QUELLE EST TA POSITION PAR RAPPORT À TON JARL ET TON ROI ? ≈ Nulle opinion particulière n'agite sa caboche à l'égard des Seigneurs. Ødegard lui a toujours semblé se soucier de son fylke, et c'est bien suffisant à ses yeux. Héritier d'un royaume à la réputation entâchée, ses plans de réfection ne furent pas des moindres ; il a – après tout – fondé la Svart Brotherhood, où Rúni a eu le plaisir de s'esquinter le râble.

Mais les landes désolées de Skogatt ne sont plus en tête de ses préoccupations – si tant est qu'elles le fussent un jour. Résidant désormais à la capitale, le bondi contemple de loin les intrigues qui fleurissent en son sein gâté. Organe discret du pouvoir, il appartient aux serres de la Puissante, et sert ses intérêts avant ceux du Roi. Les possibles conflits engendrés par la situation ne soulèvent que monceaux d'indifférence en son cœur; il salit ses pognes pour Elle, et elle seulement – séide mutique et obédient.

EN QUOI FAIS-TU HONNEUR AUX DIEUX EN ÉTANT VIKING ? AS-TU EU À FAIRE DES SACRIFICES EN LEUR NOM ? ≈ Aux valkyries cannibales, il n'a jamais cessé d'offrir arrhes de charogne et oboles de sang, s’acquittant, comme tous les autres, du lourd tribut pour franchir le seuil de l'une des six cent quarante portes du Valhalla. Déférence marquée envers les Immortels, inculquée par la génitrice thaumaturge. Outre ses funestes offrandes, il ne manque pas d'honorer les Dieux au quotidien, dédiant oblations et sacrifices à qui de droit.

QUEL DESTIN PENSES-TU QUE LES DIEUX ONT CHOISI POUR TOI ? QUELLE EST TA PLUS GRANDE CRAINTE QUANT À TON AVENIR ? ≈ Une paire d'années en arrière, il est venu marauder une nouvelle existence à Solstheim – un songe, à peine, d'une expédition lointaine, par-delà les royaumes connus. Mais sans un septim pour financer sa chimère, il n'a pu aller plus loin que les eaux du port royal. Aujourd'hui, il lorgne la mer, mais sait que, désormais, son destin est à terre. Les Dieux ont statué, et il embrasse sans scepticisme les conjectures des Tisseuses ; au verbe de la Reine il obéira, et ses foulées il suivra. Reste à savoir jusqu'où la Suprême le conduira.

fragments
(I) Môme fauve aux côtes saillantes, paumes crasseuses et museau sale, seigneur d'une meute de greffiers sauvages. Les talons qui vagabondent, carcasse à demie perdue dans un songe lucide. Les contes de la mère, ses mystères murmurés, ses arcanes refusées. Miettes de savoir glané qu'il devra oublier parce qu'il sera un homme, un homme, un homme. Il ne comprend pas. Lui aussi veut tisser destins, guerres et paix. Mais il ne peut pas. Il n'en a pas le droit.

(II) Sólarsteinn toujours fourrée contre le torse, unique relique léguée par la völva. Un morceau d'astre ardent, révélant les pistes clandestines qui s'étendent sur le dos de la mer lorsque le soleil est couvert.

(III) Dans les entrailles de la sylve, hurlent tambours et clameurs lacérées. Carnes nues et crinières noires, offertes à l'appétit de l'astre lunaire ; horde d'échines disloquées qui se déhanchent sous la fièvre d'un brasier. Une branche pour tout perchoir, les pattes dans le vide, et il contemple l'interdit. Sous ses yeux elles se font louves, prêtes à avaler l'univers ; aux femelles, le petit voudrait se joindre. Quelque chose en lui implore, supplie. Une brisure carnassière qui exige son pesant de chair – fragment difforme du don maternel. D'Elle, il n'a hérité qu'une famine, et il lui faudra la museler dans quelque érubescent sacrifice. Mais il ne sait pas encore tout à fait si animal il veut devenir.

(IV) Prunelles délavées qui rêvent l'infini de l'océan salé. Si certains ne songent qu'à se gorger de l'âcre saveur des rapines, lui guigne quelqu'autre destinée que celle de guerrier. Oh, il faudra bien nourrir la tourmente qui cingle sa poitrine, mais ailleurs. Loin, loin, loin des rivages déchirés de leurs royaumes transis, là où aucun Bondi ne s'est jamais échoué. Lui veut aller saigner les terres vierges par-delà l'horizon ; les innomées aux ventres insondés.

(V) Phalanges perpétuellement écorchées, éclatées, monts de croûtes rougeâtres phagocytant la carne enflée – c'est le temps de l'initiation, où grandissent les appétences d'un môme qui ne l'est plus tout à fait. Entre-deux bâtard, baigné dans les noires viscères de la Svart. Quinzième année, et la mère soudainement avalée par la terre. Pour toute offrande, une poignée de larmes abandonnées sur sa tombe gravée. Les dernières. Homme il est, désormais.

(VI) Une rivière dorée, coulant sur de frêles épaules. Silhouette d'une biche. Un sourire, aussi féroce et glacé qu'un cruel matin d'hiver ; Dagmár, Dagmár qu'elle s’appelle. Dagmár est belle, Dagmár est à lui – havre placide dans le fracas de sa vie. Et quand elle le prend dans ses bras, le reste du monde s'en va.

(VII) Petites idoles qu'il creuse sans cesse dans l'os ou le bois ; effigie rieuses aux traits des Ases, Vanes ou Géants. Talismans inféconds, ciselés pour occuper des pognes agitées.  

(VIII) Deux paires de menottes immaculées qui s'enlacent autour d'une robe nivéenne. Minois hilares, et Dagmár qui les emporte dans son étreinte suprême ; sous les œillades de Sól, se mêlent tignasses d'ombre et de lumière. Le pater se joint à la valse fougueuse – mille baisers pour la progéniture et l'épouse idolâtrée.

Et puis les petits s'en vont, et ne reviennent jamais. Comme tant d'autres, ils n'atteignent pas l'aube de leur huitième année – fatum absurde qui les pousse d'une falaise et voit leur gémellité adorée engloutie par les lames salées.

Après, après, Dagmár cesse d'être ; en sa place, éclat de supplice et de larmes fait femme. Âme et raison ne sont plus que suppures qu'elle n'a de cesse de racler. Entre eux, fosse puis abîme qu'ils creusent et creusent de leurs ongles cassés – elle par sa douleur, lui par son absence. Noce révérée désormais abhorrée.  

(IX) Deux pognes salingues qui se referment autour d'une gorge blanche. Il serre et elle se débat, griffe, écorche, mendie ; ultime sursaut d'une vie qui fut, et qui n'est plus. L'éternité s'écoule alors qu'il l'étouffe, et qu'il la regarde, impavide, calancher. Des mois qu'il y songe. Il la tue comme on tue un chien malade ; par nécessité. Mais l'inéluctable se dérobe. Remugles charogne de l'affection passée qui, un jour, les a lié. Un rien, un rien qui retient sa main. Les doigts lâchent la chair, s'abandonnent dans une triste caresse. Un souffle. Elle le guigne, prunelles enfiévrées, verbe acéré. Entre ses dents, elle le maudit – mille damnations pour l'époux honni.

À l'aube, il s'en va. Il ne peut pas la tuer, il ne peut pas rester.

(X) Ire princière incrustée sur l'arcade sourcilière. Stigmate vieille d'une dizaine d'année, son arrête serpentine s'étend au-dessus de son œil droit, et résulte d'une échauffourée crépusculaire avec la plus anthropophage des Lund. Ô, comme les fauves s'entre-dévorèrent cette nuit-là.

(XI) Si les ripailles sont monnaie courante au palais, ce n'est pas l'enthousiasme qui l'étouffe quant aux festivités. Probable reliquat d'une enfance rugueuse, où la provende n'était souvent que brouet délitescent et miche rance, agrémentée – les jours fastes – de la viande d'un lièvre maigrelet. Aussi le goût de la bonne chère ne lui est jamais venu, et il se contente de grailler le nécessaire, arrosé d'un soupçon d'hydromel.

(XII) Tertre sacré, sol souverain. Demeure des démiurges où il vient trouver guidance, lui qui, désormais, tangue au vent mauvais. Alors que rotules se gorgent de poussière, c'est le verbe d'une presque-parèdre qui vient le tirer de ses mutiques suppliques. Nul or sinon celui de sa chevelure, nul atour sinon sa primale grandeur, nul titre sinon ses prunelles tyranniques ; Reine pourtant elle est, même délestée de son faste princier. Et avant qu'il ne s'interroge sur l'intérêt qu'elle porte à sa petite personne, elle lui livre en pâture les songes d'une völva. On a rêvé de lui. D'ici. De cet instant. Mandat divin, qui lui tombe sans prévenir sur les reins. La Puissante veut une Main. Il lui donne ses poings.

(XIII) Deux lames, presque encore rouges du souffle de la forge, accompagnent chacune de ses foulées. L'une, courte, qu'il porte à la taille, et l'autre, plus longue qu'il harnache sur son échine. Acquises grâce à ses récentes fonctions auprès de la souveraine, il les a nommé Hati et Sköll. Et si les blases sont un rien grandiloquents, les intentions derrière l'étrange dénomination, elles, sont innocentes – créatures favorites de ses fils, il a songé à eux lorsqu'il s'est agi de baptiser l'acier. Les runes sont belles – du moins le suppose-t-il, tout illettré qu'il est.

(XIV) Nuits éternelles. Il ne dort plus. Aucune tiédeur ne vient hanter ses draps, aucune carne ne vient implorer ses bras. Il n'y a que la sorgue algide, et sa solitude poisse. Parfois il les voit, faciès courbes et cagneux, sourires longs et vicieux. Dans ses rêves éveillés, Dagmár est morte. Dans ses rêves éveillés, il l'a tué. Il ne se souvient plus si c'est elle qui l'a abandonné, ou si c'est lui qui n'est jamais rentré. À qui la faute ? La sienne, sûrement. Il ne sait plus. Seul, il ne dort plus.

(XV) Une baleine, échouée sur le rivage. À ses côtés, deux petites charognes gonflées. Le même jour que ses fils, Rán a aussi rendu l'une de ses filles. Bête immense, agonisante dans l'écume glacée, un milliers de mouettes, déjà, sur son râble écorché – divine offrande de la Mère des Marées. Aux funestes agapes, sa chair dans les entrailles et, sur la senestre, l'indélébile vestige de sa venue. Mémoire charbonnée d'une triste journée.

nombre de points à répartir : 24 points. (donnés par le staff)

force : ☐☐
vitesse : ☐☐☐☐
agilité : ☐☐☐☐☐
résistance : ☐☐
discrétion : ☐☐☐☐
stratégie : ☐☐☐☐☐☐
combat corps à corps : ☐
combat armé : ☐☐
chasse : ☐☐☐☐