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 we're all doomed in the end. (moira)
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Sujet: we're all doomed in the end. (moira)   we're all doomed in the end. (moira) Empty- Sam 11 Mar - 20:40

— we're all doomed in the end —

795, le vingt-cinq de Þorri

S
olstheim se noie. Elle a pris la parure d’un géant qui dans une mer de sang râle son agonie. Le sirupeux ichor entre par son nase, enfle ses artères et vient cloquer les bronches pondéreuses de ses foyers. Cris et vociférations appellent leur souverain, le damnent à perpétuité comme s’entrechoquent dans les nues les deux astres coursés par les molosses célestins. On le raille par-delà empyrée, jetant sur sa citadelle des glaviots de poix qui obstruent toute clarté. D'abjectes ténèbres gagnent bientôt les rues et les cœurs, pourrissant sur leur passage la faune épeurée du peuple anéanti. En se détournant du spectacle chtonien, il voit apparaître les silhouettes familières de ses enfants à qui l’on a cousu paupières et labres, tous soutenant à bout de bras et avec une religiosité soigneuse des rogatons humains vers lesquels il s’avance. Ce sont des mains, et des pieds, et entre les phalanges du fils, la tête couronnée de sa reine gît, portant sur lui le regard du blâme qu’un sinistre rictus appuie. Un courroux mortifère tempête en ses tripes, des sanglots de rage trop arides pour exsuder dévorent sa voix que la grogne fourbit. Il voudrait hurler au panthéon la violence qu’est son désespoir mais ne parvient qu’à gerber des cendres âpres tiédies à la bile. Les rotules cognent le dallage empoicré sur lequel des brèches patrouillent dare-dare ; en dessous, le Helheim fredonne sa sommation.

C’est le goût du fer qui le réveille. Celui incontesté et tangible nappant sa langue meurtrie et ondoyant contre émail. Plié en deux, la carne suintante, il a saisi dans le creux d’une paume les draps détrempés abjurés par la flavescente sommité. Il n’y a rien de plus en cette couche qu’un monarque hanté par l’horreur de ses songes, couvé par le décor ouaté de sa chambre aphone. L’épouse a pris ses quartiers dans les confins du palace en abandonnant pour toute traine la révulsion faite à leur concupiscence maritale. D’entres les badigoinces rancies s’échappe un crachat oxydé qui rejoint le bois du sol, bientôt suivi par les pieds nus du Konungr ahané. Groggy mais fébrile, il darde sur la lucarne ses lazurites phobiques pour s’assurer que la nuit reste béate, sereine. Il n’y a, selon toute vraisemblance, aucun fléau à déplorer, pas plus que sa ville ne convulse dans quelque apocalyptique chaos. Pourtant, la vicissitude cogne contre tympans et guerroie sans relâche contre l’accalmie induite, soumettant les affres tassées sous cabèche au diktat du vertige. La vésanie n’atermoiera pas son déluge ; il rince ce que le suzerain a de lucide et le fait s’égarer dans le délirium, puis dans les galeries de sa royale demeure. Chichement nippé, chausses chenues et toge ocrée abritant ses épaules, il traverse des canyons de corridors jusqu’à se retrouver devant l’huis tant quêté. Il n’en heurte pas la surface, non plus ne s'aventure-t-il prudemment dans la pièce adjacente. Son entrée, tout au contraire torrentueuse, enrôle avec elle un fracas de bruits cornant sa venue enfiévrée. « Moira ! » Peu lui chaut que son rauquement écumé ne réveille toute la maisonnée, il est l’égal de Mjöllnir rossant l’ataraxie des tonnerres – autrement dit un butor insensé. Son appel récidive çà et là jusqu’à ce qu’il ne longe une tenture derrière laquelle la puînée s’est immergée dans un bain brûlant. « Ah ! », rouscaille le mufle dont la vision n’a point l’air de sangler tel aplomb. L’Impudique va jusqu’à s’asseoir à terre, râble contre étain, et délaisser son échine sur le rebord en lorgnant leur plafond. « Ce peut-il que les dieux m’aient, cette nuit-même, soufflé leur projet ? » Son émoi et celui d’un fou. Il ne semble percevoir qu’une arantèle félonne lui révélant une vérité malsaine. Les orbes bondissent d’un mirage à une spéculation, ils mastiquent le vide dans l’espoir d’y flairer une matérialité quelconque, dure, gouteuse. « Si tel est le cas, ils se rient de moi », accuse le fantoche, gueule pétrie par la fureur, qu’il finit par tordre à l’endroit de l’ondine. « Serai-je notre perte à tous ? Dis-le-moi, ma sœur, ma très chère sœur ! J’implore à tes pensées qu’elles s’expriment ! » La bave aux lippes, crachin de perdition, il a pivoté vers elle et harponné le matériau non loin des rondeurs flottant sur baille.


Dernière édition par Markvart Lund le Mar 28 Mar - 20:27, édité 2 fois
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Sujet: Re: we're all doomed in the end. (moira)   we're all doomed in the end. (moira) Empty- Dim 12 Mar - 15:39

— we're all doomed in the end —

Tell me every terrible thing you ever did
and let me love you anyway.

P
onçant le pavage des pénates princières du pouacre plat de ses bottes, le Navarque n'est plus bon qu'à brasser la pénombre, sans plus d'ardeur à l'œuvre que celle déployée par l'âtre, en lequel ronfle la sénescence d'une flambée. Un fatras de muscles dolents, taraudés par nerfs et tendons à cran ; tel est ce que le devoir glaviote, une fois besogne quotidienne accomplie. C'est auprès du simulacre de bûcher, à l'opposé de la porte à peine claquée, que la défroque épuisée et glacée trimarde donc en titubant, tel un phalène épris de la moindre clarté. En chemin, elle se déleste de targe et saxe, puis de cape et ceinturon, et enfin défaille le masque rigide bardant de jour un minois qui, à la faveur de la nuit, s'accuse d'intrinsèques avaries. « Kima. », somme alors la voix usée d'avoir, des heures durant, par trop gueulé sur canailles et bleusailles, tandis qu'un coude cogne contre cadre de cheminée. Crachée par l'opaque, la silhouette de l'antiquité invoquée trahit enfin sa présence en expectorant son abject et familier borborygme, seul son que produit encore le larynx lacéré, quelques quatre décades auparavant. « As-tu ce que je veux ? » En guise de réponse, rien qu'une seconde inflexion aigüe, bronchitique, que l'échinée néanmoins interprète sans arduité comme approbative ; c'est qu'elle est rompue à l'art de décrypter la moindre nuance claquetée par ce gosier aphone. Et pour cause, c'est à sa désormais flasque mamelle que naguère la princesse tira son lait. En un sens la nourrice se dévoue toujours à sustenter sa progéniture adoptive, mais dorénavant plus question de mamelon à mâchouiller ; c'est à dégoter du chanvre à boucaner qu'on l'emploie, à présent, mission cruciale si l'en est. « Bien. Dispose alors, et qu'Iðunn marche avec toi, vieille femme. » Au lieu néanmoins de prendre congé comme requis, l'ancêtre jase un ultime phonème, se conciliant enfin l'attention oculaire de sa maîtresse, aussitôt orientée par un geste de phalanges étiques, dardées en direction de l'alcôve destinée aux ablutions. « Oh, brave Kima... louée sois-tu. », flatte l'alezane, iris jusqu'ici atones s'avivant d'une ostensible gratitude à la perception de ce qui au-delà de la tenture l'attend, tandis que déjà la tignasse est avec hâte dénouée. Déjà, la chambrière s'efface, et c'est une fois son ombre décharnée tout à fait volatilisée que, dans l'intimité recouvrée, l'anatomie bosselée se révèle, pièces de cuir après mailles de fer, sur fond de grogne lancinante à la moindre contorsion. Puis c'est un râle béat dont se fend le poitrail dénudé, lorsqu'en un geyser d'éclaboussures éparses, plonge dans l'eau fumante la carcasse percluse, jaspée par endroits de pétales cyanosés. Aux barbotages extatiques en fond de baignoire se substitue néanmoins bientôt la langueur des assouvis. Caboche dodelinant sur l'orle forgée, l'esprit embué et séduit par la sereine pavane des volutes vaporeuses, c'est à la dormition que corps et âmes, peu à peu, s'abandonnent. Les paupières ne s'obstinent même plus à endiguer l'inéluctable et, enfin, le souffle torpide témoigne à son tour de la défection des extrêmes forces.

Ainsi, lorsque la phonation fraternelle pilonne les denses nébulosités, elle suppose rêver, la puînée. Les landes chimériques se font de fait volontiers conquêtes de l'aîné, et sa psyché est donc coutumière de ses raids débridés. Alors, si les instincts tiquent lorsque le chambranle est embouti, c'est en définitive lorsque le Konungr fait irruption en chair et en os à revers d'étoffe, que les sens en sursaut exhument la conscience. Mandibule éboulée de sidération, c'est ainsi qu'elle lorgne l'Impérieux s'affaler à même le dallage, rivant sur l'occiput seigneurial, qu'il lui offre à reluquer, de ronds quinquets médusés. « Par tous les— », qu'elle ânonne, cependant qu'il ébauche le motif à telle insane intrusion, l'élocution arpentée d'inflexions bouleversées. Comme par mimétisme, la panique qu'il semble éprouver la gagne à son tour, et au rachis alangui de cambrer comme pour jaillir... jusqu'à ce qu'enfin la lucidité réintègre tout à fait ses quartiers, et qu'à sa nudité la rouquine accorde une œillade éperdue, lors même que le râble régalien se déhanche à sa rencontre. Les voilà nez-à-nez ; lui que la fureur sinoque défigure, elle pataugeant dans ses remous indécents. En désespoir de cause, le galbe acculé se rétracte alors sur lui-même, rotules ambitionnant dissimuler le gros du désastre, tandis que les menottes ruisselantes enclavent pourtant le portrait forcené, l'embarras cédant malgré tout du terrain à l'inquiétude, que l'émoi du frangin n'a guère jamais manqué susciter. Pansant les incises lacérant la quiétude céruléenne d'œillades se souhaitant lénifiantes, elle susurre : « Shh... allons, si c'est bien là présage divin, céder à l'angoisse n'y fera rien. Paix, mon frère, et dis-moi plutôt ce qui te tourmente. » Ce disant, les phalanges humides ont flatté le crin hirsute, et le front du monarque, madéfiant le faciès fiévreux comme pour en estomper les feux. Sourcils froncés, elle en fait d'ailleurs constat : « Tu es brûlant... Il te faut du repos. » Puis, hissant un œil vers quelque drap de bain en suspens non loin, mais hors de portée immédiate, elle trousse un museau navré à l'idée qu'il lui faudra donc prendre son mal en patience, ne dépendant plus que du bon vouloir du Roi son frère pour s'extirper de telle délicate situation. « Était-ce un songe ? Un mauvais rêve ? », murmure-t-elle enfin, s'affairant derechef à de plus urgentes et supérieures considérations. « Tu peux dormir ici, cette nuit, si tu le souhaites... J'ai sans doute de quoi t'aider à te délasser suffisamment, si besoin. »


Dernière édition par Moira Lund le Jeu 30 Mar - 3:53, édité 1 fois
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Sujet: Re: we're all doomed in the end. (moira)   we're all doomed in the end. (moira) Empty- Jeu 16 Mar - 2:50

I wear this crown of thorns
Upon my liar's chair
Full of broken thoughts

L
a carne échoit en lui soustrayant la vue comme musardent les menottes humectées sur sa gueule. C’est un délice, ce contact lénitif qui lui est sacrifié, panacée sacrale dont il ne voudrait jamais se départir aussi férocement les dieux s’y risqueraient-ils. Ses paupières closes tressaillent un moment avant que le trépidant séisme n’aille mâtiner sa rudesse jusqu’aux maxillaires cupriques, et là, au soupir enfiévré de forbannir la plaine de chairs. Ah, Moira, litanie onctueuse dulcifiant ses siennes escarres pour peu qu’elle lui cède sa seule présence ! Il s’apaise un peu mieux, le Sinoque, il abandonne de sa grisaille dans la sébile que sa puînée lui tend du bout des doigts et laisse à ses muscles le loisir du répit. De toutes les féminines attentions et ce depuis que l’union royale bat des élytres, c’est bien chez la puînée qu’il buvote le meilleur des apaisements ; son âme en veut pour preuve la retraite prise en ces quartiers, et non pas en la couche de quelque piètre maîtresse ou favorite qui soit. Son Commandant a des armes que d’autres ne possèdent point, leur lignage et passif certes, mais aussi et surtout la transcendance de leurs rapports qui jamais ne pâtit du jugement de l’autre. Auprès d’elle, ses titres et rôles sont équarris pour ne laisser place qu’à l’écorchure vive et nette de ce qui sous exosquelette croupit. Brûlant, il l’est, oui, de la touffeur qu’ont les géhennes inhalées par ses nuits, celles bercées d’effroi et de rires gras dressés par ses névroses. Il enrage ! le guerrier, qu’on ne fasse plus de lui que l’ombre de son allure, que tout ce symposium machiavélien transmis en même temps que la couronne ait ébauché un homme dont il ne reconnaît plus ni les peurs ni les traits. Lui revient souvent en mémoire la vision du patriarche au déclin de son règne, le front bas et la flamme lichée par une sénescence tout à fait avariée, et il se demande alors si à ce dénouement les Nornes l’ont aussi promis – avec une diligence plus vive encore que celle ayant acculée son père. « Un songe, un mauvais rêve… qu’importe le nom qu’on donne à l’infamie de l’esprit, ce qui m’est apparu a autrement bouleversé mon être qu’un négligeable mirage… », confesse-t-il, molestant la ride de lion nimbant le froid acier de ses orbes qui apparaissent derechef. S’il doute pouvoir sommeiller dans les heures – et années – à venir, il considère cependant rester auprès d’elle comme l’y convie la vénusté.

Avant d’agréer néanmoins, un rictus lui bat le labre. Toute sérénité nûment acquise tombe massivement et le buste se détache pour laisser le soin au regard inquisitorial de toiser la pudibonderie dont se ouatine sa sœur. Défenestrée par-delà calots, son épave de raison se tue. « Qu’as-tu à te clapir de la sorte ? Je t’ai vue en langes bien avant que Skuld ne te considère sur son arantèle. » La dextre jusqu’ici posée contre carnèle de baignoire s’élance et mord un bras nu, bientôt rejoint par l’autre paluche qui saisit la ligne mandibulaire. « Toi aussi ? », s'effare la phonation, aggravée plus que de coutume par le tragique que croient bâfrer ses yeux. « Toi aussi, à présent, tu me renies ?! » Aux badigoinces, l’écume acharnée récidive et éclabousse le courroux brutal, insane, qui sur l’Adorée a trouvé quelque nouvelle mire à cribler. Une force animale l’incite à plonger pogne sur une rotule qu’il déplie sans soin. « Te révulsé-je ?! As-tu trop honte de ton roi pour te révéler à lui sous tes plus naturels atours ? » Des éons qu’il soupe les œillades persifleuses de la flave matrone, et maintenant elle ! Elle dont il se croyait être un frère, sinon estimé, au moins aimé ! Ce sont soudain des foultitudes d’aigreurs qui le transportent, milliers de faces daubeuses ricassant sur lui et son règne et dont la belliciste devient, bien malgré elle, un héraut. L’idiot colosse a les synapses droguées par la paranoïa. La décence maquée par la rogne. En se débattant, Moira n’avive que mieux la versatilité du monstre délirant créé par les pétitions de son trouble. Enfin ! chuinte la calme démence nidifiée en son for. Alentour, l’océan pellucide est au contraire pris de remous et crachote à la gueule hirsute des gerbes ravagées dont l’Incoercible fait fi. « Allons donc, et cette chose avec laquelle tu veux me délasser aurait-elle la coruscation d’une lame ?! » La paume fustige une cuisse comme si son maître explorait le derme pour lui rabioter l’article honni et plausiblement muché aux abords de la cluse vénérienne. Sans toucher à la sainte matrice, le frôlement demeure obscène pour peu que l’on scrute la scène avec raison ; lui ne blaire que l’hystérie de sa fièvre tamisant le réel et ne dote son geste que d’une teneur punitive. La lazurite de ses prunelles s’apâlit de décadence et brosse le portrait spectral de feu le crépusculaire Nordahl.


Dernière édition par Markvart Lund le Mar 28 Mar - 20:52, édité 4 fois
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Sujet: Re: we're all doomed in the end. (moira)   we're all doomed in the end. (moira) Empty- Sam 18 Mar - 1:42

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Tell me every terrible thing you ever did
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I
l chancèle, le noble crâne, en se dérobant à la vasque tutélaire des paumes sororales ; et en telle urne ébranlée, la psyché titube de plus bel, telle un égaré à la lisière de traîtres fêlures dégueulant d'un mâchefer chimérique qui peine à se désagréger, en dépit du récent ressac de la narcose. Comme si, écumant de sédition à bouillons depuis ses noirs tréfonds, l'âme d'ordinaire par trop contrainte à la vassalité du devoir, se refusait à abdiquer la tête couronnée, quitte à l'écimer pour ne plus s'en voir répudier. D'autant plus abyssales que vétustes s'avèrent désormais ces béances d'où la vésanie suinte. Depuis leur genèse et érosions, la puînée les a sondées, arpentées, jusqu'ici sans péril, à l'instar d'une rémora qui, cramponnée à son squale, n'en craint guère la morsure. De ce fait les devine-t-elle bâiller, à cette façon qu'ont les safres calots de lui bouffer le galbe ; combien de fois ne les a-t-elle pas vu de la sorte se dilater pour se bâfrer de quelque adversaire, au champ de guerre ? Oui, s'il lui fallait baptiser le fléau fraternel, c'est ainsi qu'en un mot elle le nommerait : munnr, la mâchoire, inexpugnable étau qui sitôt croque, n'en démord plus. Alors, ce n'est donc pas tant la brutalité de l'assaut, qui frappe de stupeur la petite sœur, mais ce seul fait d'en être en premier lieu la pâture. Portrait muselé par la sénestre despotique, crocs sanglés sur farouche mutité, c'est à ruades saccadées qu'elle la dispute, sa fieffée pudeur dont il brigue la vouloir ôter. Non moins, désormais, par réelle réserve que par pure opiniâtreté, puisqu'en tout état de cause, c'est de la sorte que l'Hirsute, jadis, éduqua l'Échevelée, aussi se fait elle fort, deux décades plus tard, de la lui réciter, sa leçon ! Alors à charnière contrariée, jumelle supplée et, bientôt, à furia qui déferle, ire riposte : « Ah ?! Tu veux les voir, mes naturels atours, tu veux les sentir aussi, ô mon Roi ?! », mugit la rouquine, alors extirpée de force hors de ses gongs, décochant un coup de coude bien senti, non sans maladresse toutefois, de part l'inconfort des postures.

Mais c'est à l'aulne de ces insinuations perfides qui, davantage que la paluche, franchissent une frontière des plus obscènes, que les nerfs se tordent méchamment ; au rouge virent les sinoples braquées sur régalienne effigie. La résistance cède ainsi du terrain, tandis qu'elle le reluque ; lui, ou plutôt l'ombre portée du patriarche, s'invitant entre eux, à la faveur de cette véhémente démence, si familière. Au sens littéral du terme, du reste, puisqu'aucune branche de l'arborescence nobiliaire ne semble s'être exemptée des ravages de telle génésique corruption, bien nommée infamie de l'esprit par celui qui s'en fait là digne hoir. C'eut été trop beau, qu'en léguant sa tiare, Nordalh s'abstienne de confier à l'héritier ce qu'elle ceignait de moins reluisant. Portée aux nues par telle fulgurance, l'éréthisme explose, mais au diapason d'une mauvaise grogne, gutturale, de celles macérant dans les viscères depuis des éons : « Te renier ? Te trahir, à présent ? Les Ases m'en soient témoins, que l'on m'étrangle sur le champ, je préfère renoncer au Valhalla que de souffrir telle défiance, m'entends-tu ? » Ce disant, le menton se guinde comme pour inciter le suspicieux à l'acte, livrant à la sentence mandée la gorge diaphane, tuméfiée d'une jugulaire palpitant à tout rompre. « Je porte ton nom, Markvart Lund, et ton sang est le mien. Dispose-en. Il n'est rien de plus que je puisse ajouter. » Telle qu'halée par cet élan de digne fureur, la nudité se déploie enfin, sans plus l'once d'une réticence et ce n'est plus donc parée que de son arrogance liliale qu'elle lui fait face, le toisant à son tour d'un regard tout de foudre sillonné, à l'insolente fixité, d'aplomb sur ses guibole, bras noués au creux des reins. Un corps heurté, à la grâce bafouée d'ecchymoses. Un corps ne faisant parade d'aucune autre vanité sinon que celle calligraphiée au fil des stigmates, sagas gravées dans la chair, vérité crue qu'aucun scalde ne saura jamais qu'effleurer. Un corps d'Óðins Meyjar, enfin, beau d'être laid, fier d'être dégradé, magistral dans tout ce qu'il peut avoir de sacrifié. Et s'il tremble bel et bien, qui oserait arguer qu'il s'agit là de quelque crainte pudibonde, de quelqu'effroi révulsé que ce soit ?


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Sujet: Re: we're all doomed in the end. (moira)   we're all doomed in the end. (moira) Empty- Mar 28 Mar - 20:51

I wear this crown of thorns
Upon my liar's chair
Full of broken thoughts

U
lulant à l'approche de l'orage roussâtre, les fondations de muscles flanchent et s'éboulent d'un coup — d'un grand — lorsque le coude éburnéen s'abat violemment quoique légitimement contre la mâchoire souveraine. C'est là tout ce qu'il fallait à l'halluciné pour que son esprit cesse de se bâfrer au festin des fièvres, un mal pour un bien percutant pansage lui adoucissant l'humeur. La force régurgitée par l'ondine ne le surprend qu'à moitié, il retrouve cette brutalité décidée à vaincre ou tout du moins à ravager ; qu'il s'agisse d'un adversaire, ou du fatum. Car Moira n'a jamais été victime que de son propre vouloir. Le sang et sa sapidité vexée, roulant sur langue, remémore soudain au Konungr pourquoi il n'a jamais pensé d'elle qu'elle soit l'un de ses sujets. Parce qu'elle possède en l'organe qu'est son coeur le plus puissant des cris qui puisse subsister, un bourgeon de rage épanoui à la vue de chaque offense faite, la soumission comprise. Les canines se serrent de douleur, permettent à la salive d'escorter un grognement que le poitrail ravale. Cette impétuosité toute féminine abrège les souffrances de son orgueil, appelle même un soupçon de plaisir cru que le monarque retient prisonnier sous les convexités de son noble flegme. La guerre, exécutée par n'importe quel geste, l'excite sans retenue, semblable à l'écho d'une pulsion licencieuse. Là, pourtant, n'y a t-il pas de combat scabreux entre les chairs, pas plus que de haine dégoisée sur museaux. C'est la tendresse qui larmoie, l'affection qui s'indigne, ternissant ce qui devrait galvaniser. Lorsqu'elle parle, finalement, tous les fragments d'ardeur gaspillés dans les océans que sont ses orbes coulent pour ne plus réapparaitre. L'algie infligée à sa puînée incise sur ses prunelles les runes du remord. Il ne voit bientôt plus danser devant lui qu'un vent de regrets, parcourant le derme nu et triste de sa plus fervente séide s'offrant complètement, éperdument, à ses caprices de tyran. Ce songe perpétuel qu'est sa douce folie lui laisse des répits terribles et inimaginables, durant lesquels, désemparé, il prend conscience des ténèbres installées en lui. Elles sont, comme toutes choses mussées, accoutumées à la discrétion, à l'anonymat, et ne dérangent leur univers que pour l'anéantir ici, et là, le ronger sans se presser, sans l'inquiéter. Se constater tel quel, désincarné de sa forme et conscience réelles, puant d'aliénations passives, c'est avoir honte. Se sentir crade. Souillonné par un double à l'identité trouble, fuligineuse, qui n'a que faire de plonger sa dextre sur le pubis d'une soeur pourtant révérée, à qui l'on offrirait toutes ses vies pourvu que l'on épargne l'adorée des milliers de maux rampant sur l'arantèle des Nornes.

Les pattes moites s'exposent, levées, déchargées de leur emprise, signant un traité de paix qu'elles honorent au prix de l'inertie. Jamais il ne pourrait, pour autre chose que leurs entraînements familiers, jeter sur elle la violence dont il se sait atteint. Cette gorge qu'elle lui déploie donc attire à elle des yeux d'effroi. Puis le mutisme, désordonné, qui ne sait plus que faire et où se rendre, tantôt sur labre, tantôt sur ridules, allant jusqu'à caver son sentier vers l'âme moribonde de son incoercible maître. Il préférerait encore devoir incendier Jötunheim, sacrifier son royaume et ses faunes ingrates, plutôt que d'occire l'astre cuprifère faisant ronronner son ciel. À présent redressée, historiée par des corolles d'ecchymoses, il la mire d'en bas, depuis la place qu'ont les dévots lorsqu'ils s'adressent aux ramures sidérales couvrant leur chef. D'aucuns se pourlècheraient les badigoinces devant le spectacle offert, jouant à choyer la chimère dépouillée d'oeillades gastrolâtres. Lui, que la vision émeut autrement, la regarde sans ciller, mais avec une humble ténuité réservée de coutume à l'observation des icônes sculptées. Lourde, l'échine du suzerain bascule et renvoie dans l'ombre le massif portraiturant l'homme tapi sous couronne. Les mains sont revenues fréquenter la solidité du bain, enroulant leurs phalanges épaisses et condamnables à même l'orle trempée. Combien d'épuisements gisent sous ses chairs ? Et combien de vergognes inanimées leur tiennent compagnie ? Seul l'idiome des spectres pourrait le confesser, eux pour qui le désespoir est une toile pellucide dans leur cosmos de transparences.

« Pardonne-moi. » Par trop de fois destituée du grave alliage qu'est son phonème, l'abnégation troue subitement l'écran de morgue lui servant de voilure. Rares sont les chançards à avoir pu entendre le Solaire prononcer ces mots, plus rares encore sont ceux à en avoir savouré l'honnêteté plénière. Ses rotules le propulsent lentement vers le pinacle auburn, ralliant le visage alarmé qu'il contemple — à présent que ses calots refusent de braver la pudeur maladroite de l'enfant devenue femme. « L'effroi pétrifie ma raison. Je puis me battre contre bien des choses, mais ce poison-ci a la lutte traîtresse. » Un aveu anguleux qui lui blesse la trachée. Sous sylve hispide, sa glotte trépide d'une colère misérable. Les bras de Markvart désaffublent ses épaules de la longue étoffe ocre ayant jusqu'ici boisé sa carne striée de stigmates et encres, puis abritent la sylphide sous la toge tiède qui l'enlace peut-être avec réconfort. Ses paroles n'auront jamais la chaleur que son corps peut promettre à la cadette, ce soupir d'attrition l'enlaçant muettement. Un faible instant, les paumes s'attardent sur le galbe en lui murmurant une pression affectueuse, puis s'esquivent comme s'éloigne le frère. Ses pieds mangeottent une certaine distance qu'il parcoure comme la brise erre dans les fjords ; avec une incertitude qui révolte. « J'ai vu la mort et le désordre marchant côte à côte, piétinant ce monde dont j'ai hérité. C'est pourtant bien mon nom, qu'Ils hurlaient tous, c'est moi seul, qu'Ils maudissaient. » Ses pognes escaladent la pénombre, exhibant leur silhouette massive à hauteur d'acier envoûté. « Cette sensation. Je n'arrive pas à m'en débarrasser. Aucune eau ne pourrait l'ablutionner, elle a pénétré ma peau et me consume de l'intérieur.  » Les ongles se chargent de gratter la surface abhorrée, pelant les croûtes que la perversion du mauvais songe a laissées. « C'est Lui ! Il a convoqué une armée de maléfices pour me nuire sans avoir à m'affronter. Le pleutre ! Fils de putain ! Commandant, que mes hommes se préparent, je vais moi-même trancher ce pourceau de bas en haut et égorger chaque fruit de sa lignée. » Monstres andrinoples, ses paluches labourées signent une gesticulation ferme et sévère tandis qu'il va pour quitter la pièce, la mine dévorée par des plis malfaisants.  
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Sujet: Re: we're all doomed in the end. (moira)   we're all doomed in the end. (moira) Empty- Lun 3 Avr - 20:00

— we're all doomed in the end —

So many stars
and still we starve.

P
oudrée d'aiguail, la fleur de peau scintille, comme incrustée d'une constellation d'astres éphémères qui, s'épuisant, dépérissent en veinant le marbre d'ornières diaphanes ; en silence, le corps vaillant larmoie, épanchant la rosée navrée que les yeux, quant à eux, se contraignent d'engloutir à l'épreuve du pardon mandé. Ça lui perfore le cœur, de fait. En témoigne le spasme qu'accuse la cage thoracique, comme passée au fil d'une lame spectrale la traversant par le mitan. Et si l'organe ainsi troué n'était point scellé sous coffre poitrinaire, nul doute que sa béance abyssale les goberait l'un, l'autre et les neuf mondes. Au lieu de quoi le gouffre palpitant n'a que des pleurs à ravaler, des sanglots à broyer, et avec eux l'écume de cette fureur devenue absurde, n'ayant pas lieu d'être — n'ayant pas droit d'être. Aussi, de même qu'il oralise sa repentance, elle lui offre la sienne, du bout de ces doigts fripés qui s'en vont réceptionner l'angle droit de la mâchoire, désormais rehaussée à sa digne altitude. Alors la sœur a ce geste, mystérieux pour tout extrinsèque qui l'épierait, mais ayant pour eux la valeur d'un rituel, en ce sanctuaire qu'est leur aphasie sentimentale ; de la cime de l'ongle, elle souligne ainsi avec fugacité l'infime convexité renflant une oreille, dont sa symétrique est dépourvue, détail divergent décelé plus de deux décades auparavant, lorsque môme elle s'usait la vision à traquer, chez ce demi-frère, le moindre gage de leur similarité. C'est un regret mutique, donc, pétri d'une dilection pouvant néanmoins l'exempter de toute parole, car lorsqu'il s'agit d'énoncer l'éprouvé, la skjaldmö fait défaut d'éloquence. Ainsi, pour preuve, le labre entrebâillé n'est plus bon qu'à trémuler dans le vide, rougi par l'afflux de sang que l'intime liaison de leurs prunelles ne manque jamais enfiévrer. Parce que ce regard, il n'a pour son aplomb pas la moindre humaine indulgence, et lui fourrageant de la sorte l'âme tel un tisonnier ses braises, il la blesse, il la tue. Contre ça, non, elle n'a pas les mots, elle n'a rien ; plus que nue, elle est écorchée vive. S'en aperçoit-il, là, tandis qu'il la dévisage ? Jaillissant à brûle-pourpoint, l'hypothèse l'effare, bien qu'elle la suppose d'emblée tout à fait aberrante ; Markvart ne saurait être en mesure de jauger l'ampleur du trouble insensé dont il est l'orfèvre... n'est-ce pas ? C'en défiant, elle ne saurait pourtant éluder l'étrange ivresse que telle détresse exalte ; ébauche de sagacité s'égrugeant cependant aussitôt que de rauques inflexions ramonent derechef le larynx masculin. Alors il dévêt avec humilité son désarroi, qu'il affuble du nom d'effroi, et comme joignant le geste à la parole, débraille son râble de ses mordorures ; tel l'orbe solaire, acceptant l'obscur, ôte son nimbe ardent à la faveur de la nuit l'assiégeant. La vision est à ce point sublime qu'elle en a le souffle fauché, l'adoratrice, et tandis que son Tout déjà s'éloigne, elle demeure ainsi haletante à en escorter... l'essor, ou le déclin ? Qu'importe, s'avoue-t-elle, sans ciller, endossant la funeste évidence comme elle se drape de l'étoffe à ses épaules déléguée, avec cette sobre élégance inhérente à ces êtres nés pour donner aux tragédies leurs tristes lettres de noblesse. « Tu triompheras, Vagrek. », susurre-t-elle alors seulement, timbre dénué de l'éclat des espérances, mais au contraire lesté de la gravité dont seules s'adornent les convictions éperdues. Car tout sournois que soit cet ennemi désincarné le harcelant jusqu'en ses torpeurs et se fardant même des traits de ses alliés, qu'on le nomme effroi ou infamie de l'esprit, tôt ou tard Markvart Lund, Konungr en titre, l'affrontera et par le fer ou le trépas — les Nornes concédèrent-elles jamais à un Roi d'autre choix ? — oui, il en triomphera. Ce sera laid, et sale à souhait, à n'en pas douter, mais il n'est pas de triomphe qui ne le soit. La toison cuprique s'ébroue alors enfin, comme les esprits reconquièrent leur siège, et qu'à la contemplation supplée la mise en motion du galbe qui, sans plus biaiser, rompt d'avec son ankylose sculpturale, cédant à l'attraction fraternelle, telle un satellite s'adonne à son étoile.

De même qu'il s'épluche les pognes, elle les lui ausculte des yeux, comme si des excoriations s'apprêtait à sourdre la substance de ce mal, dont il se prétend infiltré. Comme cela serait commode ! elle n'aurait ainsi plus qu'à le lui extraire, à le lui ponctionner à la façon de ces sangsues purgeant les sanies d'une mauvaise plaie. Au lieu de quoi, elle se sait n'être qu'un témoin sans armes, astreint à mirer cette guerre, celle d'un homme s'escrimant contre lui-même, hors d'atteinte, quoi qu'elle ne détèle jamais ses flancs. Markvart est seul ; c'est un terrible état de fait qu'elle n'a jamais ignoré, mais qu'elle ne tolère pas avec placidité pour autant. Des bronches s'épanche un soupir aphone, lors même qu'il s'enivre d'une sanglante velléité, se cherchant selon toute vraisemblance un ennemi réel, tangible, auquel se heurter. L'usurpateur, elle devine, ce chien de Wilhjelm qui, depuis la futaie taciturne de Skogen, jappe ses déloyaux affronts ; son tour viendra. Avant qu'il ne la distance cependant, les phalanges féminines se cramponnent au souverain coude. « Ne me laisse pas, s'il te plaît. », qu'elle lui clame alors, n'ayant guère d'autre prétexte immédiat à l'esprit que celui-ci, pour tenter d'entraver l'accès impétueux. « Reste. Avec moi. » Ce disant, la coercition des doigts autour de jointure s'affermit. C'est ainsi qu'elle le hale dans la direction contraire, faisant fi de ses potentielles royales contestations. Les figeant aux abords de l'âtre, c'est sans plus d'ambages qu'elle le propulse sur une molle assise, et ajustant la toge fuyante, le lorgne, un sourcil haussé. « Quoiqu'une saga relatant la pénitence du bougre par un Konungr et sa sœur à moitié nus puisse m'enchanter, vois-tu, je doute que nous survivions à telle lointaine virée en nos plus simples appareils car, contrairement à ce qu'avance la rumeur populaire, ma tignasse ne nous réchauffera pas. » Là-dessus, prunelles, épaules et phonème dégringolant de concert, elle ajoute : « Et puis, ces temps derniers, le repos déserte aussi ma chambrée. Rien d'aussi terrible que ces hantises s'invitant chez toi, toutefois. Mais, puisque tu es là, et parce que ce n'est pas souvent que je reçois... » Le doux euphémisme lui extorque alors un rictus gouailleur, tandis qu'elle s'incline pour ravitailler la flambée d'une bûche ou deux. Plus bas enfin, plus fort pourtant, elle réitère : « Ne me laisse pas. »
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Sujet: Re: we're all doomed in the end. (moira)   we're all doomed in the end. (moira) Empty- Mer 12 Avr - 4:18

I wear this crown of thorns
Upon my liar's chair
Full of broken thoughts

B
enoîte de hâte, la chair qui le happe transperce ses barreaux et lénifie le roulement de tonnerre éventrant sa gorge. Cette prédation qui porte chez Moira le nom de tendresse a brutalement débusqué le corps malade et meurtri de l’animal rouge qui palpite sous cage thoracique. Figé dans sa croisade, le roi ravise son pas et rappelle sa rage partie par hordes à l’aube de son émoi. Le contact électrique provoqué par le heurt entre Paix et Fureur dissémine sur la structure nue de sa colonne un spasme trivial, un frisson puisant son essence dans l’origine même des molécules et des mélancolies sauvages. La supplique est telle qu’il consent, avant même d’avoir digéré la phonation et ses inflexions aériennes, à lui céder n’importe quelle fantaisie. Qu’elle ait la sagesse d’un trémolo ou l’insolence d’un cri. Ses cieux frappés d’un gris terne dégringolent vers les orbes gémeaux de la sœur, finissent par y plonger entièrement pour en pourrir toute la beauté hors-la-loi ; la sueur de ses vices et vésanies perle doucement contre la grâce franche du regard qu’elle lui tend. En lui réclamant sa présence, elle sollicite aussi sa mémoire, un puits sans fond qu’une eau froide tétanise mais abrite du vide. Là-dedans, une môme au minois retroussé fait clapoter le flot des souvenirs en babillant un vocable rompu par l’antan. La mélopée de sa voix enfantine quête des bras dans lesquels s’enrouler, des contes à écouter... Cette gamine a bien changé, quoique pas tant. Il serait encore prêt à lui livrer son étreinte et narrer jusqu’aux confins de la nuit toutes les légendes encore endormies dans le giron de Bragi. Le recul qu’il prend se matérialise toutefois au-delà qu’en la foulée imposée, car la pantomime exécutée par leurs enjambées l’éloigne en crescendo de la petite fille jadis consolée ; c’est une femme qui le charrie à présent jusqu’à l’assise, confiante et ferme, autant que n’aurait pu l’être l’une de ses amantes. Analogie provocante. Ça devrait le déranger, lui cingler sa morale — aussi bancale soit-elle. Mais rien ne vient, mis à part le naturel de telle corruption épointant les angles filiaux de ses sentiments. L’étoffe ocreuse s’allie à l’avalaison prise par ses pupilles et lui révèle subrepticement ce qu’il était jusqu’alors incapable de voir ; ce matériau charnel, galbé et un peu érotique, révolu sitôt la prestesse de la sylphide exécutée. Elle se rhabille de pudeur et il se revêt d’œillères. « Quoiqu'une saga relatant la pénitence du bougre par un Konungr et sa sœur à moitié nus puisse m'enchanter », le labre se fend d’un sourire forcé, âpre, trahissant ses valeurs ulcérées qui le prennent à rêvasser de poèmes lascifs célébrant l’interdit en ses pensées pareillement enchantées, « (…) vois-tu, je doute que nous survivions à telle lointaine virée en nos plus simples appareils car, contrairement à ce qu'avance la rumeur populaire, ma tignasse ne nous réchauffera pas. » Retour brutal. Ce dit crin cuprique de la lignée, en tapinois saupoudré sur ses propres mèches, lui bat la pupille en guise d’ultimatum. Un peu plus, et il se brûlait les ailes sur cette flambée de puînée.

La nausée débarque tranquillement, revers indispensable à toute bonne folie dument rincée après que le mal ait été fait. Succédant à la révolte de sa décence, c’est à la fibre de ses nerfs d’accuser ces heures, jours, mois et années d’insomnies fidèles. Dans le confort du siège, une noirceur ronronne aux tréfonds de la ventraille. Ses calots se détournent et se trouvent un autre os à mâcher, guignant les sculptures du bois finement travaillé et, quoiqu’entretenu, dépoli par le sel des embruns vagabonds. Son âme est telle quelle, songe-t-il, une épave à la dérive que des continents de quiétude toisent de loin, sans jamais vouloir se mouiller. Finalement et par appétit carnassier, il en vient à scruter le sang frais et honnête de ses paluches scarifiées, deux étoiles incarnadines le guidant à travers phantasmes, fatigue, scrupules. « Et puis, ces temps derniers, le repos déserte aussi ma chambrée. Rien d'aussi terrible que ces hantises s'invitant chez toi, toutefois. Mais, puisque tu es là, et parce que ce n'est pas souvent que je reçois... » Aux poings de se serrer. Les jointures blanchissent par-dessous, la carne grimace, puis grince comme du vieux cuir ; de ses entailles naissent d’innocents ruisselets qui viennent abreuver l’antipathie du frère peu partageur — bien qu’en vérité, pisser de cet ichor est ce qu’il lui reste de plus authentique et de réel dans ce labyrinthe qu’est le délire. « Ne me laisse pas. » La réitération le rend chien. Dogue impérieux qui braque sur la cadette son terrible silence moucheté de piété. Jamais, aboie ce mutisme. Il le rompt plus en douceur. « Ce repos qui te déserte, le fait-il par lassitude ? » Du coin de l’œil, il embrasse la pièce. « Celle d’attendre un compagnon partageant ta couche, ta vie...? » Leur secret s’ébranle un peu comme le suzerain parle, aguiché par la caresse de l’insinuation. « La promesse que je t’ai faite n’engage que moi. Tu as la bravoure de mille guerriers, mais cette crainte qui t’habite, Moira, n’a pas le droit de te condamner au fardeau de la solitude. » Elle arguait jadis vouloir conserver sa liberté mais, avec le temps et une sagesse remâchée, il a compris qu’une telle indépendance répondait certainement à une panique sédentarisée. Laquelle et pourquoi, il ne saurait ni jurer, ni tourmenter la destinée de sa sœur en quêtant aux dieux les réponses à ses questions. « Mes filles sont maintenant en âge de prendre époux, ce qui veut dire que le poids qui ceignait autrefois tes épaules s’est étiolé. Mon devoir de patriarche n’a, te concernant, plus à t’inquiéter. Les contestataires rôdant autour de moi comme des vautours y verront là un sempiternel manque d’acuité... », les commissures se ravinent pour que s’élonge la raideur d’une risette non moins indulgente, « ... mais je suis prêt à sacrifier un hymen politique si ta félicité en dépend. »  
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