QUELLE EST TA POSITION PAR RAPPORT À TON JARL ET TON ROI ? ≈ Le roi devrait être un emblème d'omnipotence, l'homme qui fait choir sa reine en pâmoison. Si, autrefois, celle-ci s'est laissée étourdir par son charme et ses valeurs, il n'est plus qu'un sot spectre de lui-même. Plus le temps s'écoule, plus ses affects, son admiration et sa piété à son égard se font moribonds. La pesanteur de la couronne s'avère inadéquate pour un Markvart plus frivole et dilapidateur que jamais, s'attirant ainsi toujours plus d'adoration du peuple, un cautère à ses tourments psychosés. Elle tente en vain de le raisonner, de limiter les dommages futurs de son inconséquence et de tenir les brides d'un royaume qu'elle n'est pas censée gouverner de son unique chef. A choisir, cependant, elle préfère la rudesse d'un règne ingrat et solitaire mais salvateur, à celui d'un binôme déprédateur.

 EN QUOI FAIS-TU HONNEUR AUX DIEUX EN ÉTANT VIKING ? AS-TU EU À FAIRE DES SACRIFICES EN LEUR NOM ? ≈ Pieuse sylphide, Emma a ses badauderies usuelles dans chacun des huit temples érigés en l'honneur des saintes figures que compte Solstheim. Dans l'intime creux de ses appartements a également été édifié un modeste autel, dont la flamme des cierges ne se meure jamais, une façon d'encenser, et d'attirer la bienfaisance jusqu'aux abords de sa couche. Elle ne peut décemment s'assoupir sans une patenôtre aux panthéons et est attentive à tous les hypothétiques signes envoyés depuis la haute frondaison de l'Arbre-Monde. Au fait que les hommes possèdent leur libre-arbitre, mais consciente que les dieux sont à même de faire déchoir un destin comme de l'exalter. La dame prend part à toutes les festivités ainsi qu'à la grande majorité des sacrifices – et s'il le faut, dans la présomption où son époux serait affairé à sa nonchalance, elle revêt les parures de maîtresse de cérémonie, sans crainte aucune de se souiller les mains d'hémoglobine.

 QUEL DESTIN PENSES-TU QUE LES DIEUX ONT CHOISI POUR TOI ? QUELLE EST TA PLUS GRANDE CRAINTE QUANT À TON AVENIR ? ≈ Un fatum architectural, mordoré, comme si Emma était la pièce souveraine d'un inestimable butin. Rayonner à en affubler ses sujets et antagonistes de cécité, qu'elle soit un émissaire et une éminence de sublimité, une effigie de la gloire viking dont les générations futures se souviendront. Sa genèse est synonyme de grandeur, elle en est intimement persuadée, elle est de ces personnages nés dans le dessein d'accomplir quelque chose en ce bas microcosme. Elle a l'espérance que les déités la soutiennent dans sa quête d'abondance et d'expansion, car son souhait le plus précieux n'est jamais que celui de porter sa communauté aux nues. Leur offrir une époque d'or. Et dans c'est l'échec de cette utopie que réside sa plus grande peur. Que l'éclat cesse et que la majesté s'estompe, que sa vie s'enténèbre, qu'il n'y ait plus que des teintes chagrines et ternes pour se lover. Elle craint l'oubli, le rejet du peuple, tout comme son mari, qu'elle soit destituée en une femme lambda sans nimbe d'aucune sorte. Un sacrifice, un cauchemar éveillé qu'elle serait prête à endurer à l'unique condition que cela serve au prestige de sa lignée, que la chair de sa chair ait cet avenir qu'elle n'aura pas eu.

Lund altière, pour autant, elle n'en omet pas son patronyme natal. Myhre. Famille rupine parmi les plus influentes de la capitale, des « faiseurs de reines », comme les surnomme le commun, des nymphes estampillées d'une vénusté notoire. Aux origines, un mythe dont la véracité s'est égarée avec le temps ; un aïeul, veuf,  s'étant armé de son hardiesse, parti voguer seul jusqu'au cœur des océans. Il y aurait invoqué Freya à travers une ode suave vouée à réconforter la déesse que les légendes racontent éplorée à chaque départ de son époux Odr, puisant dans sa propre affliction après la perte de feue sa femme. Emue par la joliesse des vers et l'initiative du quidam, elle lui serait apparue, inconsolable, des perles d'or gouttant de ses joues. Il aurait récupéré les fameuses larmes dans un récipient de bois, avant que celles-là ne touchent l'eau saumâtre pour se transformer en ambre, et aurait ainsi enfanté la richesse croissante des Myhre. Les versions diffèrent, certaines assurant l'intervention de Hnoss et Gersimi, d'autres, prônant que le bougre a simplement découvert un trésor sur son itinéraire. (I) Y a une réminiscence de son enfance qu'elle chérit tout particulièrement, un beau jour estival, durant lequel elle s'est éprise du pennage d'un freux voletant par là. Elle le talonna depuis le cœur de la cité, jusqu'aux premières marches du palais régalien où l'oiseau d'obsidienne s'était posé. Aux abords de la sibylline créature, elle aperçut une nitescence exaltée par les faisceaux de l'astre diurne. Courbée sur une petite nappe d'eau diaphane, elle aperçut et récupéra une pièce d'or à l'étrange sceau. Un croassement, et le corbac prit son essor, abandonnant une demoiselle qui ferait grand cas de cette rencontre une fois plus âgée. Elle en est convaincue, Hugin ou Munin s'en était venu la voir, et la guider vers cette bribe aurifère au pied d'une demeure qui serait sienne. L'augure de sa destinée. Cette pièce, elle la préserve dans un écrin lorsqu'elle ne la porte pas en médaillon à son cou de biche. (II) Le pater et les oncles ont jadis jugé conforme de lui enseigner les fondements martiaux, ou comment tenir et se tapir au revers d'une rondache, tout comme quelques habiles passes d'estoc qui ne lui ont jamais guère été utiles. Bien plus émérite à la rhétorique qu'à la rixe, elle laisse celles sculptées pour le baroud honorer les valeurs belliqueuses de leur peuple, et tout ce qui a attrait à la guerre, à l'acuité militaire de Markvart. (III) Nubile, elle a contemplé l'un de ses cousins éloignés succomber à la morsure sépulcrale d'un serpent. Un lent spectacle agonique qui a enfanté en elle une admiration insalubre, un intérêt sûr pour les toxines délétères qu'elle s'est mise à étudier, à développer à travers poudreuses et décoctions. Son art morbide a servi à la mort de quelques individus importuns dont on ne la soupçonne nullement d'être la faucheuse. Des connaissances dont elle use avec parcimonie, mais qui font trembler certaines échines. (IV) Eduquée dans le dessein et l'espérance de voir un jour la seconde infante des Myhre se pavaner au bras d'un fils de renom, c'est, la voie matrimoniale toute tracée, qu'elle s'est retrouvée offrande mirifique au futur souverain de Norvège. Persuadée, aux prémisses, qu'il ne serait jamais question que d'une union politique, elle fut la première pantoise de s'enticher de l'héritier Lund lorsqu'ils eurent l'opportunité de faire connaissance. Et les déités lui en soient témoins, l'amour qu'elle lui a porté à l'aurore de leur relation était probe et passionnel. (V) Plus que l'indicible grandeur, plus que la rutilance de tous les trésors, c'est sentir la vie fleurir en sa matrice, qui l'a emplie d'une plénitude comme son existence n'en avait jamais connue. Elle se remémore chaque grossesse tel un présent du firmament, chaque genèse au-delà de l'effort et de la douleur. Les primes hoquets des poupons, en particulier, ceux de Detelf, premier joyau de ses entrailles et légataire de la royauté norvégienne. Lionne bienfaitrice à la nimbe éducative et affective, la trinité née de sa carne est ce qu'elle chérit le plus dans le tout Yggdrasil. (VI) Par ailleurs, si elle a jadis cru de tout son soûl que le roi ferait un éminent pater, lui qui la berçait d'une tendresse maladive, les fêlures du désenchantement naquirent au gré de ses absences et de son indolence envers les êtres engendrés de leurs deux corps. Aujourd'hui encore, l'éréthisme maternelle de la souveraine l'empêche de comprendre cette apathie, et si elle s'est efforcée et s'éreinte toujours à combler la déficience parentale, le feu de cette rancoeur sera immortel. (VII) Face à la foule, face aux ouailles qui réclament unité, le couple régalien feint la prospérité de leur mariage. Des oeillades grimées, une chaste caresse sur les phalanges, des risettes travesties et la propension fallacieuse à farder les verbes pour ne pas faire ostentation de désaccords avec le roi. Maintenir les chimères, convaincre que les deux astres du trône s'adorent et se soutiennent comme des conjoints se doivent de le faire (VIII) Mais lorsque le drapé officiel se fait larder par l'intimité, lorsque les masques se fendillent et se désagrègent, les discordes et l'affliction agglomérées consument tout de cette perfection apparente. La putrescence de leur complicité mène leur binôme au naufrage, même la couche conjugale fait givre de leurs sorgues devenues ascétiques par la force de l'amertume. La reine refuse sa volupté à l'instar d'une déesse que l'apostat ne peut effleurer, préfère suffoquer des cendres encore fumantes de son éros plutôt que lui avouer que sa chaleur lui manque. (IX) Et pourtant. Markvart est chevronné à tisonner la possessivité exsangue de sa femme. Elle le sait, dans le secret des ombres, là où ni les pupilles ni les tympans ne se hasardent, il purge la frustration imposée dans les chairs accueillantes d'amantes d'un instant. Une écorchure purulente à son orgueil de grande dame, quand bien même n'essaie t-elle pas de le rappeler à sa propre lubricité. Elle coud ses paupières et prétend ne pas voir, s'est jurée que quelqu'un finirait par payer. Les catins, ou Lui. Quant à elle, nul autre quidam que celui auquel elle est unie n'a jamais goûté à l'ivresse de sa sensualité, effigie sacrée et impalpable. (X) Naïade cupide et intéressée, c'est par l'or et les bijoux que l'on séduit la reine. Enamourée des richesses avec lesquelles elle a grandi, elle ne peut envisager sa vie sans la luminescence d'un butin pour se miroiter dans ses prunelles. Elle exige qu'au moins un élément de grande valeur accompagne ses tenues, l'apparat est ce qui fait meilleur reflet du prestige d'un individu, ceci, ainsi que la teneur de ses coffres. La fortune n'est profitable que pour ceux qui savent la sauvegarder, l'un des sujets les plus ardents à aborder avec un monarque prodigue. (XI) Sa foi en la magie n'a d'égale que sa ferveur pour les dieux, et c'est d'un bel arroi de guérisseur et autres érudits mystiques dont elle s'est lestée au gré des années. Son essence tout entière frémit à l'hypothèse que les jours à venir puissent être fuligineux et porteurs de méchefs, aussi, tient-elle les völvas en respect. Ces dernières sont fichées de capacités autrement plus nocives que les midgardiens lambda, et l'une de ses plus grandes craintes réside en la possibilité que l'une d'entre elles puisse la vicier d'une anathème. (XII) Les animaux trouvent rarement grâce à ses mirettes d'apsara, l'une des raisons pour lesquelles elle ne s'émeut en rien lorsqu'elle se doit de leur trancher la gorge lors d'éventuels sacrifices. De toutes les créatures, il y en a pourtant une qui génère en son sein un état contemplatif. Le faucon, et son pennage impérial, la majesté de ses courbures, son phonème lorsqu'il glatit depuis la voûte céleste. Un symbole de Freyja qu'elle vénère et aime côtoyer. (XIII) Sa cadette est la source d'une anxiété viscérale, depuis qu'elle s'est mise à développer des comportements inusuels, de soudains vacillements d'humeur qui poignardent sa mère en plein palpitant. Elle en est certaine, un mal mangeotte sa fille, mal qu'elle s'esquinte à parer à l'aide de magie et procédés curatifs avant qu'il ne soit trop tard. Elle tente malgré tout de ne pas asphyxier une Guisèla déjà avide d'indépendance, et compense en surprotégeant sa benjamine. (XIV) Son père, bien que toujours de ce monde, n'est plus qu'un vieillard estropié et à demi aveugle dont elle prend soin et dont les excentricités délassent leurs homologues lors des frairies. Veuf et usé, il a depuis longtemps cédé le pouvoir de décision à son fils aîné et héritier, aujourd'hui défunt et dont Emma a sentimentalement adopté la fille, Lena. C'est de fait son second frère et quatrième louveteau de la fratrie qui a pris bon gré mal gré les brides de la famille, et sur lequel elle ne peut s'empêcher de garder un œil affûté. (XV)

 nombre de points à répartir : 22 points.

 force : ☐☐☐☐☐
 vitesse : ☐☐☐☐
 agilité : ☐☐☐
 résistance : ☐☐☐☐☐
 discrétion : ☐☐
 stratégie : ☐☐
 combat corps à corps : ☐☐☐☐☐
 combat armé : ☐☐☐☐☐
 manipulation : ☐