Behind every successful woman is herself [Gunja]

Behind every sucessful woman is herself

[Sonja & Gunhild]

Une énième femme entre toute tremblante dans la demeure de la volvä. Elle discerne à peine la prophétesse, cachée dans l'ombre de l'autel qui cultive avec soin un certain décorum. Elle se plaît à effrayer ceux qui ne soutiennent pas le jarl, à jouer avec leurs émotions. Aura-t-elle vu quelque chose susceptible d'attirer les foudres du jarl sur leur foyer ? Oui, personne n'oubliera que les dieux lui ont donné le don de vision et qu'elle peut détruire leur vie ... Un sourire factice étire alors les lèvres de Sonja tandis qu'elle raccompagne la femme en lui assurant qu'elle donnera naissance à un puissant mâle si elle honore les promesses qu'elle a prononcé devant les dieux. C'est à dire d'être fidèle à son mari et de servir son jarl. Le premier serment est sans doute renouvelé toutes les nuits car aucun autre homme ne voudrait d'elle même sous la fièvre de l'hydromel et la deuxième ne tardera plus à l'être non plus. De nouveau seule, la volvä soupire. Ce jeu qu'elle joue avec les autres devient peu à peu réalité. Elle ne peut compter que sur sa famille. Terrible solitude déjà présente depuis son enfance mais qui s'accentue avec l'âge et les responsabilités qui s’ensuivent. Le pouvoir l'a changé, proposant une définition incomplète d'elle. Sonja n'est définie que par son métier et son allégeance : volvä de Skogen, tantôt prononcé avec ferveur et d'autre fois cela sonne comme une insulte. Elle n'est ni femme ni objet mais quelque chose entre les deux. Les gens l'ignorent mais ne peuvent oublier le regard perçant qu'elle darde parfois sur eux.

Un coup frappé sur la porte en bois ébranle celle-ci rendue fragile par les assauts répétés du vent et du froid. Elle pourrait répondre non à l'individu qui se tient derrière la porte ou tout simplement l'ignorer faisant ainsi croire qu'elle est en pleine transe. Toutefois sa maison est située en pleine forêt, à l'écart du village. Cela doit donc être important du moins aux yeux de celui qui quémande la volvä. Par Freyja, heureusement qu'elle n'habite pas au coeur du village dans la maison familiale. Elle n'aurait aucun moment pour souffler à moins qu'au contraire la peur qui tenaille les habitants de Skogen les tiennent éloignés de la place forte de celui qu'ils nomment tyran sans le connaître réellement ?
<< - Entrez ! >> cria-t-elle pour se faire entendre malgré le gémissement des branches malmenées par le vent.

Ses yeux pétillèrent à la vue de Gunhild, rassurante présence qui illumine cette morne journée. Le sang des Wilhjelm coulent dans ses veines en tant que fille d'Atla, sa soeur aînée même si les deux femmes sont radicalement différentes. Gunhild préfère le tranchant des mots à celui des armes contrairement à sa mère. Elle traversa en quelques enjambées sa maisonnée pour embrasser sa nièce de retour à Skogen depuis quelques temps.

<< - Je suis contente de te voir ! Boiras-tu un peu de Syra avec moi ? >>

Boisson traditionnel à base de lait, le Syra était parfait pour se réchauffer le coeur tout en gardant l'esprit clair. Ce que le Mjodr ne permettait pas forcément et cela aurait fort dommage car Sonja adorait parler politique avec Gunhild. Son esprit vif et sa diplomatie ferait d'elle une excellente dirigeante. Est-ce que cela l'intéresserait ? Sonja l'ignore car Gunhild semble s'épanouir dans son métier de sage-femme. Toutefois dans le cas contraire, Aldarik devrait la prendre sous son aile pour à terme lui donner un bout de territoire à gérer pour son compte.

Les deux femmes s'installèrent sur le banc près du feu crépitant, leur boissons à la main.

<< - Les dieux ne n'ont pas révélé la raison de ta présence. Dis-moi qu'est-ce qui t'amènes dans ce coin perdu ? >> demanda-t-elle d'une voix douce.

HANSKA.

Alea jacta est

Sonja & Gunhild

Some old wounds never truly heal, and bleed again at the slightest word

La rombière se contorsionne, la binette sur laquelle une moue incrédule déploie ses artifices, fait montre de patience ; la voyageuse qui lui fait face , éclat grenat incrustant le regard, conte ses périples passés à travers la sylve. Les mots maniés avec tant d’érudition allèguent l’ennui acescente, Gunhild reconnaît l’infime perception comme le signal allègre d’une envie plus obscure, certainement celle de s’extraire à ce simulacre, le plus prestement possible. Les excuses se font absentes, elles se déchargent de toute vraisemblance, à mesure que l’inconnue poursuit ses affabulations. Que faire ? Invoquer les déités ou subir sans renauder ce qui s’abat sur sa trogne, avec la patiente vertu des démagogues. - Je crains de ne pouvoir en entendre plus – la pogne se lève, elle décrit l’urgence, palliant aux lacunes que même les mots ne peuvent combler. Signe de tête, risette engageante, la nièce du jarl est attendue ailleurs, précise la Thraell l’accompagnant, mettant un terme à l’échange. Au plus grand soulagement de la jeune femme qui s’éloigne déjà de la conteuse ; les pas affirmés tracent un chemin que tous les villageois connaissent : celui menant à la cahute recluse de celle qu’elle considère avec déférence, volvä de Skogen mais avant tout, tante qu’elle affectionne et louange à la moindre occasion. Cela fait plusieurs jours qu’elle souhaite s’entretenir avec Sonja, échauffant quelques idées qu’elle compte lui présenter; ne trouvant guère l'occasion de s'entretenir avec la blonde, accaparée par les naissances qui adviennent. Plusieurs jours, donc, passés à aiguiser le seul sujet de conversation qui lui brûle les lèvres, qu'elle tait constamment. Son excursion à Solstheim, à quelques jours des grandes célébrations, cela réalisé à l'insu de son oncle qui, s'il le découvre, entrera dans une fureur sans bornes. Aborder les « on-dit » songe-t-elle, car les vents soufflent impétueux, se meuvent avec eux les galéjades qui surpiquent les vérités les moins énonçables. Tous contadins nourrit une théorie concernant l’arrivée d’Aldarik au pouvoir, bien que les faits n’aient laissé aucun doute sur le plan fomenté. Curieuse, Gunhild se demande bien quel rôle la volvä a joué ? Quelques minutes suffisent à la jeune femme pour rallier la maisonnette branlante, elle frappe la porte du poing, observe les bouts de planches qui en constituent la fortification ; Sonja fait bien de s’éloigner du village et du chambard qui y règne constamment. La voix de sa tante retentit, elle pousse la porte qui menace de s’écrouler puis pénètre pour aussitôt se retrouver dans la bras de la blonde ; l’étreinte est aussi chaleureuse que le sourire qui lui fend les lippes d’une oreille à l’autre. L’ingratitude du temps les empêche d’apprécier leur présence mutuelle. - Ah, ma tante ; contentement partagé. Cela fait tellement de temps que j’étais à deux phalanges d’oublier tes traits – lance Gunhild, enjouée ; des retrouvailles qui combleront le manque des jours passés éloignées l’une de l’autre. - Avec grand plaisir - répond-t-elle, emboîtant le pas de Sonja pour s’installer près des flammes, un verre de Syra à la main et le regard vif, porté sur le visage familier. - Les raisons nébuleuses m’échappent encore, à dire vrai, Sonja – lance la jeune femme, en poussant un long soupire. Par où commencer ? - Les ouï-dire qui me parviennent parangonnent mon cher oncle au despote qu’il n’est point ; les faits paraissent irrécusables, ils parlent d’eux-même, je ne peux blâmer la foule pour des réflexions qui tendent à semer la discorde - peut-elle fermer les yeux – et les oreilles, devant tant de disparité ? - Parle sans détour, dis-moi ce que tu penses des dernières décisions prises par le jarl ?

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