QUELLE EST TA POSITION PAR RAPPORT À TON JARL ET TON ROI ? ≈ Il porte un regard lointain sur ce monde qui l'entoure, puisque la politique n'a jamais trouvé grâce à ses yeux. Comme s'il n'en faisait pas parti. S'il le pouvait, il vivrait seul au-delà des plaines et prierait pour que tout le pays ne soit que cendres et poussières, et qu'il n'entende jamais plus parler de ces gens auxquels il ne saurait appartenir. Cela dit, et puisqu'il demeure toujours à Skogen, il méprise son Jarl, Jarl Adalrik, avec le mépris que l'on accorde aux traîtres. Il a longtemps songé à fuir le village, mais l'idée de retourner sur sa terre natale lui a flanqué la trouille. Alors, il se contente de regretter amèrement -et en silence- l'époque lointaine où Skogen était d'une douce étreinte et où les Digh lui avaient même permis de panser ses blessures. Quant à son roi, il n'a jamais eu l'occasion de le croiser ; il se contente de lui obéir sans ardeur, ni passion. Cependant, il est bien heureux qu'il ne verse trop de sang sur les contrées, préférant festoyer et conquérir le peuple par la liqueur dorée.

EN QUOI FAIS-TU HONNEUR AUX DIEUX EN ÉTANT VIKING ? AS-TU EU À FAIRE DES SACRIFICES EN LEUR NOM ? ≈ Fût un temps où il était attristé par l'idée que les Dieux lui aient réservé un destin misérable ; destin qu'il combattait avec l'ardeur viking qu'on lui connaissait. Il a vénéré Freyr et Freyja alors que son épouse était toujours en vie, en priant pour avoir une vie bien heureuse à ses côtés, et sans jamais cracher sur son sort. Alors lorsque les Dieux se sont retournés contre lui et ont emporté sa bien-aimée, ses offrandes se sont principalement vu offrir à Hrund. Depuis, la rage s'est tue et il accepte le destin qu'on lui réserve, en priant pour que son avenir soit plus radieux. Par ses offrandes et ses sacrifices, déposés au creux des racines du vieil arbre, à la lisière des bois et par-delà la nature, il demande aux Dieux une vie prospère.

QUEL DESTIN PENSES-TU QUE LES DIEUX ONT CHOISI POUR TOI ? QUELLE EST TA PLUS GRANDE CRAINTE QUANT À TON AVENIR ? ≈ Ses illusions lui ont souvent offert la parfaite esquisse d'une vie paisible, au côté de sa chair et de son sang. Aujourd'hui, aucune rêverie ne berce ses illusions car sa vie n'est qu'une interminable défaillance. Son ultime souhait aurait été de périr par la maladie, aussi vite que possible, et fuir en Helheim pour se loger auprès des siens, mais il est bien trop valeureux pour se laisser crever comme un misérable. Son cauchemar le plus laid est devenu sa réalité lorsque la solitude l'a attrapé par le cou et l'a hissé jusqu'au sommet du désespoir. Il imagine que les Dieux ne savent quoi faire de sa carcasse, qu'ils l'ont juste oublié et abandonné dans un coin du pays sans jamais revenir auprès de lui. Pour autant, il espère secrètement qu'il est destiné à bien plus que couper du bois avec l'amertume qu'on lui connaît et que pester sur sa monotonie ne sera bientôt qu'un triste souvenir.

I. Au village, on ne saurait dire d'où il vient, ni même qui est-il vraiment. Derrière son regard de glace et son visage de marbre, il n'y a que le vide pour accueillir les sbires du Jarl. Comme un vieillard mendiant, il reste silencieux aux requêtes ; témoin extérieur de ce monde ébranlé. Car il n'y a de place pour quiconque dans sa vie, si ce n'est pour le néant d'antan. Au village, on ne comprend ni son histoire, ni son désarroi. On le regarde avec des billes rondes, emplies de mépris et de moqueries. On le toise comme s'il était un fou parmi les sains, un vilain parmi les saints. On ne sait qui il est vraiment, ni même pourquoi il reste s'il ne s'y plaît pas.

II. S'y plaît-il vraiment, au village ? On dit qu'il demeure extérieur à toute chose, comme impassible. Il est invisible, devenu inexistant avec le temps. On le regarde sans passion, comme s'il avait toujours été là. On oublie parfois même sa présence, on oublie qu'il résiste aux années et qu'il traverse les âges avec l'ardeur qu'il lui a été donné. On passe devant lui comme devant une vieille bâtisse abîmée et abandonnée, ravagée par le temps. On daigne parfois à le regarder lorsqu'il se racle la gorge, crache ses poumons. Peut-être est-il semblable à un tas de ruines, qui se contente de subsister sans pour autant exister.

III. Au village, on oublie que son cœur est toujours logé derrière sa chair et qu'une flamme, aussi infime soit-elle, résiste toujours aux vents glacés de la solitude. On oublie qu'il a été frappé par le destin divin et qu'il a souffert comme tout homme. Tous ne connaissent pas son histoire, car tous n'étaient pas encore là lorsqu'il est arrivé au village. Les années ont effacé son histoire, l'ont enterrée au fond de son crâne et ont fait de lui le vilain qu'il est aujourd'hui. On le rejette sans trop savoir pourquoi, peut-être parce qu'il aime un peu trop la solitude, mais si l'on creusait derrière cette façade de marbre, on trouverait le portrait d'un homme abîmé.

IV. Les Dieux lui ont ôté la femme qu'il aimait le plus en ce monde et lui ont laissé un enfant sur les bras. La colère du petit homme a été immonde et lui a arraché les tripes. Il en a souffert, comme tout père. Il en est ressorti abattu, changé à jamais. Mais avant d'être un père, il a été un mari aimant. Il a connu l'amour grâce à ses offrandes et comme un naïf, il imaginait une vie paisible. Son épouse a été son unique amour et son unique faiblesse. Lorsque les Dieux l'ont saisie pour l'emmener au royaume souterrain de Hel, il s'est retrouvé affaibli. C'est ainsi que la solitude l'a encerclée pour la première fois. Les ténèbres ont été son refuge et il s'est laissé emporté par l'incessante valse du désarroi. Il s'est métamorphosé en une créature immonde, impulsive et mauvaise. Il a hérité de l'amertume de son paternel et s'est laissé embrasé par les flammes de la passion.

V. Avec le temps, hélas, la passion s'est éteinte. La rage s'est évanouie et il s'est retrouvé assailli par les regrets. En son sein, il a juré fidélité à celle qui avait été sienne et il s'est promis de ne jamais plus aimer une femme. Au village, on a oublié sa douleur et on a insulté sa virilité. Quelques dames ont cherché à le séduire, à succomber à ses draps et à la noirceur qu'il dégageait, mais il a résisté. Voilà des années qu'il n'a pas touché une femme, qu'il n'a pas sombré sous la chaleureuse étreinte des courbes féminines. Lorsque le temps viendra, il s'embrasera sous le soleil en Helheimr.

VI. Il croyait avoir vécu le pire, mais le malheur s'est nourri de son enfant. Le fils est parti, à treize ans pour rejoindre la Svart Brotherhood, à l'image de son frère. C'est à cet instant précis que la solitude l'a frappé pour la seconde fois, alors qu'il se retrouvait seul au milieu du village. Ce n'était ni sa terre natale, ni sa terre d'accueil, mais c'était dans ce refuge qu'il avait trouvé la douceur et le bonheur qu'était d'être aimé. Il n'était pas parti pour rejoindre Skogkatt et son fils ; il avait préféré embrasser la solitude pour se retrouver.

VII. Car Skogkatt ne représente que les cendres de son passé ; un village qu'il n'apprécie guère et qu'il n'appréciera jamais. Enfant déjà, ses rues malfamées l'étouffaient de leur noirceur et il priait les Dieux pour ne jamais y trouver la mort. Il aurait pu se forger une force immense en ses contrées, mais il a préféré fuir de peur d'y sombrer. À l'image de son frère et de sa sœur, à jamais avalé par les ténèbres de ce village maudit qui lui a dérobé tout ce qu'il avait de plus beau en ce monde.

VIII. Pour autant, il s'était perdu dans le silence et l'ennui. Il avait fait la grossière erreur de songer que son destin le rattraperait, que les Dieux allaient lui offrir une vie prospère et bien heureuse. Il avait fait l'erreur d'attendre et il s'était perdu dans ces heures interminables. On raconte au village qu'il a sombré dans le désespoir plus d'une fois, sans pour autant que la fatalité vienne le frapper. Fort heureusement, il a fini par se relever et par se retrouver grâce à son enfant. Il s'est accroché à l'idée qu'il devienne un grand guerrier et qu'il fasse honneur à son sang. Il s'est accroché à une idée et rien de plus, et c'est ainsi qu'il est devenu un misérable bûcheron, sans grande ambition.

IX. Il aurait pu retourner à son village natal, embrasser à nouveau ce passé qu'il méprisera à jamais et retrouver les siens. Ses parents devenus cendres il y a longtemps, il restait toujours sa jeune fratrie. Il rêve encore du doux visage de sa sœur, ce sourire moqueur affiché sur de vulgaires traits. En revanche, le portrait de son frère est devenu flou avec les années, car voilà longtemps que leur chemin ne se sont pas croisés. Il a fui sa terre d'origine pour se recueillir auprès d'un autre peuple en parti à cause de lui, car le frère était trop malsain pour l'enfant fragile qu'il était. Certes, il était l'aîné, mais allié à une sœur protectrice, le frère était profondément mauvais et il ne pouvait le supporter.

X. Aussi loin que ses souvenirs remontent, il a toujours été exclu de la comédie fraternelle qu'étaient son frère et sa sœur. Alors qu'eux ne faisaient qu'un, lui était la face opposée de cette pièce et il s'en contentait, tristement. Il a cherché à obtenir les faveurs de son sang, mais le frère a toujours poussé la sœur à haïr l'aîné de la famille, comme s'il était responsable de la mort des parents. Le père a été emporté par la maladie et on raconte que la mère en est morte de chagrin. Quoi qu'il en soit, c'est l'ainé qui s'est occupé des deux enfants et c'est l'ainé qui a été châtié pour le malheur familial. Son frère l'a puni pour avoir existé avant lui, pour avoir obtenu l'amour inconditionnel de leur mère. Enfant jaloux, enfant possessif, il a préféré dérober la sœur cadette pour se venger de cette fatalité qu'était son triste sort. Lorsqu'il s'est dévoué à la Svart Brotherhood, la sœur s'est retrouvée seule et abandonnée. L'aîné aurait pu s'en occuper, mais le frère a refusé qu'il s'approche d'elle, alors il est parti pour sauver son honneur. C'est ainsi que la solitude l'a épousé pour la première fois.

XI. Enfant déjà, il ne supportait pas l'impulsivité des hommes et leur grossièreté, préférant la sagesse et l'intelligence. Il s'imaginait herboriste, ou guérisseur, mais l'ambition était un trait caractéristique de son enfance. Avec le temps, il a appris à viser moins haut, jusqu'à atteindre plus bas que terre. Lorsque son jeune frère était destiné aux métiers de la guerre, lui n'était qu'un vulgaire homme d'artisanat. Il n'a jamais jalousé cette force qu'était celle de son frère, car il savait qu'une force toute aussi prodigieuse logeait au creux de son torse. Il aurait pu devenir un grand homme, mais ses rêves n'étaient que ceux d'une vie simple et d'une descendance prospère.

XII. C'est le métal de sa hache qui a coupé ses rêves, au même rythme que sa chair. Le sang a coulé ce jour-là et lui a étrangement rappelé les souffrances de son épouse, juste avant que sonne le glas. Il a imaginé son ultime jour arriver, mais le village l'a soigné. Pendant un temps, il s'est cru infirme et bon à rien. C'est lorsque ses yeux se sont accrochés à cette plaie béante, qui créchait sur sa jambe, qu'il s'est révolté contre les Dieux. Il a saisit son destin et s'est relevé avec la rage qu'on lui connaissait, et qu'on a oublié aujourd'hui, hélas. Il a combattu la douleur avec la colère des vikings, de ce peuple qui est sien, et a appris à marcher à nouveau. Il a été boiteux pendant un temps et s'est cru incapable de travailler à nouveau. C'est lorsqu'il a compris que nulle ne le sauverait qu'il a appris à supporter la douleur et surtout, à la dissimuler.

XIII. Car l'homme ne peut guère s'imaginer infirme, mendiant et pauvre, il a appris à serrer les dents et à hurler au fond de son être jusqu'aux tréfonds de son âme. Il trésaille parfois, tremble et manque de s'écrouler, mais il demeure impassible. Au village, on a oublié sa blessure, on a oublié qu'il était boiteux. Pourtant, dans la profondeur des bois et lorsque la pénombre le couvre, il laisse échapper de faibles gémissements ; sa démarche est bancale, mal assurée et pénible.

XIV. Il n'admettra jamais souffrir, tout comme il n'admettra jamais avoir aimé. Sa caboche est divisée entre le mari aimant et le veuf écroulé. Il ne contera jamais son histoire à quiconque, pas même sous la menace d'une lame, car il préfèrera mourir avec les secrets de son passé. Comme tout homme, il enterrera la souffrance, après avoir appris à vivre à ses côtés. Il mourra sans l'amour du fils, les caresses d'une femme et l'honneur d'une famille unie. Il mourra seul, accablé par les regrets et la misère d'un monde cruel et de Dieux vils. À moins que le destin ne soit clément avec lui et lui offre la perspective d'un avenir meilleur, qu'il se pressera de saisir.

XV. Car derrière le masque de l'homme aigri et amer, demeure l'éternel homme vaillant. On lui prête la nature comme refuge, car voilà longtemps qu'il ne fait qu'un avec les arbres. Il apparaît comme éteint, mais au fond de son être, la flamme du courage brûle toujours. Valeureux, il se relèvera à chacune de ses chutes et se vengera pour les nombreux malheurs que les Dieux et les hommes lui ont fait subir.

nombre de points à répartir : 25 points.

force : ☐☐☐
vitesse : ☐☐☐☐☐
agilité : ☐☐☐☐☐
résistance : ☐☐
discrétion : ☐
stratégie : ☐☐☐
combat corps à corps : ☐☐☐☐
combat armé : ☐☐☐☐☐
chasse : ☐☐☐