QUELLE EST TA POSITION PAR RAPPORT À TON JARL ET TON ROI ? ≈ D'indulgence et d'exemption, fait preuve la puînée à l'égard de l'échine royale s'arquant non sans peine sous atavique fardeau. Il est robuste, son Vagrek, ainsi qu'elle se plaît à le désigner — tendre taquinerie inspirée de la funeste chute de l'héritier des hauts d'une falaise. Mais combien d'écueils, combien de récifs encore, lapideront cet homme, avant naufrage ? Car c'est bel et bien ainsi, qu'elle ne peut s'empêcher le considérer ; un homme, rien qu'un homme. Aussi se garde-t-elle bien de juger ses actes et audaces, elle qui n'a jamais eu à lorgner le calvaire de la régence qu'à l'abri des déferlantes. Nonobstant, jusqu'au fond des abysses elle le talonnera, si tel est son destin ; mais d'abord, il faudra lui passer sur le corps.

EN QUOI FAIS-TU HONNEUR AUX DIEUX EN ÉTANT VIKING ? AS-TU EU À FAIRE DES SACRIFICES EN LEUR NOM ? ≈ Elle se consume, Moira, dans une quête de recognition divine désespérée, et renonce ce faisant à sa quiétude spirituelle, dévorée qu'elle est par la meute des remords claquant des crocs à ses gorge et myocarde. Meurtrière, impunie par la loi des hommes, elle soupire après la miséricorde divine qu'elle ne saurait elle-même s'octroyer ; aussi, elle bataille, sans trêve, contre sa propre culpabilité qui, à petit feu, la tue. Ainsi, de fait, des offrandes elle en immole oui, au premier rang desquelles figure sa damnable personne, qu'elle dédie, avec abnégation, aux dieux ainsi qu'aux siens.  

QUEL DESTIN PENSES-TU QUE LES DIEUX ONT CHOISI POUR TOI ? QUELLE EST TA PLUS GRANDE CRAINTE QUANT À TON AVENIR ? ≈ À ses blâmables esgourdes, une Völva naguère prophétisa ténèbres, destinée noire et fin tragique ; alors la Flamboyante ne s'embrasa que davantage, comme pour conjurer l'obscurité, se changeant en torche-humaine pour défier, de ses ardentes bannières, la funeste nuit augurée, mais aussi et surtout pour réhabiliter son âme disgracieuse auprès des dieux. Car c'est bien là tout ce qu'elle s'autorise à briguer : une mort honorable pour contenter les déités, une mort par laquelle ses péchés seront expiés. Une mort qui lui concèdera, peut-être enfin, un débris de sérénité.

- I - Bout d'ondine aux exigences draconiennes, Moira régit le commandement de la garde royale d'une poigne de fer, dilapidant beuglées et tannées comme le Roi son or, et ce à la moindre contrariété — et les Dieux savent la récurrence de ses promptes envolées. Entre autres prétextes à son ire : l'insubordination, la mollesse, et par dessus tout la couardise. Nonobstant, louve elle s'avère, auprès de cette meute de gaillards la surplombant de deux têtes ou trois, et si discrètes que soient ses marques d'affection pour chacun, on la sait portée au don de soi, disposée ainsi à épauler quiconque en ses rangs en manifesterait le besoin. - II - Octroyant plus d'estime au rempart qu'à la lame, c'est à l'art de manier l'égide que la Skjaldmö s'illustre avec le plus de dextérité ; maints furent les fanfarons qui, l'ayant désarmée, supposèrent les jeux joués. Un épisode cocasse est à l'origine de telle prédilection : à sept ans, désirant prouver sa valeur à Thor et Odin, elle alla défier un ours ayant, selon la rumeur, déchiqueté quelque bougre aux abords des murailles urbaines. Elle ne dut sa survie qu'à la chape d'un fût de bière, dont elle s'était équipée en guise de rondache, et derrière lequel en boule elle se pelotonna, jusqu'à ce que Nordhal en personne ne lui porte secours. Contre toute logique, ce sont davantage des foudres du Roi dont elle s'épouvanta, ce jour-là, plus que du funeste sort que sa précoce témérité manqua de peu lui coûter. - III - Tacticienne chevronnée, mais pas stratège, la Flamboyante sait s'arroger le succès d'une bataille grâce à l'expérience et la débrouille, mais manque de clairvoyance théorique, nécessaire à la conception d'un plan à long terme digne de ce nom. Femme de terrain, elle est en effet dotée d'une sagacité de l'instant, fondée sur l'instinct et l'intuition ; louables facultés se révélant contrariantes lacunes, mises en exergue tandis que l'horizon se tuméfie d'un conflit outrepassant son domaine d'expertise. Si toutefois la lignée en réchappe, devant les Dieux fait-elle serment, les failles à sa sapience elle colmatera. - IV - Ombre à ses pieds, se coule l'échine râblée d'un limier au fauve pelage, veiné de méchantes balafres. Friðr (« paix »), on le nomme, non sans malice, tant le titan semble, par ses stature et dégaine, imposer l'ordre et le calme à quiconque qui, en sa présence, se piquerait de la téméraire envie d'inaugurer les hostilités. Le cerbère, dit-on, est à la castration ce que Thor est à la foudre : brusque et fortuit. - V - Môme pétrie et façonnée par les pognes aguerries d'un frère ambitionnant pour elle autre fatum que l'honni carcan du foyer, elle s'est imprégnée des préceptes martiaux de la Svart, que lui inculqua Markvart, avec zèle et dilection. Aujourd'hui encore c'est non sans une certaine espièglerie qu'elle se plaît à le provoquer jusqu'à ce qu'il lui cède ce simple plaisir de s'adonner à ces passes d'armes qui naguère firent son éducation. De fait, bien que sa dextérité se soit à pléthores occurrences illustrée, c'est toujours auprès de son Maître que l'élève se plaît à s'abonnir.- VI - Si feu son père à l'hyménée brigua la contraindre, force fut de constater que les Dieux favorisèrent la revêche dulcinée. Les Dieux, ou Vitserk Leiknir ? La comparaison flatterait sans doute la crevure, mais le fait est que, oui, la veille de la cérémonie, le Trésorier du Roi rutila de gloire aux yeux de la princesse affranchie. En effet, celui-ci piégea le futur, à la faveur de l'une de ses proverbiales malversations. Et ainsi de gendre royal, le guignard trébucha au rang d'esclave du Malotru. - VII - Quinze ans plus tard, l'hostilité à tout dessein nuptial ne s'est guère atrophiée, et le concours de Markvart n'est point des moindres. De fait, le monarque respecte son serment, et non seulement n'a jusqu'ici imposé à sa sœur nulles épousailles, mais a éconduit de bons partis, et ce en dépit des alliances que tel contrat promettait lui assurer. Bien sûr, l'on se questionne à ce propos, et l'on ne manque pas jaser ; après tout les ragots sont, à l'instar de la notoriété, l'apanage des princiers. - VIII - Siglinde ; tel est le nom de sa plaie, de sa purulente béance, auparavant celui d'une rouquine aux quinquets cérulescents, portrait-craché d'une génitrice ahurie que telle perfection ait su soudre hors de son sein. Puis, la maladie s'en vînt, poudrant le teint d'or du poupon, qui succomba de ses fièvres à l'aube d'un jour maudit. Fureur et Chagrin s'en allèrent égorger le probe médecin, souillant d'abord mains, puis conscience de l'insane. Tel est son crime, son infamie, son secret aussi. Car c'est en effet d'un double-méfait, dont elle se rendit alors coupable, en camouflant les reliques de sa vésanie passagère. - IX - Née sous les véhéments auspices de Rán et Njörd, qui à son berceau conjuguèrent leurs voix les plus torrentielles, Moira confirme ainsi la mythique tutelle, prêtant aux Lund une filiation avec les parèdres. Si par ailleurs sa frénésie guerrière s'en remet à Odin et Thor, il est une déesse à laquelle Moira sacrifie, de façon plus timorée, mais non moins fervente. Il s'agit de Hlin, caudataire de Frigg, patronne des consolations et des deuils. - X - Hantise cyclique troublant ses sommeils depuis l'âge tendre, Nídhögg la visite en songe, surgissant d'entre les racines d'Yggdrasil. Aux primes manifestations, le titanesque campait ainsi l'humus noir, lorgnant d'en bas l'enfant en équilibre sur une branche. À mesure que le temps passe cependant, la guivre titanesque rabiote du terrain, tandis que la ramure ploie. Désormais, à ses chevilles, la gueule béante affleure, et l'acculée sait que tôt ou tard, à son grappin elle ne pourra plus se soustraire, et qu'à la morsure létale elle sera promise. - XI - Préconisation de loeknir, le chanvre estompe les désespoirs résultant, soulage les maux. Alors, elle boucane, la Flamboyante, elle s'étiole en céruléens arabesques et épargne à sa conscience de bien sombres — et lucides — méditations. À mesure que les entailles à l'âmes se ravinent, néanmoins, les vertus lénifiantes se mitigent ; point assez, cependant, pour tracasser celle chez qui, conséquemment, l'empire de la substance prend ses aises.- XII - À la faveur d'une sempiternelle rôde à travers castel, la puînée s'avisa des désertions furtives de l'héritier, et dès lors se prit à l'imiter. C'est ainsi que la fugueuse, frayant parmi la populace, s'aventura dans l'étrange univers de la Rouge, en escale à Solstheim. L'enfant, exalté par les fabliaux épiques que brossa ce soir-là Verdandi, cerna sans doute enfin ce que c'était que ce fameux « honneur », concept abstrait rabâché par le patriarche lorsqu'aux frasques infantiles, il s'acharnait à mettre terme. Cependant, loin d'intimer à la mutine quelque conduite honorable que ce fut, les épopées galvanisèrent surtout les hostiles fringales. - XIII - Goinfre aux façons d'ogre, elle s'empiffre sans courtoisie aucune sitôt tablée à portée. Les mets y sont ainsi pillés, saccagés, dévorés, souvent sous le regard ahuri des hères s'étant sans doute figuré davantage de distinction de la part d'une princesse ; que nenni, celle-ci fait preuve d'autant d'élégance à la graille qu'un Jötunn. - XIV - Mais ce sont les postures protocolaires en général, que la prosaïque abhorre, et les présumés grands hommes qui s'imaginent grimer leurs viles et mesquines espèces sous simagrées et homélies. Au mieux, tels précieuses manières suscitent sa patente désinvolture ; au pire, un ineffable dégoût exhortant ses hargnes à poindre de façon égrillarde et insolente. Aux codes et bienséances, de fait, elle se heurte, comme en rejet à l'éducation reçue de la caste dont elle est hoir. Ainsi déserte-t-elle d'ordinaire les scènes sur lesquelles les bouffons se plaisent à giguer, et n'assiste aux officielles solennités qu'à condition d'y être légitime (voire contrainte) ; beuveries et ripailles plébéiennes conquérant plus volontiers son suffrage. - XV - De telle précoce rogne à l'égard des préciosités de ce monde, le sort qu'elle réserva à la future Reine Emma, célébrant alors ses dix-neuf ans, en est l'un des plus éloquents témoignages. Superbe en ses atours d'or et nuées brodées, buste et menton halés avec grâce vers les azurés, elle ruisselait alors de cette fierté toute nobiliaire, la jouvencelle. Ah, quelle beauté ! ah, quelle élégance !, s'ébaudissait-on, au passage de l'astre radieux. Jusqu'à ce qu'un trublion à la rubigineuse tignasse ne s'en vienne lâcher en travers de piste un coq parfaitement remonté. Celui-ci, piaillant son indignation, prit en chasse la colombe, épouvantée par l'opiniâtre volatile, sous les regards sidérés des convives et de son promis. Pour sûr, sa belle-sœur, jusqu'à trépas, s'en souviendra.

nombre de points à répartir : 25 points. (donnés par le staff)

force : ☐☐
vitesse : ☐☐☐☐
agilité : ☐☐☐☐
résistance : ☐☐
discrétion : ☐☐☐☐☐
stratégie : ☐☐☐☐
combat corps à corps : ☐☐☐
combat armé : ☐
soin : ☐☐☐☐