(LEIKNIR) a man hears what he wants to hear and disregards the rest
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Sujet: (LEIKNIR) a man hears what he wants to hear and disregards the rest - Lun 8 Mai - 15:57
Hallðora & Viðolfr | Home.
a man hears what he wants to hear and disregards the rest
Vitserk se tenait au coeur de ce qui avait été pendant presque quinze ans le centre de sa vie : son appartement au palais. Auparavant largement meublé et empli de quantités de richesses, il n’était à présent qu’un vaste tas de cendres. En silence, l’homme commença à arpenter les ruines. Des vêtements brûlés, un lit ravagé, des armes décoratives, des cadeaux de ses enfants, des tentures, quelques cadavres. Il s’arrêta devant l’un d’eux pour le retourner du bout du pied. Penchant la tête, mine pensive, il essaya de reconnaître les traits d’un de ses anciens esclaves, brûlé vif, sûrement de n’avoir pas pu s’enfuir de la pièce. Sharll. Quel dommage. Celui-là avait été bien charmant, et fort efficace. Il laissa échapper un soupir, s’avançant encore, s’agenouillant finalement au pied de la carcasse encore fumante d’un vase en verre qui lui avait coûté une petite fortune. Ses doigts s’avancèrent, caressèrent nostalgiquement ses courbes. Quel dommage. Derrière lui, les rescapés s’activaient. On ordonnait, on triait, essayant de récupérer dans les décombres le moindre objet ayant pu survivre au désastre, allant jusqu’à essayer de ranimer les esclaves les moins endommagés. Le travail terminé, Alfketill trouva son maître le visage enfoui contre la peau d’un ours, là où la fourrure n’avait pas encore cédé aux flammes. « Maître ? » Cette voix qui l’avait auparavant appelé Oncle avec animosité et défi n’était à présent qu’un filet de voix, presque tendre. Lentement, le Maître détache son visage pour poser son regard sur son esclave le plus dévoué. Il avait l’air terriblement fatigué. Le visage et les vêtements léchés par les flammes. Presque fragile, dans son dénuement. « Tout est prêt ? » On hoche la tête en silence. Vitserk amorça un sourire, le remerciant d’un signe de tête. Il n’avait pas besoin d’en dire plus pour qu'il sache. « Les appartements sont rangés, le trésor mis en sécurité, le Konungr est avec le conseiller, je pense que vous pouvez vous reposer, maintenant. » Et effectivement, douze heures encore après le début de l’incendie, Vitserk n’avait pas encore songé à s’asseoir. « Voulez-vous que nous cherchions un autre appartement dans l’enceinte du palais ? » Certains avaient échappé aux flammes et on commençait déjà à se bousculer pour récupérer ce qu’il restait. Rien qu’à l’idée de devoir se battre pour habiter dans un appartement moins spacieux, Vitserk grimaça. « Non. C’est inutile. » Un dernier regard lancé à l’ensemble de la pièce, comme un au revoir, avant de se concentrer de nouveau sur l’homme qui gérait à présent sa vie. « Nous rentrons à la maison. »
Depuis quatorze ans, Vitserk n’habitait plus avec sa famille. En acceptant le rôle de trésorier, il avait fait le choix, infernal, de mettre un autre être que sa femme en priorité absolue. Ses enfants étaient presque des étrangers, tous majeurs, ayant grandis loin de lui, qu’il connaissait davantage comme des collègues que comme des bambins. Il avait entendu parler de ceux qui ne considéraient jamais leur progéniture comme des adultes. Lui, avait un mal fou à se rappeler qu’ils étaient les mêmes créatures nées directement du giron adoré. S’il les aimait, c’était de les savoir issus de leur mère, c’est de connaître leur amour pour Siv. Ils étaient liés, à ses yeux, par l’adoration qu’ils vouaient à la maîtresse de la maisonnée. Revenir à la maison, pour lui, c’était revenir vers elle. Se réfugier entre ses bras, se ressourcer sous son regard, se souvenir de tout ce qu’il possédait pour toujours tendre vers plus. Il débarqua ainsi au beau milieu de la journée, suivi des esclaves survivants ou n’ayant pas réussi à s’enfuir, ainsi que les maigres possessions qu’ils avaient pu sauver. Ce fut Alfketill qui lui ouvrit la porte, terrible dans la froideur du regard qu’il lança dans la ruche familiale, ordonnant aux autres où se répartir, où ranger, cherchant déjà un autre esclave avec qui organiser le retour du maître.
Vitserk, lui, se dirigea immédiatement vers l’arrière boutique. Espérant y trouver sa femme, il découvre deux de ses enfants, Hallðora et Viðolfr. Un sourire, cependant, s’installa aussitôt sur ses lèvres fatiguées : « Vous voilà ! » S’avançant aussitôt, ouvrant les bras pour accueillir sa petite fille qui avait échappé de peu à la mort. Serrant contre lui l’affectueuse enfant, il lui murmura : « Tout va bien, je suis là. » Enfin, les yeux se tournèrent vers le fils : « Mes quartiers ont brûlés dans l’incendie, je resterai ici le temps que toute cette histoire soit réglée. Où sont Siv et Aleifr ? » Et déjà, son regard sondait la pièce à la quête de la moindre mèche rousse.
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Sujet: Re: (LEIKNIR) a man hears what he wants to hear and disregards the rest - Lun 8 Mai - 21:55
La nuit a été longue. Calme, d’abord, une rémission dans le silence et la solitude. Amère, ensuite, à grincer des dents sur un sort trop assumé de laissé pour compte, à se ressasser ce qu’il a assuré aux siens sur le pas de la porte, au moment de leur départ : c’est mieux comme ça. Agitée, pour finir, lorsque las de se tourner et s’emmêler dans ses draps, Viðolfr, les jointures blanches sur le rebord de la fenêtre de sa chambre, a contemplé les flammes qui rougeoyaient les nuages couvrant le palais et le fond de sa pupille dilatée, braquée sur sa famille prise au piège, l’esprit se torturant de ce qu’il pourrait faire — rien — et le cœur saignant de ce qu’il aurait dû leur dire — tout. A-t-elle été longue, cette nuit, longue comme une vie qui s’effondre, jusqu’à ce que, dans les premières lueurs de l’aube, ne naquissent enfin trois silhouettes dont il n’a pu croire à la tangibilité qu’en allant enlacer — le geste raide, furtif, comme priant pour n’être pas noté — les épaules d’une mère toujours fière mais dans le sein de laquelle il a eu le temps d’écouter les stridulations d’un souffle fatigué.
Dehors, maintenant, le soleil frôle son zénith et, dans la fraîcheur sombre de l’arrière-boutique, Viðolfr, les pommettes creusées et les yeux ternis, tente tant bien que mal de garder ces derniers fixés sur le parchemin qui crisse sous les coups de sa plume. Si les doigts listent les plantes médicinales à commander, l’esprit lui se concentre sur les raisons d’engager une discussion familiale, perspective qui le tend au point d’arroser la page de tâches et striures d’encre incontrôlées, chacune le poussant dans un crescendo de grondement engorgé. C’est ainsi que, dans un aboiement des plus lyriques — QUOI ?! — Viðolfr accueille la venue inopinée de Hallðora qui si elle paraît décidée sur l’aspect discussion du problème semble moins convaincue par le côté familial. Entendez qu’au requiem sur sa plus belle fourrure partie trop jeune dans l’incendie, Viðolfr et sa subtilité ont fait comprendre à sa petite sœur qu’il était possible qu’ils se trouvassent confrontés à un tracas un tant soit peu plus préoccupant — Je m’en bats les [censuré, mon père lit] avec une [censuré] en [censuré] de ta [censuré] fourrure de mon [censuré] de [censuré] de cul [oups] ! Tu crois pas qu’on a d’autres [censuré] de [censuré] plus importants à [censuré] ?! Fichtre à la fin !* — mais las ! voilà l’insouciante de protester que son hurluberlu de frère passe peut-être trop de temps le nez dans ses parchemins poisseux — C’est de la confiture, combien de fois devrais-le répéter ?! — pour comprendre que ce n’est rien de plus qu’un des aléas de la vie d’une femme qui courbe les épaules fatiguées de leur génitrice, et non pas un destin funeste, comme s’acharne à le clamer un Viðolfr qui ira certainement se coucher ce soir en ayant épuisé son capital syllabes du mois quand soudain, la lumière et le silence se font tandis que dans le halo de la porte ouverte leur tombe dessus la silhouette qui nécessite quelques clignements d’yeux verts sidérés pour être identifiée comme paternelle. Inconsciemment, la colonne vertébrale s’est tirée, les épaules redressées et le torse bombé mais les prunelles, elles, restent arrimées au sol, disparues sous un front sombrement plissé. La salutation filiale est au bord des lèvres mais, craignant d’user le peu de salive qu’il lui reste et qui décroît à chaque mot prononcé par le père prodigue, Viðolfr prend un pas sur le côté, et, sobrement, se carapate à l’anglo-saxonne.
Pourtant, une poignée de minutes qu’il n’a pas égrenées plus tard, Viðolfr ressurgit dans l’arrière-boutique, fondant d’un pas lourd et pressé sur sœur et père sous le nez duquel il brandit le livre de comptes, ouvert à la page du huit mars. Quelque chose électrifie l’air à cet instant, quelque chose qu’il ne saurait nommer mais qui pousse Viðolfr, pour la première fois depuis maintes années, à épingler les pupilles paternelles. Une fraction de seconde. Juste assez pour suggérer au patriarche la gravité de ce que son rejeton a à lui révéler. Maintenant, les iris parcourent les lignes de runes retournées sur l’une desquelles vient sèchement taper l’ongle de l’index droit de Viðolfr qui ponctue :
« Lis. »
*nb : transcription contemporaine approximative.
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Sujet: Re: (LEIKNIR) a man hears what he wants to hear and disregards the rest - Sam 13 Mai - 16:31
L
e cœur cogne encore contre ses frêles côtes, depuis qu’ils ont réussi à sortir du palais en proie aux flammes. Elle sait qu’elle a failli mourir -peut-être va-t-elle trop loin, peut-être ne craignait-elle pas grand chose en vérité. Elle sait aussi que sa mère, son petit frère, son père même ont failli trouver la mort dans l’incendie du palais. Elle a mal dormi, c’est un euphémisme que d’énoncer cette vérité crasse. L’œil hagard, le souffle court, le palpitant tambourinant, Hallðóra a connu de bien meilleurs jours, et surtout de bien meilleures nuits. Elle qui se lève généralement alors que le soleil est déjà bien haut dans le ciel, presque à son zénith, est debout assez tôt ce lendemain d’horreur. Et pourtant, probablement parce qu’elle ne veut pas qu’on sache à quel point elle a été ébranlée par les événements de la veille, elle n’ose descendre. Enfouie sous ses couvertures, elle réfléchit à ce qu’elle doit faire de la journée. Faire tourner en bourrique Sejer pourrait être une très bonne idée, elle va devoir réclamer une nouvelle fourrure, elle qui était si fière de celle qu’elle a perdu dans la cohue. Mais il y a d’autres choses plus importantes à régler, notamment essayer de faire entendre raison à Viðolfr, si elle y parvient. Ou simplement faire entendre ses hurlements dans la maisonnée, pour qu’aucun ne puisse soupçonner la peur qui a enserré son cœur de moineau la nuit précédente.
L’arrière-boutique est déjà occupée quand elle descend, deux ou trois heures après avoir ouvert les yeux. Ses cheveux ont été brossés longuement et elle a soigneusement choisi sa tenue -noire, qui refait sortir d’autant plus sa pâleur de peau et ses billes azur. Arrivée face à Viðolfr, la voilà qui piaille et s’offusque d’avoir perdu sa précieuse fourrure. Elle ne sait pas comment entamer une conversation autrement avec lui, elle ne sait pas comment faire pour parler d’hier sans en avoir l’air traumatisée, alors elle se plaint, comme elle sait si bien faire, et récolte ce qu’elle sème, un agacement non feint chez ce frère tant aimé -mais jamais, non, jamais elle ne lui dira, elle n’est pas Leiknir pour rien. La gronde dérive vers un sujet qui leur tient à cœur et les inquiète mutuellement, mais elle persiste dans son aveuglement de jeune fille qui refuse que les fondements de son monde soient ainsi ébranlés, jusqu’à ce qu’une silhouette familière mais si rare pourtant, se découpe dans l’encadrement de la porte. Rapide comme l’éclair, la brune se jette dans les bras de son géniteur, envoyant valdinguer une chope qu’elle heurte de son coude, et des piles de pièces soigneusement posées l’une sur l’autre. Qu’importe.
Qu’importe parce qu’elle a besoin de s’assurer qu’il vit encore, ce paternel qu’elle va enfin pouvoir côtoyer plus souvent maintenant qu’elle va pouvoir aller vivre au palais, auprès de Guiséla -si toutefois les appartements de la princesse n’ont pas été touchés par les flammes.
Mais le traître enfonce une dague au plus profond de son être alors qu’il annonce quelque chose qui lui glace le sang et la bile. Il revient vivre à la maison. Jusqu’à ce que ses quartiers soient restaurés, après avoir été détruits par les flammes. Blottie contre Vitserk, Hallðóra dissimule à tous le trouble qui l’étreint violemment et elle reste prostrée contre lui, la tête enfouie contre son torse, muette de stupeur et de colère noire, qui n’a de cesse de s’étoffer tandis qu’il demande après sa femme et son héritier. Elle marmonne quelque chose qui peut-être parviendra intact aux esgourdes du père : « Ils sont partis au marché. » Quand elle dit « ils », elle parle surtout d’Aleifr et de deux esclaves à lui. Sa mère, elle, est encore dans ses appartements, il lui semble, ou à s’occuper de ce bon à rien de Thorleik, ou peut-être sortie avec le dernier de la fratrie, tiens. Elle poursuit le récit d’une matinée qu’elle a perçu à travers les bruits de pas qui passaient devant sa porte close : « Aleifr voulait aller voir le nouvel arrivage, et Maman a voulu aller respirer l’air frais de la mer avec Thorleik. Je crois qu’il a eu très peur hier. »
Elle tait sa propre terreur de la veille, consciente qu’il lui faut être forte et se montrer sans crainte pour être estimée ici. Elle ravale sa fureur et se détache à peine du Trésorier lorsque le Bouclé revient, une éternité plus tard. « Quoi ? », aboie-t-elle presque alors qu’il se rapproche d’eux et lui brise ce moment d’intimité toute relative si rare avec son pygmalion. Ce n’est pas elle pourtant que le frère regarde, mais leur créateur, et elle observe, et elle suit des yeux le doigt impérieux qui tapote une page noircie de runes. Elle n’y comprend rien, aux comptes de la famille, cela va sans dire. Alors elle regarde, mais ne voit pas ce qu’il veut indiquer, et elle renchérit dans son amabilité inexistante : « Et alors ? » Parce qu’elle veut comprendre, hein. Elle veut comprendre ce qui permet à Viðolfr de soutenir que leur mère ne va pas bien. « Ça arrive à tout le monde de se tromper », poursuit-elle, se faisant l’avocat du diable en refusant de se rendre aux arguments de son ainé, alors même que les signes ne peuvent apparemment pas les tromper. Elle nie, elle, tout en sachant que non, ça n’arrive pas à tout le monde, et surtout que Siv Leiknir n’est pas tout le monde quand il s’agit des comptes familiaux. Elle nie pourtant jusqu’à s’en crever les yeux, refusant de s’imaginer perdre l’un de ses piliers alors que l’autre semble s’être rapproché.
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