QUELLE EST TA POSITION PAR RAPPORT À TON CHEF DE KYN ET AU JARL ? ≈J'apprécie beaucoup le Godi de Skogkatt, Ingvar Herlaug. Il ne me juge pas, bien qu'il soit évidemment au courant de tout ce qu'il s'est déroulé dans mon passé. Depuis que j'y vis, je suis relativement libre de mes actes et ne me sens plus en permanence jugée par le regard des autres, tel que c'était le cas à Skogen, bien que je ne sois en rien responsable des actes de traîtrise de mon père et de mon gendre et que je m'y sois fermement opposée lorsque c'est arrivé. Je sais qu'il y a contribué, car il a su me donner une nouvelle chanc, notamment en devenant l'un de mes clients régulier. Et ce même s'il reste relativement discret sur le fait que je sois une de ses fournisseuse en galons. J'aime également son ambition et lui suis fidèle. Je n'hésiterais pas à user de tout mon pouvoir pour l'aider, de quelques manières que ce soit.

Quand au Jarl, je le trouve trop jeune et insouciant pour le rôle qu'il occupe. Il est trop volatile et ne semble pas prendre la mesure de son rôle. A part cela, je n'ai rien à lui reprocher. Je sais qu'il ne sera pas à cette place éternellement. Mais cela me permet de penser que cette année pourrait bien être celle où tout va changer, pour moi et ma sœur, par exemple.  

   EN QUOI FAIS-TU HONNEUR AUX DIEUX EN ÉTANT VIKING ? AS-TU EU À FAIRE DES SACRIFICES EN LEUR NOM ? ≈ Les Dieux... J'ai cru en eux par le passé, mais c'est moins le cas maintenant. J'ai beau en avoir une grande connaissance et avoir pratiqué de nombreux rites en leur honneur auparavant, ce n'est plus le cas maintenant. J'ai perdu une partie de ma foi lorsque j'ai perdu ma famille et mon statut. Quelle divinité laisse des personnes comme mon père tomber ainsi dans la folie sans même intervenir ? J'ai du mal à accepter le fait que tout cela est écrit et que c'est pour une bonne raison que ça s'est passé. J'ai plutôt l'impression que nous ne sommes que des pions sacrifiables qui servent leurs desseins, en ayant rarement quelque chose à y gagner.

Je m'astreins cependant à continuer à faire des rites, régulièrement, près des arbres sacrés et je continue de faire des offrandes, mais j'y mets beaucoup moins d'application qu'avant. Je ne souhaite pas les froisser, mais je ne souhaite pas être hypocrite avec eux non plus en leur faisant croire que je suis toujours une croyante fervente.

  QUEL DESTIN PENSES-TU QUE LES DIEUX ONT CHOISI POUR TOI ? QUELLE EST TA PLUS GRANDE CRAINTE QUANT À TON AVENIR ? ≈ Je ne sais pas vraiment quel destin les Dieux m'ont choisit, mais je sais que jusque-là, il ne me plaît guère. J'espère seulement qu'ils ont d'autres projets pour moi et surtout pour ma famille, qu'être le souffre-douleur de Skogen. J'ai été consulté une völva plus jeune, qui me promettait un bel avenir remplit de bonheur. Je pense qu'elle devait voir l'avenir à court terme, car on ne peut point vraiment dire que la suite fût jonchée d'heureux événements et j'ai du mal à voir comment je pourrais mieux m'en sortir dans l'immédiat. Je ne suis pas allée revoir une Völva depuis belle lurette et n'en ai pas envie. Quoi qu'aient prévu les Dieux pour moi, je m'en fiche, je ferais comme bon me semble. J'ai plutôt décidé de voir si je pourrais construire ma destinée.
Ma plus grande crainte pour mon avenir ? Je n'en ai pas vraiment, même si le fait de ne pas pouvoir perpétuer mon nom au-delà de moi-même me hante. La perspective de ne pas pouvoir avoir de descendance est souvent sujette à tourments dans mon esprit. Je crains de finir seule et oubliée de tous, même si je n'ai pas la prétention de devenir reine ou autre titre glorieux. Je voudrais juste que ma famille reprenne sa place initiale et que notre nom perdure comme celui de ceux qui se sont rachetés des erreurs de leurs aïeux.

   QUELS MURMURES SE TISSENT SUR TON PASSAGE ? ≈ Parmi les nombreuses rumeurs qui traînent sur mon passage, trois d'entre elles se démarquent.

A Skogen, particulièrement, il se dit que j'aurais aussi été mêlée de façon plutôt proche aux actes de rébellion de mon père et de mon gendre et que j'aurais fait en sorte, lors du jugement, que mon nom n'apparaisse nulle part. Il se dit que la mort de mon neveu aurait été perpétrée pour sauver ma propre peau. Je suis réputée manipulatrice et menteuse en ce Kyn, que j'évite donc à tout prix de traverser, même si je sais que mon absence là-bas contribue à alimenter cette rumeur. Mais la seule personne dont l'avis sur ce on-dit m'importe connaît la réalité.

On dit également de moi que je serais prête à tout sacrifier pour redorer le blason de ma famille restante et que je pourrais ainsi recourir à divers actes - de gravité et d'implications variables - pour y parvenir. Il est vrai que c'est quelque chose qui est important à mes yeux. Mais jusque-là, je n'ai jamais rien fait de manière officielle qui ait pu amener les gens à penser cela. J'imagine cependant que le fait d'avoir perdu mon statut, nos terres et la légitimité d'être pleinement une femme libre a suffit à divulguer ces mots.

Je suis réputée pour ne pas avoir de cœur, car je repousserais tout prétendant au mariage - ce que, selon les bonnes gens de ces lieux, je devrais voir comme la seule opportunité pour moi de revenir à un statut correct. Comme si tout ne dépendait que d'un homme. -. On dit également, dans le cadre de ce bruit, que je serais stérile et que c'est pour cette raison que je repousse mes prétendants. Je serais apparemment un défi pour certains hommes à conquérir. Eh bien, ils peuvent toujours essayer, ai-je envie de dire. Qu'ils viennent tester la véracité de cette rumeur, je les attends.

   CE QUE TA NORNE POURRAIT TE RÉSERVER, OU LES DIEUX DÉCIDER ≈ Les Dieux, quitte à continuer dans cette lignée, pourraient me jouer quelques tours supplémentaires.
Ils pourraient, par exemple, me permettre d'accéder à mon souhait le plus cher en accordant à ma famille sa prestance retrouvée, mais au prix de sacrifices inestimables, tels que ma vie ou pire, celle de ma sœur.
Dans leur malice, ils pourraient également mettre sur mon chemin un homme, que j'aimerais au plus profond de mon être et qui m'aimerait en retour, ignorant tout de ma promesse de ne pas avoir d'enfants et, apprenant cela, me l'enlèveraient tout aussi promptement qu'il serait entré dans ma vie.
Ils pourraient également me permettre de continuer ma vie par un nouveau départ, dans une autre ville voire même un autre pays en m'en donnant une seule et unique possibilité. Je devrais choisir entre rester ici et veiller sur ce qu'il me reste de ma famille et partir définitivement en abandonnant tout ce qui se trouve ici.
Enfin, ils pourraient m'accorder le fait d'avoir un enfant qui plus tard redorera le nom de ma famille, au prix de ma vie, de mon honneur et de la disgrâce de son père.

1. Lorsque tout allait bien.
Mon père, Algir, était par le passé un riche propriétaire, vivant avec sa famille - moi incluse - à Skogen. Ma mère, Saga, régnait en maître sur la maison, mais faisait également parler d'elle en tant que guerrière. Elle était renommée pour ses capacités lorsqu'elle prenait les armes, mais aussi lorsqu'elle gérait le domaine. C'était une femme admirable et mon père l'était tout autant à cette époque, de part sa bonté et son importance. Le fait qu'il était ami avec l'ancien Godi de Skogen facilitait beaucoup les choses. J'avais un frère aîné, Hrund, qui était censé être l'héritier du domaine et de la fortune parentale. Il était de six ans mon aîné et, lorsqu'il était en vie, nous étions tous les trois, avec Nótt, choyés comme il se doit.

2. Ambiance familiale.
Nous passions beaucoup de temps ensemble, j'en passais la majeure partie avec ma sœur, dont nous sommes si proches en âge. Nous nous entendions comme larrons en foire et elle me suivait où que j'aille - et je faisais de même -. J'étais moins proche de mon frère, nous n'avions pas les mêmes centres d'intérêts, mais je l'aimais quand même. Ma mère, à ce moment-là, était aimante et attentive à nous. Mon père, bien que très occupé par ses fonctions, trouvait toujours du temps à nous accorder. Nous ne manquions de rien et nous avons reçu la meilleure éducation que l'on ait pu nous donner. Les souvenirs de ces moments passés restent chers à mon cœur.

3. Préceptes et espoirs parentaux.
Ce fut lors de ces années que j'appris à tisser et je montrais très vite non-seulement une grande habilité à la tâche, mais également une grande passion pour ce métier. J'appris également auprès de ma mère l'art du combat et de la stratégie. Même si je n'étais pas passionnée par l'art du combat, je trouvais cependant un vif intérêt à la stratégie et à la diplomatie d'une manière générale. Cet apprentissage me sert encore maintenant. Je connais les ficelles de la politique et n'hésite pas à m'en servir. De même, si cela s'avère nécessaire en dernier recours, je suis largement capable de me battre, car malgré le fait que je n'ai pas choisi cette voie - au grand désespoir de ma mère à l'époque - je n'en étais pas moins douée dans le maniement des armes.

4. Le début de la fin.
C'est lorsque Hrund mourut peu avant ses sept ans que ma vie bascula. Un hiver rude, doublé d'une maladie l'emportèrent un peu trop promptement.  A partir de ce moment-là, ma mère changea. Elle perdit l'envie d'avoir des enfants et se lança corps et âme dans sa passion des combats, comme si elle voulait aller combattre les dieux pour récupérer son fils - du moins est-ce ainsi que je le perçut de mes yeux d'enfant -. Elle fut emportée lors d'un raid, en 59. J'avais alors 10 ans. Et je perdais en peu de temps deux personnes qui m'étaient chères. J'en garde un douloureux souvenir.

5. La malédiction de la famille Wodanheim commence.
Cet événement marqua le déclin total de notre famille. A la mort de ma mère, mon père fut détruit moralement. Dès lors, il changea du tout au tout, de façon évidente. Nótt et moi durent arrêter totalement de manier les armes, sans doutes car il avait peur que nous suivions l'exemple de notre mère. Et il chercha activement à nous marier. En cette période, de très nombreuses disputes survinrent entre lui et moi à ce sujet. Je refusais totalement de subir un mariage arrangé et je parvins à lui tenir tête. Moi vivante, mariée de force, jamais. Ce ne fut pas le cas de ma sœur, qui avait toujours été plus influençable, d'une certaine manière. Je sais qu'il la menaça pour parvenir à ses fins et dès lors, j'eu du mal à voir en lui le père que j'aimais jusque-là.

6. Eloignement familial & divergences d'opinions.
On peut dire que le mariage forcé de Nótt marqua la première fissure de notre lien. La seconde fut quand j'appris qui allait être marié à ma sœur, à savoir Gelmir Arstein, un homme que j'avais toujours détesté et méprisé. Le mariage eut lieu malgré le fait que je voyais bien que Nótt n'était pas heureuse et semblait apeurée par son mari. Mais dans mon grand désespoir, je n'y pouvait rien et ne su que lui apporter tout le soutien moral que je pouvais lui accorder. De mon côté, alors que tout cela se profilait, j'avais dû reprendre à la volée une partie du rôle de ma mère, étant l'aînée. Je m'occupais donc entièrement de la gestion du foyer et cette partie de ma vie fut difficile. Je dû mettre mon apprentissage du tissage de côté et je dû subir le mécontentement grandissant des personnes qui travaillaient pour mon père. C'est à ce moment-là que je dû commencer à m'éloigner de ma sœur, bien contre mon gré. Ce qui m'empêcha de la soutenir comme il aurait fallu lors de la perte de son premier enfant. Je trouvais cependant le temps de la visiter de temps à autres, contre l'avis de mon père, dans le domaine où elle logeait. Et malgré l'aspect détestable de mon beau-frère, j'aimais beaucoup leur fils, mon neveu, Ovald. Soleil parmi les étoiles.

7. La révolte ratée.
Lorsque mon père perdit ses responsabilités par une décision du nouveau Godi de Skogen, Oleif Lindergatt, fils de Sigurd, il commença à perdre irrémédiablement la raison. Il prit cela comme une attaque personnelle, alors que Leif avait passé un certain temps à lui expliquer que c'était uniquement dans le but d'assurer l'union du Kyn. Ce fut cela, d'ailleurs, qui le poussa à vouloir nous marier. Et je n'imaginais pas que le mariage de Nótt allait marquer la déchéance totale de notre famille. Car, je m'en rendis compte bien tardivement, mais ce mariage avait été arrangé pour obtenir le soutient des Arstein dans une rébellion insensée contre le Godi. Mon père usa de son influence auprès des hommes libres de son domaine et de ses amis pour tenter de renverser les Lindergatt. Ce qui échoua lamentablement et eut comme conséquence la disgrâce totale de notre famille. Nous nous retrouvâmes enfermés dans des geôles, attendant que le Thing statue sur notre sort. Dès ce moment-là, mon père, à mes yeux, cessa d'exister.

8. Et la pire des déchéances vint.
Lorsque le Thing acta la sentence de la peine de mort envers mon géniteur, je ne sourcilla pas et affronta sa peine. De même que pour mon beau-frère et son père, que je n'avais jamais estimé, et encore moins en ce moment. Mais le déchirement le plus atroce fut lorsque l'on décida que l'héritier devait aussi périr. La détresse de ma sœur, à ce moment-là, me déchira le cœur. Notre propre condamnation ne tarda pas à m'achever moralement. Pour ma sœur, il fut déclaré qu'elle deviendrait la gérante des anciennes terres de notre famille, désormais cédées dans leurs totalité aux Lindergatt. Elle devrait servir l'héritier du Godi de Skogen tout en restant femme libre. De mon côté, je formulait ma propre sentence de ma propre bouche, jurant que je ne donnerais jamais de descendance et que je ne réclamerais jamais aucune possession au kyn de Skogen, me privant ainsi de l'espoir de récupérer un jour les terres de mon père. Je savais, en formulant cela, que je perdais beaucoup. Mais le Jarl enfonça encore plus le couteau qui me tailladait déjà le cœur par un ajout à mes promesses...

9. Nouveau départ.
Lors de ce jugement, le Jarl décida que, de part mon talent de tisserande éloquent, je devrais servir une famille de tisserands résidant à Skogkatt et ce jusqu'à ce que quelqu'un décide de me libérer. A cette annonce, je ne pu m'empêcher d'essayer de protester : je ne voulais en aucun cas être séparée de ma sœur. Je voulais à tout prix rester à Skogen. Mais la sentence du Jarl était irrévocable et, dans les jours qui suivirent, je changeait donc de Kyn, bien contre mon gré. Sans grande surprise, lorsque j'arriva dans la famille où j'avais été affectée, l'accueil fut relativement glacial. On me prêta une chambre semi-miséreuse et l'on m'adressait à peine la parole. J'étais une renégate, une traître et l'on me traita comme telle pendant plus d'un an. Ce ne fut donc qu'après une année de travail acharné, de conduite irréprochable, sans même chercher à revoir ma sœur ni à diverger et dans mon attitude et dans mes actes que l'on changea enfin d'avis sur mon compte. Une fois les esprits de ma famille d'accueil un peu plus ouverts à mon égard, ma vie s'améliora alors, pour les trois années qui suivirent. Je fus mieux logée, plus indépendante dans mes actes et dans mes créations. Bientôt, je pu me démarquer et certains clients désiraient acheter mes créations seulement. Je restais néanmoins fidèle à la famille que je servais, et dévouée. Je tenais à être toujours aussi irréprochable, de peur des représailles et de retourner dans les tourments de mon début en ces lieux.

10. Mon sauveur porte le nom d'Ingvar.
Je me rappellerais toujours de la date de fin de mon servage pour cette famille. C'était le deuxième jour de l'hiver, en 73. Je tissais tranquillement pour le compte de la Famille lorsqu'un homme est venu me chercher, déclarant que le Godi de Skogkatt, élu depuis un an à peine, m'avait convoquée, ainsi que le Chef de la famille des tisserands. Alors que mes pas me menaient là où je devais aller, je me souviens avoir eu très peur puis m'être résignée. Il y avait de fortes chances que la raison de ma convocation soit en lien direct avec ce qu'il s'était passé il y avait de cela cinq ans maintenant. Il était alors évident pour moi que le Godi avait apprit la révolte de mon père et ne voulait plus que je sois présente au sein de son Kyn. D'un sens, je le comprenais : avoir une renégate dans ses rangs n'était pas une chose respectable. Je me souviens avoir regardé vers le ciel, me demandant où j'allais atterrir cette fois. Allais-je devoir m'exiler définitivement d'Ofeigatt ? Mais ce n'était pas cela du tout. Au contraire, je me suis retrouvée devant un Godi compréhensif sur ma situation... Et qui avait décidé de me libérer de mon servage. Je redevenais donc, ce jour, une femme libre, dotée d'une compensation financière qui me permit plus tard de me retrouver un logement et de me lancer à mon compte dans mon métier de tisserande. Je le suis d'ailleurs toujours aujourd'hui et mon commerce se porte on ne peut mieux.