﻲ Empty- Mer 10 Mai - 0:54

À susurrer de maigres paroles qui, avec le temps, ne sont que des chimères sournoises dans ses pensées, Sahar ose laisser fleurir l'ébauche d'un sourire, au coin de ses lèvres. Il est timide, maladroit ; elle ne sait plus réellement comment le faire naître, et quelque part, il y a un certain malaise qui danse contre sa peau. Le rictus lui ait dérangeant; il lui fait le même effet qu'une poussière dans l'oeil, qu'une brindille dans les cheveux. Le nez plissé, elle essaie de le contenir. Elle essaie de le faire disparaître, de le chasser comme l'on fait avec une mouche. Il n'est pas désiré ; au delà même de cela, il est presque ennemi. Car il lui fait du bien, pendant un instant. Un sourire minime mais tout de même présent qui, d'une manière ou d'une autre, éveille des rêves contre sa peau et chamboule la dure réalité. Elle ose croire, sans même s'en rendre compte. Elle ose faire un geste anodin, se perdre dans la chose. Et puis, elle chantonne un peu plus fort, sans réellement s'en compte, et le rictus craque. Il craque, au bord de ses lippes, et emporte avec lui des brins de réel pour en faire des chimères. Des chimères tristement belles qui, valsent dans au coeur de ses maux, brillent d'un éclat un peu trop fort, et en quelques secondes, dévoilent leur vrai visage.

La porte grince, un mot se fait entendre.
Le corps se tend, le rictus se perd dans sa tombe.

Sahar baisse les yeux ; c'est la seule chose qu'elle peut bouger, suite au choc. Puis, après un souffle - un souffle brisé, cassé, fracassé - elle lève les yeux vers l'ombre qui s'est approché. La surprise tangue dans ses yeux, un instant. Elle fronce des sourcils, le nez se plissant, une lueur apparaissant dans l'oeil. Elle le reconnait. Sahar reconnait l'homme mais ne saurait dire qui il est réellement. Il traîne - non, rode - dans la demeure, mais reste toujours à l'écart. L'étrangère s'imagine qu'il est esclave ; peut-être d'un rang supérieur, peut-être même employé, aussi. Il reste une intrigue qu'elle n'a pas parfaitement comprise, encore, une question qui reste sans réponses, comme beaucoup d'autres certainement.
Les sourcils se froncent un peu plus et elle se redresse du lit, lentement. Le regard ne s'affaisse pas ; il reste haut, fier. Noir, surtout. Noir, comme les abysses qu'elle porte en son sein. Noir, comme la rage qui valse dans ses veines et s'écrase à chaque vague contre ceux qui osent planter leurs prunelles au creux des siennes. Alors, elle s'écrase une fois, puis deux, et puis cinq, sa rage, au fond du regard de l'étranger, avant qu'il n'ouvre les lèvres.

Et parle.
Parle sa langue.

Le coeur cesse tout battement tandis que les mains, fragiles, étranglent le tissu qu'elles agrippent. Sahar sent l'écho des larmes qui se glissent au creux de ses prunelles, les empêche de la quitter. Elle le fixe, l'oeil fou, le stoïque brisé sur les traits. On y voit la confusion totale, l'espoir tremblant. Puis, le cerveau capte enfin les mots ; la cassure au travers de la prononciation, l'accrochage dans un mot, dans une conjugaison.
Aussitôt, elle fronce des sourcils, les jointures blanches.
Le coeur reprend ses battements, rate un bas, s'écrase contre le sol, se tord de douleur puis, reprend place.
Il rage ; elle rage.
Les mots la quittent avant même qu'elle les pense.
- Ne parles pas cette langue ; les mots grincent, s'évadent difficilement de ses lèvres pincées. Elle tend la main, pour le désigner, un doigt accusateur posé vers sa personne. Dans l'autre main, elle tient toujours le caleçon. Ne parles pas cette langue si c'est pour ne lui faire honneur.
Le dernier mot craque ; Sahar ferme les yeux, avale difficile. L'émotion est forte et les vagues tout autant, au bord de ses paupières. Elle sent le cristallin salé qui menace de couler. Elle sent tout son être qui menace de s’effondrer. Depuis combien de temps n'a-t-elle pas entendu une voix outre que la sienne parler sa langue natale ? Et il aura fallu que cette autre voix soit maladroite.
Sa mâchoire se serre si fort qu'une larme de sang glisse de ses lippes à défaut d'une larme contre sa joue. Sahar la chasse du revers de la main, sans quitter son regard.
L'oeil abandonne ses traits, pourtant, pour lorgner sur la carcasse du garçon - ou de l'homme ? elle ne sait pas réellement -. Il reste une intrigue, une lourde et difficile intrigue qui, à sa simple existence, la confuse plus que moins. Sahar déteste cela.
Elle le déteste lui aussi, alors. Mais ça, ça ne le change pas des autres ; elle les déteste tous.
Ou du moins, elle aime le croire. C'est pire, lorsqu'on les aime.
Lorsqu'ils lui apportent autre chose que la haine.
- Sors, qu'elle conclue dans la langue des barbares, lorsque son oeil revient se nicher dans le regard captivant de l'étranger. Sors, sinon les maîtres te puni - elle fronce des sourcils, cherche le mot, le souffle finalement en anglo-saxon, sans s'en rendre compte - te puniront.
Sans rien ajouter, elle retourne aux vêtements sales.
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Sujet: Re: (Viðolfr) ﺃﺩﻣﻨﺖ ﺍﺣﺰﺍﻧﻲ   (Viðolfr) ﺃﺩﻣﻨﺖ ﺍﺣﺰﺍﻧﻲ Empty- Mar 23 Mai - 19:12

Il y a quelque chose dans la gorge serrée de Viðolfr ; une douleur, n’étant pas sans lui rappeler les courbatures qui l’alourdissent les jours suivant un matin de tempête et, furtif, un parfum, aigre-doux et fleuri, vaporeux sur ses lèvres entrouvertes qu’il clôt dans une déglutition, comme craignant qu’il ne s’échappe et trahisse le parchemin du passé qui se déroule derrière ses pupilles quand soudain, une voix tonne, résonne, alpaguant les iris qui se décrochent du sol pour s’écarquiller sur la colère de l’étrangère dont, s’il ne comprend le sens, Viðolfr reconnaît la mélodie. La tête entre les épaules et le dos arqué en arrière tel un arbre qui ploie sous une rafale, le gamin Leiknir, médusé, papillonne des paupières avec la même perplexité que s’il venait de voir passer une truite. L’épaule lourde, il se sait accablé mais ne saisit pas sa faute et la cherche, la panique au bord du souffle, dans l’écho des paroles qui lui chatouille encore l’oreille sans réussir à tout à fait s’y poser. La concentration l’aveugle, la chambre et l’inconnue en son sein s’évanouissant l’instant de la quête intérieure de Viðolfr dont la frustration feule finalement entre ses lèvres quand il se hasarde à singer, dans un murmure à peine articulé, quelques curieuses syllabes.
« Parle… pas… »
Un grondement roule sur sa langue alors que tête et boucles se secouent d’impatience et, boudeur, Viðolfr croise les bras, observant finalement la présence de l’étrangère, du coin de l’œil, qu’elle accroche à cet instant même, lui faisant instinctivement prendre un pas sur le côté pour affermir l’équilibre désaxé qui l’arrime au sol de son domaine. Alors, le cou se gonfle, les dents se meulent, les yeux se fendillent et l’émoi se terre sous la braise qui se ravive au creux du ventre de Viðolfr, contrarié dans son univers ; la mélodie pourtant, encore frémissante au cœur, aurait pu garder l’énigmatique jeune femme des flammes, si elle n’avait eu l’audace de lui rauquer l’impensable : un ordre. Le Leiknir manque d’en échapper sa mâchoire. Soudain, le dos se raidit, le menton se redresse, le torse se bombe et, les naseaux blêmes et sifflants, Viðolfr gronde :
« Est-ce envers tes maîtres ou ta propre personne que tu te serais oubliée pour me parler sur ce ton, esclave ? »
Le dernier mot est craché, conspué pour mieux hisser son itérateur à la place qui lui incombe et dans son écho, un Viðolfr spectateur reconnaît les tonalités paternelles, sent un regard invisible posé dans sa nuque qui se crispe, se dresse et, enhardi, il s’avance, son pas lent, chaviré et pourtant lourd sous ses pointes faisant grincer le plancher comme sa mâchoire sur laquelle s’agite un nerf.
« Et qui t’a donné la permission de pénétrer dans mes quartiers ? » siffle-t-il en arrachant un vêtement des mains de la créature. « De toucher à mes affaires ? »
À cette mention, le rouge, dans un soubresaut de son estomac, bondit aux joues de Viðolfr qui roule précipitamment des yeux pour aviser l’état de son antre, de la pile de vêtements près de la porte en passant par un coffre laissé entrouvert pour s’arrêter sur l’amas de parchemins qui parsèment le chevet du lit et sur lesquels il se précipite, contournant l’esclave en un bref arc de cercle. Plié en deux, il ramasse hâtivement ses précieuses possessions, les empilant tant bien que mal dans ses bras dont quelques rouleaux s’échappent, arrachant des grognements à Viðolfr qui peste dans sa barbe en s’acharnant deux ou trois fois à les caler avec les autres, pour finalement se résigner et aller vers le coffre dont il remonte le couvercle d’un coup de pied avant de larguer une première cargaison à l’intérieur.
« Personne, » reprend-il, sec, en ramassant le reste des parchemins, « je dis bien : personne, n’entre chez moi sans avoir reçu mon explicite autorisation. » D’un coup de poing, il referme le coffre dont le fer claque. Les lèvres blêmes et pincées, Viðolfr fixe le battant du fermoir qui oscille quatre ou cinq fois, piaulant, avant de s’immobiliser. « Est-ce clair ? »
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Sujet: Re: (Viðolfr) ﺃﺩﻣﻨﺖ ﺍﺣﺰﺍﻧﻲ   (Viðolfr) ﺃﺩﻣﻨﺖ ﺍﺣﺰﺍﻧﻲ Empty- Mer 24 Mai - 2:00

Elle ne voit pas ; Sahar ne voit pas, derrière elle, la bête sauvage - craintive, aussi, et malhabile - qui se braque et qui sort les crocs, les griffes, lentement. Elle ne voit pas, non la belle étrangère, tandis que ses doigts cherchent les vêtements et que son coeur bat toujours un peu trop fort. Tandis que la danse la prend par les tripes et que son souffle reste encore trop court, au travers de ses lèvres. Elle aimerait fermer les yeux et dormir quelques heures, assez longtemps et suffisamment profondément pour ne pas faire de mauvais rêves, mais elle ne fait que cela, depuis des jours. Son corps tremble ; il tremble au moindre bruit, et se tend, aussi, lorsqu'elle doit passer proche des flammes de la maisonnée. Elle a peur ; la métisse reste silencieuse mais tremble de peur.
Derrière elle, une flamme s'éveille par une étincelle qu'elle a semé, au ton de sa voix, au son de ses mots.
Sahar ne sait pas
Sahar se dévoue à la tâche et essaie de faire de son mieux, car elle a peur, un peu, des coups contre sa peau et du regard de la dame de la maison. Elle sait, avec les années, reconnaître l'oeil des tyrans. Peut-être la femme aborde-t-elle des sourires doux, mais ses paroles restent puissantes, qu'importe si la princesse déchue ne les comprend pas toujours.

Elle sursaute, Sahar, lorsqu'une autre voix violente lui fait violence. Le corps entier devient rocher, et sans qu'elle ne se rende compte, sa tête s'enfonce entre ses épaules, les vêtements lui étant arrachés des doigts. Si le corps se tourne vers le garçon étrange, le regard s'échoue contre les lattes de bois.
Elle tremble, malgré elle.
De honte, certainement. Honteuse d'être devenue si faible, colère d'être si soumise au ton impérieux de leur voix.
Certaines nuits, les meilleures, elle rêve de ses doigts qui s'enfoncent dans leur gorge, s'enroulent amoureusement autour de leur trachée et tirent, brusquement, arrachant tout.
Détruisant le son horrible de leur voix.
- Pardon monsieur ; qu'elle susurre, la tête encore plus basse, si possible, tandis qu'il gronde encore. Elle ne comprend pas totalement ses mots ; certaines parcelles, par-ci et par-là, assez pour se créer un ensemble flou. Assez pour savoir qu'un pardon est exigé.
Une chose est sûre ; il n'est pas esclave. Elle ne sait pas qui il est, confuse, mais il n'est pas comme elle.
Le corps se braque encore ; elle entend les bruits et lève les yeux, pour le voir nettoyer, puis pour voir le coffre. Les lèvres se pincent et elle ferme les yeux, des souvenirs la frappant, un haut le coeur la prenant.
Elle serre les doigts, les ongles sales au creux de ses mains pales, s'enfoncent. La douleur n'est rien au côté au malheur de son pauvre coeur.
Elle aimerait fuir ; elle rêve de fuir. Sahar est un oiseau enfermé dans une cage depuis des années, revenant de liberté, inconsciente que depuis longtemps ses ailes lui ont été coupé.
Le regard sombre reste accroché au coffre. Elle lève un peu les yeux, ose le faire, ose l'observer lui, l'être étrange au milieu de la pièce. L'être étrange au souffle court et aux joues rougies par la colère. La sauvage ne voit qu'une part de son visage, n'ose pas l'affronter en entier, mais ose pourtant froncer des sourcils, car il n'observe pas vers elle, le dévisageant un peu.
Il l'intrigue, dans sa folie, dans sa maladresse. Elle tremble, certes, mais une part d'elle reste curieuse face à la tempête ; le vent a soufflé, mais n'a qu'effleuré sa peau. L'étranger est plus atteint par ses propres vents.
Les dents s'enfoncent dans ses lèvres, une seconde, avant qu'elle ne bouge ; le plancher grince et elle penche la tête, dévoile son échine, dévoile sa soumise, cette chose qu'ils aiment tant. Sahar ne sait pas s'il observe, mais s'approche ; ses pas effleurent un parchemin, oublié. Elle s'arrête, se penche et l'effleure du bout des doigts, voit quelques lignes arabes, le coeur se serre, puis l'agrippe.
Lorsqu'elle se redresse, son regard croise le sien et elle baisse les yeux, aussitôt. Elle reste sans mots, fait de gestes lents, comme un fin animal devant un prédateur, pose ses doigts délicats contre le coffre, l'ouvre et y enfouit avec une certaine douceur le parchemin.
Puis, elle s'arrête.
Elle arrête de bouger, de respirer, de vivre.
Juste une seconde, les yeux fermés, avant de recommencer.
Assez pour être courageuse et croiser son regard, de nouveau. Un éclat vert capte la noirceur de ses iris et, le souffle brisé, elle se permet des mots hasardeux;
- Madame a ... - elle fronce des sourcils, cherche, cherche. Fronce des sourcils, plus fort, se mord la lèvre. Madame dire chambre sale. Je - Madame dit, je fais.
Un silence, quelques secondes. Elle l'observe, encore; quelque chose dans son oeil, dans le sien, peut-être. Une lueur passant d'un regard à l'autre.
Elle penche la tête, de nouveau, les mains liés, ses doigts effleurant les marques fantômes à ses poignets.
- Pardon Monsieur. Madame demander, qu'elle conclut, nuque offerte, attendant sagement, face à lui, si petite face au grand et bizarre étranger, sa réponse.
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Sujet: Re: (Viðolfr) ﺃﺩﻣﻨﺖ ﺍﺣﺰﺍﻧﻲ   (Viðolfr) ﺃﺩﻣﻨﺖ ﺍﺣﺰﺍﻧﻲ Empty- Dim 4 Juin - 18:05

L’écho du discours patronal bourdonne encore aux tympans ; le poing reste serré et les yeux braqués sur le coffre. Viðolfr attend, son estomac noué bondissant à la fois sous l’élation d’une tâche bien accomplie et l’angoisse du faux pas qu’il ignorerait ; il attend, une tape dans le dos pour le féliciter, ou sur sa joue pour le gronder. Ni l’une, ni l’autre ne tombera. Pourtant, lorsque l’esclave se meut enfin dans un bruissement, Viðolfr prend un pas en arrière, ses épaules allant enclore sa mâchoire, la nuque courbée prête à accueillir le châtiment d’une faute qui restera inexpliquée. S’il n’ose affronter l’issue de son audace dans les yeux, le garçon observe les petits pieds qui glissent presque sur le plancher, se rapprochant, jusqu’à le forcer à relever un nez froncé sur le parchemin oublié et ces doigts, abîmés mais fins, si délicats dans la façon dont ils enclosent, cajolent le rouleau, qu’ils s’emparent un instant de l’attention de Viðolfr. Quelques secondes de contemplation durant lesquelles, à nouveau, l’allégresse du souvenir se ravive dans le cœur du garçon ; souvenir de la douceur d’une paume sur sa joue, de doigts dans ses boucles, d’un chant à ses yeux fermés. Souvenir d’une fermeté aussi, dans la voix, dans les gestes ; la fermeté d’une femme que l’on voulait enchaînée mais qui s’enorgueillissait des quelques choix qu’il lui restait ; la fierté de l’héroïne qui ploie le dos mais jamais l’esprit.
Ce n’est que lorsque le silence est brisé par la voix de l’inconnue que Viðolfr réalise avoir été accroché par les prunelles noires et brillantes ; vivement, il détourne la tête, grinçant de la mâchoire en spéculant, trop tard, que sa position de pouvoir lui donne raison de la dévisager. Cependant, lorsque sous des sourcils boudeurs il ose à nouveau relever les yeux vers elle, c’est pour les poser sur sa nuque, ses cheveux tombants dévoilant quelques vertèbres frêles et anguleuses. Lèvres pincées, Viðolfr déglutit une lapée de salive amère et, bras croisés, dépasse l’esclave pour s’approcher d’une fenêtre. Les doigts, hésitants, grattent la poignée avant de l’ouvrir. Une brise aux relents d’hiver flatte ses boucles, lui mordille les joues, pince ses sinus et gonfle ses poumons. Viðolfr détache une main du rebord de la fenêtre pour désigner les lieux d’un mouvement elliptique, mais le regard reste rivé sur la forêt de toits qui s’étend jusqu’au rivage.
« Cette chambre est à moi, » déclare-t-il enfin, la voix posée sourdement dans la gorge, « et moi seul décide des conditions de sa tenue. »
Le bout des lèvres disparaît entre les incisives de Viðolfr qui déglutit le doute du choix de formulation qu’il aurait certainement revu si le message avait été itéré face à sa mère ; le fond, cependant, serait resté le même. Les maîtres laissent le chien se targuer de faire la loi dans sa niche, tant qu’il observe scrupuleusement les règles une fois la patte posée dans la maisonnée.
« La prochaine fois que mère te donne l’ordre d’interférer avec mes affaires, tu viendras me trouver avant de t’exécuter. » Brusquement, il tourne la tête vers l’esclave et le ton se fait plus pressé d’autorité, peut-être, ou de curiosité : « Et quand je te poserai une question, j’aimerais… » Le Leiknir s’interrompt, dissimule son hésitation dans une petite toux rauque derrière son poing, et reprend : « Quand je te pose une question, j’exige une réponse. »
Après une pause, Viðolfr se tourne, dos à la fenêtre sur le rebord de laquelle il appuie les mains en arrière, la nervosité peignant ses jointures d’un blanc laiteux. Les iris verts, élargis, roulent de droite à gauche sans jamais se poser sur l’esclave avant que le garçon ne s’enhardisse à prendre une décision :
« Car j’attends toujours une réponse. » Les iris se figent, quelque part entre la pommette et le coin des lèvres de la créature. « Où as-tu entendu ces mots, ceux de ton chant ? »
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