Un raid de plus de terminé. Encore un apportant plus de richesses. A sa famille, mais au Jarl qui distribuerait une partie du butin aux valeureux guerriers revenus des combats. Des morts, il y en avait, tout le temps, à chaque raid, rare durant les pillages, les paysans peut enclin à se défendre étaient des cibles faciles. Certains guerriers se plaisaient à violer ces pauvres femmes avant de leur trancher la gorge ou pire parfois. Cette fois encore Rúna avait visité une bicoque après le passage d’un de ses compères et n’avait pu détourner le regard du tableau ensanglanté qui s’offrait à elle. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi cela se produisait et pourquoi c’était accepté. Si elle détenait le pouvoir elle ferait surveiller chaque guerrier par une systr raudr pour s’assurer qu’aucun honneur ne soit retiré à quelconque femme, qu’elle soit païenne comme eux ou chrétienne.

Le cuir de son armure trempé par la pluie qui n’avait cessé de tomber, quelques peintures de guerre restaient visibles sur le visage lavé de sang de la belle brune. Ses consœurs déjà retirées et en chemin jusqu’à leur repaire de Skogkatt, Rúna préféra comme à son habitude se relaxer à sa manière, le repos du guerrier, elle en profiterait une fois rentrée à la demeure familiale après avoir essuyer les remontrances de ses frères aînés qui n’appréciaient absolument pas de savoir leur unique sœur, une femme épée à la main. Et son épée, contrairement à son bouclier qu’elle avait laissé à l’entrée de l’auberge,  elle l’a gardait bien à l’abri dans son fourreau. Elle n’avait pas encore prit soin de nettoyer le sang de ses ennemis séché sur la lame, mais là aussi elle avait le temps de le faire. Tout de suite, elle comptait profiter de l’instant, l’adrénaline n’étant pas entièrement redescendu.

Assise comme à son habitude dans un coin loin de l’entrée pour ne pas avoir à croiser le regard de Vikart s’il venait à franchir la porte de bois, elle se délectait de l’alcool qu’on venait de lui servir. Sans doute la seule femme, ou plutôt la seule guerrière présente dans ce coin-ci de l’établissement, elle se perdait dans ses pensées les plus sauvages en croisant non loin, le regard océan de celui dont elle aimait le contact. Celui avec qui il lui était d’habitude de se réconforter lors de long raid loin des siens, loin de sa fille tant adorée. L’homme imposant qu’elle ne connaissait que trop bien finit par s’installer près d’elle, faisant tinter leur coupe respective. « Skøll » Las de cette ambiance, fatiguée par la journée passée, Rúna laissa tout de même échapper un sourire à son amant lorsque celui-ci vint la complimenter. Il était charmeur, elle lui reconnaissait ça mais sur son visage aussi la fatigue se laissait entrevoir en même temps que le désir dans son regard qu’elle ne pouvait quitter. Quelque peu perdu dans les profondeurs de ces billes bleues intense, elle se remémora leur dernière étreinte, la chaleur de ce corps musclé contre le sien. Elle ne se surprit même pas à éteindre son regard et pencher la tête à repenser à ses mains travailleuses caressant sa peau douce. Elle ouvrit les yeux et regarda l’assemblée en pleine festivité. Les femmes vendant leur corps à qui le souhaitait la répugnaient quelque peu mais elle finit sa boisson avant de prendre la parole.  « Tu ne souhaite pas profiter de cette victoire avec les autres ? »  

Remplie de soulards et de femme de plaisir, l’auberge n’aurait même pas eu besoin de la chaleur de l’âtre centrale si le froid n’était pas aussi mordant et la pluie glacée. Après une telle journée, cette chaleur, bien que trop bruyante était des plus agréables. Certes, elle préfèrerait se trouver chez elle dans un bon bain chaud mais cela serait pour plus tard. Elle avait pleinement conscience des épreuves qui l’attendaient avant qu’elle ne puisse pleinement se relaxer dans la chaleur  délicieuse d’une eau laissé au dessus du feu de longues minutes. Alors pour le moment elle se contentait de ce que lui offrait l’auberge, évitant de trop poser son regard sur l’ambiance alcoolisée qui régnait.

Jamais en ces lieux elle ne craignait pour sa vie, bien au contraire. De part son nom personne n’osait s’attaquer à elle, et ceux qui avaient l’audace de s’approcher de la belle se faisaient repousser par celle-ci. Elle n’était pas comme toutes ses autres femmes ici, elle ne s’offrait ni pour de l’argent ni pour du simple plaisir, malgré son veuvage. D’ailleurs, elle se présentait ici qu’au retour de raids, jamais à un autre moment, son statut de Skjaldmö, de seconde de la commandante et Lund, ne lui en donnait ni le temps ni l’envie. Jamais elle n’était dans quelconque excès, même lorsque son frère donnait des réceptions gigantesques pour plaire au peuple, et surtout, elle n’abusait jamais de son statut social, du nom de sa famille. Et si quelques hommes étaient attirés par la tentation de prendre dans ses filets la jeune femme Lund au célibat confirmé, ce n’était pas son cas à celui qui se tenait à ses côtés. Celui au regard hypnotisant et rempli de désir pour elle autant qu’elle en avait pour lui. Eskil n’avait rien à voir avec les autres hommes présents dans cet établissement. Il ne se jetait pas sur les trimardeuses ni à excès sur la boisson. Caractériellement parlant, il avait ce quelque chose d’attirant, de respectueux et d’incroyablement fascinant. Peut-être était-ce du au regard passionné qu’il affichait ou bien la douceur cachée à l’intérieur de ce corps imposant le respect.

Rúna s’attendait à la réponse qu’il lui donnait, elle savait qu’il n’était pas fervent de ces comportements et de ses légèretés, préférant l’intimité et la complicité à un simple coup d’un soir.  Ils étaient si similaires tout les deux. Elle avait beau être veuve depuis bon nombre d’années, les bras d’Eskil étaient les seuls dans lesquels la belle s’était autorisée à tomber sans rien de plus sérieux. Lui étant marié et père, elle ne s’attendait pas à ce qu’il divorce, non du tout. Tout les deux c’était juste l’histoire de temps en temps, lors de raid, ou à leur retour, avant de retrouver leurs obligations respectives, tout en ayant un attachement particulier pour l’autre. Du moins, c’était le cas pour Rúna. D’ailleurs, il ne lui était pas difficile de comprendre le sous entendus que son amant venait de lui dire. Elle le vit se lever, ramassant ses effets et lui tendre la main. Elle le reconnaissait encore plus, comme quoi, tous les hommes n’étaient pas destinés à un changement de caractère en seulement quelques mois d’écart. Sa main dans celle de son amant, elle ne prêta aucune attention aux hommes ivres qui se faisaient quelque peu bousculer pour laisser un chemin se frayer.

L’histoire de quelques heures sans doute ils occuperaient cette chambre, non loin du brouhaha qui raisonnait non loin de là, mais au moins ils pourraient se reposer, discuter et les Dieux savent quoi d’autre. Elle l’imita en déposant son épée et son manteau de fourrure près de l’âtre ardant, en y restant elle-même quelques instant pour se réchauffer les mains. Elle pu entendre son amant se coucher sans retenue sur le lit pousser par la lourdeur ses muscles ayant forcés toute la journée. La question qu’il posa l’aurait presque fait rire si elle ne savait pas ses frères capables d’une telle chose, cependant, elle se contenta de répondre avec légèreté. « Serais-je ici si tel avait été le cas ? Il leur faudra beaucoup de force et de persuasion pour qu’ils y arrivent. »  Elle se tourna pour faire face à lui, plongeant son regard azur dans celui de l’homme la scrutant avec envie. « Je ne suis pas un petit oiseau facile à attraper. » Un sourire tout aussi malicieux que ses prunelles vint s’afficher sur son faciès doux et fragile. « Des bonnes nouvelles ? Hum laisse-moi réfléchir. » Elle alla s’installer sur le lit, doucement, à ses côtés avant de reprendre. « Je suis toujours en vie et aussi libre que l’air. Comment se porte ta famille ? » Une question pouvant paraître indiscrète mais qui l’intéressait sincèrement. Si elle se sentait quelque peu coupable de coucher avec un homme marié, elle s’inquiétait de la santé fragile de ses femmes. Elle-même mère, elle ne pouvait imaginer perdre son unique enfant.

La faible chaleur qui émanait de l’âtre réchauffait les délicates mains de la jeune femme qui, si on la lançait sur un bon sujet de discussion, pourrait tenir la parole une bonne partie de la nuit avant de s’endormir. Mais ils le savaient tout les deux en venant dans cette modeste pièce, ils ne parleraient pas des heures assis sur le lit. Les moments comme celui décrit étaient rares, les amants préférant profiter du peu de temps qu’ils pouvaient passer ensemble loin de leurs obligations pour se retrouver charnellement. C’était comme une addiction pour la viking qui n’avait jamais connus pareille passion avec son défunt mari, alors ces instants, rares dans l’année, elle en profitait intensément. Bien entendus, elle espérait que cette passion habitait aussi son amant, même s’il était difficile d’en douter, il pourrait très bien avoir des regrets ou une moralité nouvelle quand aux cachoteries qu’il faisait à son épouse. C’était sans doute aussi un peu pour cela que Runa prenait des nouvelles de la famille de son bel amant, par culpabilité de leur voler le temps de quelques nuits l’époux et le père qu’il était. Elle qui savait les temps précieux passé avec la chaire de sa chaire, elle qui ne pouvait que très peu longtemps rester loin de son propre enfant, mère surprotectrice qu’elle était. Comme à chaque question que Runa lui posait, il lui répondit avec franchise, chacun connaissant les principaux états de la vie de l’autre, ils n’avaient aucune raison de se mentir et c’était appréciable ce genre de relation.

Runa l’avait rejoint sur le modeste lit, sans aucune doute souillé plusieurs fois avant qu’ils ne s’y installent, mais il n’y avait rien d’étonnant avec toutes les femmes vendant leur corps. La belle le regardait, encore et encore, l’écoutant avec attention jusqu’à ce qu’il mette fin à la discussion comme il savait si bien le faire. Délicatement mais passionnément. Plus rapidement qu’un coup de marteau de Thor elle se retrouvait contre lui, échangeant un baiser enflammé, dégustant la chaleur qu’émanait de ses mains calleuses contre la peau délicate de ses cuisses alors qu’elle laissait ses doigts se poser sur l’armure de cuir qui protégeait le flanc de son amant avant de rompre leur baiser. « Ne nous comportons pas comme des animaux. Même si… Ma peau appelle désespérément la tienne. » Elle ne stoppait pas leur nuit par ses mots, bien au contraire. Elle aimait qu’on lui fasse la coure, il le savait, et elle espérait qu’aujourd’hui malgré la fatigue, il la séduise, qu’ils se cherchent l’un l’autre.