Wedding day

Quoi ? Qu’est ce que c’est que ça encore ?  Que faisait-il le nez devant cette porte que l’on venait de fermer ? Qu’avaient-ils dit ? C’était à peine réel, tout était arrivé bien trop vite pour qu’il ait le temps de saisir immédiatement chaque mot qu’on lui avait adressé. Ho ; il les avait entendus mais il se retrouvait là à un stade où il faisait le tri dans son esprit, comme après un moment d’absence où il cherchait à se souvenir les causes qui l’avaient conduit à se retrouver enfermé là. La fatalité une fois de plus l’avait rattrapé et même s’il s’y était attendu, il n’avait jamais cru à ce que cela arrive aussi rapidement. Ivar porta sa main sur le bois de la porte, dans une envie de renier ce qu’on lui infligeait encore une fois. Victime de ses propres actes ? Un sourire crispé s’étira sur les lèvres du guerrier, étouffant un petit rire, qui se rattachait à ces doux instants qu’il avait passé en compagnie de Guiséla quelques heures plus tôt et comme si l’on venait tout piétiner. Est-ce que c’était parce qu’il lui avait dit qu’il voulait qu’elle soit sienne et non celle de Rurik que les dieux une nouvelle fois venaient poser des obstacles ? Il n’avait qu’une envie là, c’était de repasser cette porte, les emmerder tous autant qu’ils étaient, aller chercher sa bien aimée et l’emmener loin d’ici. Ou bien qu’on lui accorde encore du temps en sa compagnie, qu’on lui laisse encore l’aimer un peu et se dire que rien autour n’aurait pu les atteindre. C’était de sa faute, encore une fois, il avait provoqué la colère de bien du monde juste en étant venu à Solstheim sans prévenir afin de rendre visite à Guiséla. Alors son père l’avait attrapé, l’emmenant avec lui d’un pas pressé et lui avait annoncé son mariage avec une femme sur l’heure avant de l’enfermer dans une pièce le temps qu’ils "fassent connaissance" - au moins.

Alors cette femme, elle était dans la même pièce que lui et ne voulait sans doute pas ce mariage non plus. On lui avait dit que c’était une Leiknir et là il pouvait tout à fait reconnaitre que c’était bien joué parce qu’Ivar avait un profond respect pour Vitserk qu’il ne se permettrait pas de se rebeller et refuser.  Le guerrier inspira longuement puis se détacha de ses pensées, venant se retourner jusqu’à ce que ses yeux rencontrent ceux de sa future épouse. Hallðora se tenait là, frêle et jolie jeune fleur avec de grands yeux aux couleurs hivernales. Il la connaissait déjà, mais ils étaient en même temps de parfaits étrangers car leurs discussions s’étaient faites rares. Son regard glissa sur la silhouette de la jeune femme dans un lourd silence emprunt de gêne et Ivar se contenta d’aller prendre place après un soupir. Que pouvait-il lui dire ? Qu’il était heureux ? Qu’ils allaient avoir une belle vie ensemble ? Non, rien de cela car ce ne serait sans doute pas le cas. Toutefois c’était à lui de prendre les devants, c’était sa responsabilité. Alors il invita la jeune femme à venir s’asseoir en face de lui dans un petit geste ; ils avaient effectivement des choses à se dire et après ils allaient être mariés.

Le guerrier se frotta les yeux comme dans un réflexe trahissant qu’il se sentait complètement débordé par tout cela et horriblement agacé ; il n’y avait pas d’issue possible que d’accepter ce qu’on lui imposait ou bien la situation ne ferait que s’envenimer. S’il obéissait il aurait encore des chances de voir Guiséla, autrement on lui interdirait même de la regarder ou de remettre les pieds à Solstheim. C’était frustrant et il se promettait là d’aller exprimer sa colère auprès de son père après le mariage. Il pensait aussi à ce que cette présente jeune femme devait vivre, car on avait brisé ses fiançailles pour finalement la donner à un autre homme qui lui convenait peut être pas. Ils allaient devoir apprendre à se connaitre, s’apprivoiser pour que les choses entre eux se passent bien. Ivar de son côté allait faire en sorte d’être un bon mari, d’être attentif à ses besoins puisqu’elle allait quand même s’occuper de son fils, alors autant se positionner comme un allié que de se faire la guerre. Mais il n’était pas prêt à laisser s’estomper l’amour qu’il avait pour Guiséla - ça, il ne pouvait décemment pas lui dire. La seule joie qu’il avait eue ce jour là, avait été de savoir sa belle portant la vie entre ses hanches, et qu’il était le père. Un infime bonheur tâché par le fait que Rurik serait celui qui allait s’en occuper, mais tout de même, cela l’avait rendu heureux.

Il se passait trop de choses, trop vite, Ivar n’était même pas certain de pouvoir continuer à suivre la cadence en fin de compte, ça l’irritait plus qu’autre chose.

« On m’a dit que tes fiançailles avaient été rompus pour ce mariage là. »

Il ignorait si à elle on lui avait précisé qu’il était veuf depuis quelques semaines, mais il n’avait clairement pas envie d’en parler ni de s’y attarder. Cela ne lui servirait pas de le savoir de toute manière puisqu’elle n’avait pas connu Jara. Ivar était courtois, il tentait tant bien que mal de ne pas laisser paraître que ce mariage ne l’enchantait pas parce qu’elle n’était en rien coupable.

« Cela arrive, mais sois rassurée, tu auras une vie confortable avec moi et je te traiterai avec respect. »

Ivar était après tout un fils de Jarl et donc avec un rang qui lui permettait d’avoir un toit décent, de ne pas manquer de nourriture et d’avoir tout le nécessaire. Bon, sa demeure était loin d’être dans le luxe du palais car il aimait vivre dans la simplicité traditionnelle de Skogkatt mais sa masure était un cocon agréable dans lequel y vivre. Ainsi il espérait que cela puisse lui convenir, dans quel cas il s’efforcerait de l’arranger un peu plus à son gout à défaut de ne pas être quelqu’un qu’elle puisse aimer.

« Tu dois savoir que j’ai un fils, tu vas être sa mère et je compte sur toi pour remplir ce rôle.»

crackle bones