QUELLE EST TA POSITION PAR RAPPORT À TON CHEF DE KYN ET AU JARL ? ≈ Elle ne s’occupe guère de la politique et ne participe que rarement aux Things. Non point que cela ne l’intéresse pas, non, elle n’a pas le temps. Entre tenir la maison et élever les enfants, cela lui prend bien trop de temps. Surtout qu’ils n’ont pas d’esclaves. Pas encore du moins. Ceci dit, bien qu'elle ne connaisse pas le jarl personnellement, il est possible qu'elle lui ait peut-être acheté un ou deux poissons par le passé, elle espère qu’il mènera Ofeigatt à prospérer encore plus. Quant à Dame Silke, elle, son avis est bien tranché dessus. Une personne qu'elle porte en haute estime. Une dame raffinée qui s’occupe fort bien du kyn depuis la mort de son époux. Elle est, aux yeux clairs de la blonde, la personne la plus respectable de tout Ofeigatt.

EN QUOI FAIS-TU HONNEUR AUX DIEUX EN ÉTANT VIKING ? AS-TU EU À FAIRE DES SACRIFICES EN LEUR NOM ? ≈ Faire naître deux enfants est à ses yeux le plus beau des honneurs fait aux Dieux. A tous les Dieux. Ensuite, comme tout bon viking digne de ce nom, elle assiste aux sacrifices fait au sein du kyn et d’Ofeigatt. Peut-être s’offrira-t-elle elle-même en sacrifice lorsqu’elle ne sera plus qu’une fleur fanée.

QUELS MURMURES SE TISSENT SUR TON PASSAGE ? ≈ Il est possible que l’on dise que ses enfants sont le résultat d’adultère, il n’en est bien évidemment rien. Peut-être que d’autre rumeurs à son sujet se murmures dans les rues iodées d’Isenseg, elle n’en a aucune idée et en toute honnêteté, elle s’en fiche.

QUEL DESTIN PENSES-TU QUE LES DIEUX ONT CHOISI POUR TOI ? QUELLE EST TA PLUS GRANDE CRAINTE QUANT À TON AVENIR ? ≈ Aujourd’hui, sa plus grande crainte est de perdre mari et enfants. Mari en raid, enfants à cause de l’hiver. Alors oui, ils ont de quoi se chauffer et être à l’abri de la neige, mais une maladie arrive si vite. Et ayant déjà perdue sa première famille, elle ne supporterait certainement pas de perdre le fruit de sa chaire.

CE QUE TA NORNE POURRAIT TE RÉSERVER, OU LES DIEUX DÉCIDER ≈ En ces temps froids, les Dieux pourraient faire d’elle une victime du froid ou de la fièvre.
Elle pourrait tout aussi bien mourir en couche lorsqu’elle devra donner naissance à un troisième petit.
Il se pourrait aussi que les Dieux lui fassent croiser le chemin d’un fantôme du passé que serait son frère. Seuls eux savent s’il est mort lors de ce triste jour.

Fille de paysans, le destin de Iðunn était, de par son ascendance, lié au travail de la terre comme ses parents. Durant des années elle n’eut que cela en tête, le travail des champs, les plantations de ses parents, dans sa petite enfance d'ailleurs, elle aidait, à sa manière, en touillant la terre, plantant quelques graines. Elle passait beaucoup de temps avec ses parents, et jouait énormément avec son grand frère. Seulement voilà, en grandissant des changements ont eu lieu, les raids lui ont volés ses parents, assassinés sauvagement par les guerriers. Les enfants étaient jeunes mais n'ont pas été épargnés. Si Iðunn fût laissée pour morte, son frère, lui, ne fût jamais retrouvé.

Les yeux grands ouverts, inerte sur le sol, l'enfant de neuf ans qu'est ðunn, ne s'attend plus à être sauvée. L'odeur de brûler envahit ses narines, alors que des oiseaux volent au-dessus de ce qui fût autrefois le champ de ses parents. Sans doute viennent-ils se nourrir, pense-t-elle. Une larme coule sur son visage, elle cligne des yeux, puis entend les hennissements des chevaux et des voix qui se rapprochent. Les guerriers reviennent pour s'assurer que tout le monde est mort. Pas une seule seconde elle pense que les défenseurs de l’île viennent lui venir en aide ou pour évaluer les dégâts. L'enfant est traumatisé et est tétanisé par la peur. Le ciel sous ses yeux s'assombrit et finit par laisser entrevoir les traits d'un visage féminin. L'enfant cligne des yeux et essaie de demander de l'aide mais aucun son ne sort de sa bouche. Elle pleure en silence, tandis qu'on la porte et qu'on l'installe dans une charrette à côté des corps sans vie de sa mère. On panse rapidement ses plaies et tout bouge, le sol, le paysage, faible elle se laisse emporter dans la noirceur de ses cauchemars.

Trois ans se sont écoulés depuis le massacre, trois ans qu’Iðunn vit avec elle et son époux, celle qui l'a récupérée sur les cendres de la maison de ses parents. Elle qui, avec son époux guerrier l’ont emmenée loin de son île natale. Elle, qu'elle ne remerciera jamais assez de ne pas l'avoir laissé servir de nourriture aux animaux sauvages, de prendre soin d'elle depuis ce jour tragique. Iðunn à douze ans à présent mais ignore toujours les raisons exactes qui ont poussés ses pilleurs à massacrer sa famille. Cependant, ses sauveurs lui ont appris à rester forte devant les difficultés de la vie. Lui, commence même à l’entraîner à se défendre. Pas à se battre, à se défendre pour que le malheur qu’elle a vécu enfant ne se reproduise jamais.

Des années sont passées, de nombreuses, et avec le temps, ses souvenirs se sont enfermés dans un coin de son âme. Elle ne veut plus repenser à tout cela, tous ces malheurs, même si la large cicatrice qui orne son ventre et son flan le lui rappellera toujours. A dix-sept ans, elle est forte. Elle n'est encore qu'une jeune femme mais elle est forte d’esprit. Elle sait se défendre, et serait capable d’émasculer quiconque tenterais de nouveau de la toucher sans son autorisation. Seulement un jour, tout cela tombe en miette. Ses souvenirs refont surfaces et la jeune femme qu'elle est sombre dans la mélancolie, puis douloureusement et difficilement, elle réussit à faire face à son passé et à redevenir la femme qu'elle sera dans quelques années.

Iðunn est à présent une adulte et si la bonté de son âme lui a fait choisir une autre voix que celle de la haine. Elle ne fait que pardonner, même ceux qui ont décimé ce qui lui restait comme famille. Souvent elle pleure sa famille mais sèche ses larmes aussi vite qu’elles ne coulent. Aujourd’hui maman de deux sauvageons, elle s’attelle à leur donner une éducation digne de celle qu’elle a reçue. Et si elle vit désormais à Isenseg avec son époux, elle n’en oublie pas de rendre visite au couple qui l’a secouru dix ans plus tôt. Eux vivent en dehors de la ville, non loin.

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